Le Porn Star Karaoke, rires et chansons
Qu’on se le dise, l’Autre Hollywood a lui aussi sa “place to be”, son Spago Beverly Hills, cet endroit communautaire où se rejoignent producteurs, acteurs et metteurs en scène pour assurer le business autour d’une bière. Il s’agit du Sardo’s Grill & Lounge, petit bar à la cool de Burbank qui depuis 2003 propose chaque samedi soir le “Porn Star Karaoké” (ou PSK). Les boissons sont à un prix raisonnable et on y sert des pasta à l’ancienne ou de savoureuses pizzas agrémentées de pepperoni. Il ne serait pas étonnant qu’April O’Neil s’y rende, accompagnée de ses Tortues Ninjas. Une seule règle : pas de nudité, pas de sexe. Du reste, si vous avez toujours voulu assister aux élucubrations éthyliques de votre idole rencontrée sur Pornhub, prenez le premier avion et vous ne le regretterez pas.
Le temps d’une soirée, le Sardo’s n’est plus seulement l’endroit des pros où les contrats sont signés et les grands noms de demain évoqués, ce lieu culte de Los Angeles où se rend régulièrement Sonny Malone (la monteuse awardisée de The Masseuse, entre autres). Le samedi, le Sardo’s devient le Cheers du porno, sans Woody Harrelson hélas mais avec une bonne dose de bonhomie et du Turkey Burger de qualité. Comme le précise le website, le but n’est pas tant de démontrer que chaque pornstar est une popstar en puissance, mais de s’éclater sur la scène comme on s’enverrait en l’air : “adult industry members get drunk and entertain each other in any way that the law will permit – all loosely disguised as karaoke”.
Une bonne occasion pour se marrer en proposant à ces têtes d’affiches du X d’interpréter non sans arrière-pensée les hits les plus évocateurs, à l’image d’une Magdalene St. Michaels qui chantonnerrait “Mama” des Spice Girls. Tessa Lane va plus loin. Selon elle, la chanson est une autre façon de se mettre à nu, une performance préoccupante, un exercice bien plus sensible encore que la pornographie en vérité : “For us, it’s kind of the other way around. We’re very open with our sexuality and we love sex, so we’re ready to share it. But singing’s very intimate. I feel like people are very judgmental about it—more than with sex.”. Chanter, c’est un peu se dévoiler, s’offrir au public, retrouver cette pudeur qu’on pensait avoir oublié.
Comme l’a récemment déclaré le gérant Seymour Satin au Los Angeles Times, participer au PSK c’est également rendre compte de l’autre facette du milieu, la dimension collégiale et attachante que l’on masque régulièrement sous des oripeaux crades. « I’m just amazed at some of the good-hearted people. It’s a good community, but people don’t see that side of it. » déclare Satin, à qui l’on doit l’expansion du resto en karaoké. On dira ce qu’on voudra mais ça doit avoir une autre gueule que les expérimentations musicales de Dj Sasha Grey.
Détail amusant : la veille, l’établissement met à l’affiche le Family Friday, l’événement familial de la semaine comme son nom l’indique – du genre sortie chez Quick – durant lequel papa et fiston poussent la chansonnette. Vivement que les deux soirées fusionnent en une seule – où qu’il y ait quiproquo – pour que le petit Jimmy ait la chance de rencontrer l’illustre Nicki Hunter et savourer sa voix de soprano. Car comme l’affirme un reporter de GQ, qui nous apprend que Mickey Rourke et Seth McFarlane connaissent bien cette réunion amicale, “Hunter has a lovely voice. It’s sweet—like that of a Disney princess, or someone who plays a Disney princess every other hour until the park closes.”. J’imagine bien une conversation entre en un ersatz de Macaulay Culkin (le Culkin d’avant, celui qui préférait le candy à la coke) et l’auguste Ron Jeremy, rencontre donnant lieu à un dialogue proche des tirades cultes du pilote pédo de Y’a t-il un pilote dans l’avion. Ron ne se prive d’ailleurs pas de compliments sur ce principe de Porn Star Karaoké.
Certains verront en cette équation éloquente qu’est “grill + pornstars” une énième déviation du tag #foodporn et on ne pourrait guère les contredire. Je veux voir Kimberly Kane chanter I Will Survive tout en dégustant une quatre fromages recouverte de parmesan. En attendant, je compte les jours quant à l’ouverture d’un fantasmé bar-café où nos idoles de performers viendraient se la jouer stand-up comedians, moins saturday karaoké que Saturday Night Live, racontant leur life en autant de vannes-choc et de traits d’esprit grivois. Certes, Alexa Aimes, Alia Janine ou encore Bree Olson se sont déjà essayé à l’exercice, mais je veux un Funny People porno. Vous imaginez Asa Akira égaler Tina Fey le temps d’un soir, Anthony Verusso rendre hommage malgré lui à Jerry Seinfeld ? Moi oui. Un jour, peut être.
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