Le nouveau visage pop-porn de Miley Cyrus
Sa collaboration en 2014 avec The Flaming Lips était, plus qu’un énième coup d’éclat gentiment scandaleux, une sorte de note d’intention : il faut chambouler le présent en malaxant le passé. Ce passé, c’est celui d’une culture musicale que Miley Cyrus pénètre depuis quelques années déjà pour le pire et pour le meilleur. Plutôt que de faire rêver l’industrie à force de twerking, l’artiste s’est plu à remixer en compagnie du fameux groupe quelques hits des Beatles, dévoilant un nouveau visage en assumant pleinement la force pop de sa voix.
Réécrire l’Histoire, c’est aussi réécrire sa propre histoire, et c’est dans cette continuation que déboulent les 23 titres orgiaques du dernier projet musical de la chanteuse, Miley and the Dead Petz, toujours en compagnie de Wayne Coyne. Une ribambelle d’hymnes électrisants explicitement porn (Fucking Fucked Up et Bang Me Box se placent là), alignant les sous-entendus grivois comme un tube rempli de tags. Au sein de cet univers psychédélique subsiste le clip très éloquent de Dooo it!, qui, désolé pour les fans, n’est en rien un détournement des prouesses rhétoriques de Shia LeBoeuf (autre icone « pop-porn » s’il en est), mais plutôt une saillie trash bien pensée. Et pas si vide que ça, loin de là.
Si l’an passé Miley était branchée trip sous LSD, l’hystérie qui envahit ce petit moment de cul-te fétichiste penche plutôt vers l’egotrip nourri à la coke, planant comme les space boots bien nommées d’un de ses autres récents morceaux. Sans trop se pignoler le ciboulot, il est évident que la demoiselle manipule son image comme elle le ferait d’un sextoy. Multicolore, elle met en scène à force de extreme close-up ce qui, juste après son prodigieux boule, lui confère ses oripeaux de fantasme moderne : sa bouche, et cette fameuse langue, cette tongue tied perverse. Une langue gourmande, vulgaire (i don’t give a fuck), dont les mouvements seront ralentis par l’érotisme déviant de l’instant ou, à l’inverse…passés en accéléré comme s’il fallait en finir une bonne fois pour toutes avec ces images de sale gosse coquine !
Nous y voilà. Entre le sperme juteux et le lait frais, la weed et le caramel, il y a deux Miley là-dedans. La première est celle d’aujourd’hui, volontiers vénéneuse comme une veuve noire, s’amusant du potentiel régressif de la multiplicité de symboles sexuels qu’elle cristallise par sa seule face liquide de bitch. La seconde Miley, celle qui se trouve de l’autre côté du miroir d’Alice, c’est, inévitablement, cette gamine sortie de Neverland…pardon, de Disneyland. Les paillettes recouvrent son visage de mini-miss America juvénile et le flot de pilules qui coule abondamment le long de son front évoque directement les bonbecs que s’envoient les gamins durant les anniversaires. Face à ces deux temporalités qui copulent, il n’y a donc rien de hasardeux à ce que le morceau soit rythmé comme un spleen – auquel répond la tristesse de Karen Don’t Be Sad– et que la voix de la chanteuse prenne la forme métaphorique…d’un écho ! Entre les deux Miley il y a donc comme une passion schizophrène, loin de la maturité mais très près d’une gravité délibérément onirique.
Miley c’est un peu une Peter Pan version femme fatale de la génération booty, qui se servirait de son corps comme une ado bimbo se délectant du moindre écart de conduite, c’est à dire comme une arme, le brandissant sur le service trois-pièces des adultes concernés qui s’offusquent à chacun de ses gestes incorrects. Là est son statut polémique : suivant le degré de perception, on concevra le rôle (affligeant, dira-t-on alors) qu’elle joue avec énervement, oui bien avec délectation, en partageant pleinement sa jouissance de « performeuse », sublimant ici le délire oral par ses outrances organiques. A travers ces espèces d’introspections tordues qui constituent ce nouvel album, on est définitivement loin du Rn’B mainstream et insouciant de We Can’t Stop, du reposant Adore You et de la blancheur virginale de Wrecking Ball. L’heure est plus à la ballade mélancolique parsemée de crises identitaires et de mots salés, signifiée par ce clip au goût à la fois sucré et amer, entre glucose et foutre.
Bon virage pornophonyque, même si, encore une fois, haters gonna hate.
la vidéo a du gros potentiel de FAP mais une fois pour toute qu’elle fasse un vrai boulard une fois pour toute au lieux de tourner autour du pot avec sa « pseudo recherche d’identité crise d’ad#o attardé rebelle «