Le Saint des seins : Russ Meyer sur Paris Première
Lundi 18 mai sera diffusé à 22h45 sur Paris Première Le Saint des Seins un documentaire consacré à Russ Meyer. Un programme indispensable, concoté par le duo Jac et Johan, à qui l’on doit déjà plusieurs docus pop, tel le bien-nommé Steven Seagal : la revanche du catogan ou French Comics : les super-héros dans l’hexagone.
Visionnage primordial, car ce n’est pas tous les jours qu’on peut profiter à la télévision française de la présence du maestro des nudies. L’œil pétillant, la moustache frétillante, le californien nous parle à travers ses films des corps brûlants sur l’asphalte, en opposition aux culs glacés de Penthouse. Il faut goûter, au moins une fois, à ce bout de gras d’Amérique grotesque. Si de John Waters (à qui Meyer doit le surnom d’Eisenstein du sexe) à Tarantino on ne compte plus le nombre de disciples de cette légende du bis, parcourir cette vie pleine d’images permet de (re)découvrir une époque où l’on se touchait dans les drive-in face aux dévoilements sexy de Pam Grier, avant que Larry Flynt fasse éclater le scandale. Les pin-up étaient reines en ce temple beatnik. Tout un pan de la contre-culture, entre dérision cartoon et fascination critique (le célèbre Roger Ebert a écrit pour le monsieur) s’y illustre à merveille. L’âme du grindhouse.
S’emboîtent avec joyeuseté à travers ces bandes cultes de la sexploitation les arts martiaux, le rape and revenge et les films de gang. Cet ex-photographe de chez Playboy partage avec Fellini l’amour des poitrines opulentes et généreusement offertes, coulantes comme ce ketchup noyant des burgers mastocs à l’intérieur d’un fast-food poisseux. L’humanité américaine y est une fresque baroque d’autoroute, de phallus, de baise voyeuriste et de fantasmes épicés. Russ Meyer connut ses premiers émois à Modesto, en Californie… Comme George Lucas. Mais la guerre des étoiles de Meyer a une autre gueule : les missiles sont des tétons atomiques, l’Étoile Noire est le mâle primaire et la galaxie est parcourue d’alléchantes Princesse Leia dévêtues et hargneuses. Face à ce lexique dévastateur, la petite mort porte bien son nom… D’autant plus que Meyer a commencé à filmer en plein champ de bataille, pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Russ Meyer est le Botero du cinéma d’exploitation. Le XXX doit être XXL. La chair abondante remplit l’écran, déborde, le transperce comme un dard turgescent. Les cadres sont gavés de ces protubérances charnelles, tellement plus belles que les collines d’Hollywood. Une grande bouffe sexuelle où tout est plus généreux, plus grand, plus gros, suivant la logique primitive du cinéma forain où violence et érotisme ne font qu’un. Un mariage tout entier résumé par ces onomatopées barbares constituant le titre de son chef d’oeuvre, Faster Pussycat ! Kill ! Kill !. Le sexe est une arme, la jouissance n’a pas de limites. Le bain de mauvais goût auquel nous convie Meyer sent la sueur, l’huile de friture et le foutre. Entre obus et belles carrosseries, entre rednecks et fantaisies pantagruéliques.
On s’excite comme un gus chevauchant sa bécane devant ces généreux atouts féminins, mais il n’empêche que si les jambes des Vixens sont comme des compas qui arpentent le globe terrestre, c’est pour que leurs pointes puissent mieux se planter dans le bide de l’homo erectus baveur. Les femmes fiévreuses composent ces rêves mouillés. Cinoche féministe ? Machiste ? Désir de possession ou hantise de la castration ? Toujours est-il que Russ est aux seins ce que Tinto Brass est aux fesses. Un poète inégalable. À l’intérieur de notre paysage mental, les étendues de pommes croquantes de Meyer sont illuminées par l’énorme lune brassienne, sous laquelle viennent crier les loups assoifés de stupre, façon Tex Avery.
Le Saint des Seins nous invite à contempler ce panorama. Avec force satires et satyres…
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