Call me Marta : Dans la peau d’une pornstar

Marta est une actrice espagnole de 23 ans. Elle a été suivie durant plusieurs mois par la photographe Katia Repina – projet qui s’étalera finalement sur deux ans – aboutissement d’une véritable amitié entre les deux femmes. La série Llamame Marta, ou Call me Marta, nous raconte l’histoire d’une actrice modeste voguant dans l’industrie pornographique, manière sublimatoire de capturer ce métier encore polémique en autant de clichés noir et blanc aux assonances roses. Entre réalisme et faux-semblants, une touchante mosaïque de bouts de vie parcellaires incrustés sur pellicule qui témoignent d’un quotidien jamais totalement magnifié, jamais totalement dramatisé non plus, équilibrage constant des émotions et des sentiments.

Une mise en images un brin mélancolique de cette vie normale, pas plus différente qu’une autre, qui prend forme(s) entre le doggystyle, le pussylicking et le blowjob.

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Being a porn actress

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Comme le précise Repina sur son site, de nombreuses jeunes femmes intègrent le métier pour faire face à une situation économique sensible ou gardent en tête une vision iconique de ce business qui renvoie immédiatement à la culture américaine, de sa politique de starification aux soubresauts de l’american dream. L’intégration brutale au business peut alors prendre des proportions traumatiques. Le but premier de la photographe était d’ailleurs d’étudier le rapport entre le porno et la violence faite aux femmes, et par là même de pointer du doigt l’étendue de l’agressivité misogyne. Mais sa rencontre avec l’actrice lui a fait découvrir le « visage humain » du milieu, son naturalisme et sa banalité objective, à travers la notion de choix qui lui est étroitement liée : « As an actress, I give my limits. I’ll say ‘I do this, this and this. If you do not like it, I’m out.affirme celle qui n’a rien d’une vedette pailletée. Elle a beau s’envoyer en l’air, Marta a définitivement les jambes sur terre.

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Aucune trace de misérabilisme dans ce témoignage, car sa vocation est née du regard des hommes. Suite à une opération chirurgicale, la demoiselle a constaté l’effet que faisait ses seins – grossis – sur la population masculine. Librement elle a opté pour le porno, qui lui semble être une alternative correspondant à sa personnalité : pas de tabous et une certaine fierté à assumer son corps, une mise en avant de sa beauté de femme, un façon de revendiquer ce qu’elle est avant tout. Payer le loyer, oui, mais en restant honnête avec soi-même.

Focus et reflets

Prenant le contrepied de l’explicite, les clichés savamment composés de Repina sont des off. Instant maquillage, légère introspection avant le tournage, regards dans le miroir après la performance, douche froide et café chaud versé dans une tasse, promenade méditative avec toutou, intense séance de gymnastique et dodo bienfaiteur sur un matelas moelleux. Le calme avant – ou après – la tempête organique.

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Car nous serons aussi plongés dans le feu de l’action, près des corps qui suent et des visages qui se déforment sous l’effet de la confrontation des membres. Entre le spectaculaire (un avant-goût de l’architecture métallique surplombant l’actrice sur le plateau) et l’intime (une paire de fesses musclées en gros plan), demeure la sensualité d’une poitrine opulente généreusement offerte ou d’un bras tatoué empoignant Marta, de quoi régaler l’oeil du pornophile.

Rien de trop idyllique encore une fois, car comme le déclare l’actrice, « Some people think: ‘She’s an actress, she fucks and gets real pleasure.’ No, I’m working« . C’est ce que démontre d’ailleurs ce focus surprenant sur sa face douloureuse durant l’acte, de quoi limiter les fantasmes et les idées reçues. Au croisement des heures, parfois, le métier et la vie privée s’associent, comme lorsque l’ex petit ami de Marta lui rase les poils pubiens, pour la séquence à venir… Le but de ce portfolio est alors de nous dévoiler la sensibilité qui existe sous le trivial.

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Au gré des instantanés, la journée de Marta se déplie comme l’affirmation d’une identité. Le titre le scande assez fort : je m’appelle Marta ! La photographe va alors insister sur l’omniprésence des vitres et des miroirs, forme d’exploration métaphorique de ce qu’est cette femme. Le miroir ne cesse de déterminer le cadre, comme s’il fallait pour être pornstar passer de l’autre côté, telle Alice. Comme si le métier n’était qu’un reflet déformant du quotidien, l’entrée dans une galerie de fête foraine. La dimension documentaire du cliché laisse alors la place à une signifiance plus poétique, sorte de portrait de femme où se conjuguent les reflets disparates…les deux Marta y dialoguent, d’une photo à l’autre, entre nudité de sept heures du mat’ et tenue d’Eve en pleine prestation scénique.

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Mais la glace c’est aussi celle où se contemple la pornstar, le miroitement d’un culte de la perfection plastique sans lequel le porn ne serait plus tout à fait le porn. Et on ne peut qu’y voir ce dont on parlait plus haut, l’illusion du plaisir, le symbole de l’artefact, lié à la simulation régulière de l’orgasme. A travers ces prismes, on s’y regarde, ou, petits voyeuristes que nous sommes, nous la regardons, de loin, vivre sa vie : réveil et passage par la salle de bain, instant détente dans un café, séquence amoureuse contre une porte vitrée, image érotique d’un corps courbé démultiplié par la présence des glaces… La pornstar a mille et un visages mais rien d’un mythe : son chien peut en témoigner.

Si Marta n’a rien d’une idole et permet l’identification, nous nous sentons surtout proches de Katia Repina, cette photographe qui essaie quotidiennement de percevoir dans la porn culture ces instants de vérité pure qui émergent du factice. De même, le pornocrate ne cesse de naviguer de l’irréel grandiloquent à la soif d’authenticité, de POV en POV, aveuglément, à la recherche du Bon Fap d’un jour ou du tag parfait d’une heure…

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  • McLovin, j’en ai marre de tes dissertations.
    A chaque fois j’essaie, mais non, impossible, c’est trop mal ecrit, lourd, ampoule, penible. Peu importe le sujet, tu gaches tout.
    Et non je n’ai pas de suggestions, de conseils, ni meme d’explication.
    T’es chiant, c’est tout.

  • Cher McLovin, ne laisse pas de vulgaires cul-terreux remettre en question ton écriture. Le fond de ma pensée est que tu abordes le sujet dans ses moindres ramifications, poussant même jusqu’à l’analyse de l’analyse. Ton texte ainsi que ton style deviennent de fait plus « compliqués » à lire qu’un article de la rédaction de 20 minutes. Tout ce qui est plus complexe est en général plus intéressant, et c’est le cas – à mon humble avis – de tous tes articles, comme tous ceux de la rédaction du Tag Parfait. Je relis toujours avec émotion l’article sur la proviseure Musso, la MILF de nos goûters d’enfance… C’est peut-être aussi parce que j’ai toujours fantasmé sur les femmes dominatrices. Tout ça pour dire que tu écris très bien, nique les rageux. Je t’aime, bisous.

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