Expédition en cam inconnue avec Eva Clement
Un soir de février, le rédac’ chef m’avait appelé, fébrile, il venait d’expérimenter les cam privées. Son enthousiasme faisait plaisir à entendre et j’imaginais sa touffe bouclée soumise aux tressautements de son excitation. « Mec, il faut que tu testes ! ». La dernière fois que je l’avais connu aussi fiévreux, c’était après sa découverte de l’Oculus Rift, où nous avions cru le perdre définitivement dans les profondeurs du mainframe.
N’ayant pas la même appétence que Gonzo en matière de plaisirs virtuels, je mettais de côté sa proposition indécente mais l’idée a fait son chemin. Un petit coup d’œil, en tout bien tout honneur, à l’interface de Francolive et j’étais presque converti à l’idée de tester à mon tour le redlight district de l’internet exhibo-voyeur. Tant de cameuses, de spécificités, de goûts et de couleurs. Je me sentais tel John Difool dans L’Incal, une bouteille de SPV à la main, sélectionnant ses tags favoris dans le but de trouver la créature la plus adaptée à ses envies du moment.
Heureusement l’offre de Gonzo valait toujours, il me proposa même une pré-liste adaptée à mes goûts, avec des annotations expertes et orientées pornstar. Il est vrai qu’il y a pas mal de célébrités chez Francolive, malheureusement la grande majorité d’entre elles n’était pas connectée lorsque l’envie me prit d’explorer à mon tour cet univers inconnu. J’aurais pu me caler sur leurs emplois du temps mais je décidais de me lancer sans filet avec les conseils de Gonzo et son article initiatique comme guide-âne.
Pour le lol, j’utilise l’outil de recherche et sélectionne des tags improbables : #asiatique #bonnetD #blonde, les combinaisons sont infinies, reste à voir si le grand ordinateur exauce mes rêves frippons. Une certaine katzume apparaît dans les résultats. Elle répond à mes critères insolites. Son engrish est violent, cela étant je n’ai pas trop de mal à saisir l’essentiel de sa conversation, elle me propose un show privé mais sa caméra lague à fond, j’ai l’impression d’être sur un proto chatroulette ouzbek. Malgré ses regards aguicheurs et sa plastique extra-terrestre, je la laisse dans sa petite chambre philippine (j’ai compris qu’elle créchait là-bas) et part vers d’autres horizons plus classiques.
Dominante01 se présente dans les recommandations, show lesbien un peu bruyant sur fond de « Blurred Lines », les deux latinas en action peuvent faire espérer beaucoup de choses, mais je ne me vois pas leur demander de baisser le son. Je passe à autre chose. Une certaine delishbabe a la délicatesse de m’expliquer un peu comment le site fonctionne, aussi généreuse dans ses courbes que dans le fait de dispenser ses conseils, je la remercie par un tip sans pour autant creuser plus loin. Les cameuses défilent, suis-je difficile ? Non, pas vraiment, je suis plutôt comme un gosse dans un magasin de jouets, ou comme un stoner chez Barney’s, l’embarras du choix, problème de riche.
Au détour de mes errances, j’entends un morceau de Judas Priest, je reviens tout juste du Hellfest donc ça fait tilt. CumFace, c’est son doux pseudo, est en face de moi, tatouages sataniques, poster de Maiden dans sa chambre et une petite gueule de metalleuse canadienne qui justifie son alias sans problème. S’en suit une discussion très sympathique avec Alice (son vrai prénom, enfin celui qu’elle veut bien me donner), on parle beaucoup de musique, évidemment, son groupe préféré est Kreator. On parle un peu de cul aussi, je joue les naïfs et lui demande ce que je peux attendre d’un show avec elle, sa réponse : « Pour citer Chuck Schuldiner : expect the unexpected ! » La citation est belle, la promesse également mais c’est le moment que choisit Eva Clement, une des actrices-cameuses mises en avant par le site pour se connecter.
Je quitte le Canada pour la France. Je pense tenter l’option voyeur, assez impersonnelle pour me permettre de ne pas me sentir trop coupable de dilapider des jetons au nom du fap. Je tape sur le mauvais bouton et voilà ma demande de show privé acceptée immédiatement par Eva, je suis pris au dépourvu. Elle rayonne et m’invite à lui faire part de mes désirs. Je bafouille, je commence à transpirer, « euh, mais, c’est que… ». Le puceau qui vit (et vivra) toujours en moi est complètement paniqué. Je faisais le malin jusque-là à passer de cam en cam, en jouant les esthètes mais là, je suis pris au piège.
Il faut dire qu’Eva était tout en haut de la liste de recommandation fournie par Gonzo, je ne pensais pas avoir l’occasion de côtoyer son top pick, et pourtant la voilà face à moi, je me dois d’être réactif, je prends sur moi et lui fais part de tout le bien qu’on m’a dit d’elle. Elle sourit poliment et me dit « je te préviens, pas de vaginal aujourd’hui, seulement anal ». Je suis magnanime, cela ne me dérange pas, a priori – l’inverse eût été une autre histoire. Ni une, ni deux, Eva prend en main un gros joujou et après une rapide préparation se le met jusqu’à la garde. Ça va vite, c’est bestial et Eva ambidextre, me demande d’allumer ma cam « moi aussi ça m’excite de mater ».
À la lecture de l’article de Gonzo, je pensais m’en tenir à la confortable position de voyeur, mais là j’ai une sublime pornstar en devenir qui me réclame… Que faire ?! J’ai beau être dans mon appart cloisonné, à l’abri des regards, je mate discrètement de droite et à gauche, comme si je risquais de me faire surprendre. Webcam orientée à la va-vite vers la pièce-maîtresse, je lui épargne mon visage tordu par le vice. J’ai l’air « en forme » d’après Eva, pas vraiment en fait, je suis complètement déstabilisé mais je tiens bon. La sauvagerie continue, ass-to-mouth, position extravagante, va-et-vient du gode, prolongement idéalisé de mon vit, Eva garde le sourire, je vais pas tarder à craquer. Jaillissement cosmique que ne saurait renier Peter North. On se dit au revoir par claviers interposés. J’ai le sentiment du devoir accompli, sans trop vaciller j’ai mené mon expédition à son terme. C’est gagné.
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