Le grand méchant porn a encore frappé
Le monde aime bien mener la vie dure au porn. Tous les deux matins, il y a quelqu’un pour venir crier sur tous les toits à quel point le porn est mauvais, qu’il est moche et qu’il déteint sur nous. Le gagnant de cette battue hebdomadaire se tient quelque part dans les colonnes virtuelles du Medical Daily. Dans son petit article d’opinion, la jeune journaliste Samantha Olson rassemble les dernières études sur la sexualité pour nous pondre un joli pamphlet à l’encontre du grand méchant porn.
Hommes et femmes auraient apparemment des manières différentes de concevoir le désir. Soit. Ainsi, lorsqu’ils ne sont pas satisfaits par les opportunités sexuelles que leur offre la vie, ils se plongent dans les vidéos pornos et les romans érotiques pour satisfaire leurs envies refoulées. L’article précisera un peu plus loin selon quel sexe se répartissent ces deux produits culturels.
Messieurs seraient donc stimulés visuellement par le porn et ce dernier affecterait durablement la sexualité humaine parce qu’il ne représente pas la réalité. De plus, mater du porn aurait pour issue l’addiction (à cause de la dopamine délivrée), avec des conséquences forcément terribles, qui n’ont rien à envier aux drogues dures. Pertes de contrôle, sensation de manque, jusqu’à l’éjaculation précoce ainsi que l’augmentation de vos chances de tromper votre compagne et donc irrémédiablement briser votre couple, voire votre vie. Mais bien sûr, vous pouvez toujours inverser le processus en arrêtant le porn (ouf !).
Du côté des femmes, il s’agit plutôt d’un développement surréaliste des attentes suite à des lectures érotiques, au même titre que le porn pour ces messieurs. Bien sûr, l’article résume le genre à Fifty Shades of Grey. Subtil, on a dit. Dans la logique de l’auteure, les méfaits de la trilogie de E. L. James et donc du porn s’étendent jusqu’aux adolescent-e-s qui ont eu accès aux films et livres. Ces derniers auraient ainsi plus de chance d’avoir un comportement sexuel à risque, sans jamais définir précisément quels peuvent être ces risques.
Et pous conclure brillamment, l’article nous propose comme solution de se détacher une bonne fois pour toute des représentations de la sexualité pour revenir à une normalité sexuelle. Et ouais, histoire de terminer en beauté avec une belle aberration de langage.
On a du mal à déterminer quelle est la plus folle théorie dans ce gloubi boulga d’études mises bout à bout. Entre séparer le désir féminin et masculin de manière aussi tranchée, mettre dans le même panier porn et littérature érotique ou définir l’envie causée par le porn comme la face sombre de sexualité, on pédale quand même dans une bonne choucroute épaisse. On le vivrait beaucoup mieux si tout ça était publié par un site parodique local. Malheureusement ce sont des scientifiques du dimanche qui alignent les mauvais clichés du porn comme les poivrots de bar les poncifs paralogiques.
Les mecs n’ont pas bougé depuis les frayeurs antiques, où le spectacle prenait un risque d’entraînement sur le réel. Or les pulsions érotiques ne sont pas vraiment sur le point de détruire le monde et mater du porn ne fait pas de vous un junkie fini qui ne pense qu’à faire exploser sa frustration refoulée, telle une bombe éjaculatoire. Ça ne serait pas plus mal d’arrêter de prendre tous les fappos du monde pour des abrutis dénués de recul, ils pourraient commencer à se vexer.
Aucun commentaire. Laisser un commentaire