Hyatt, Hilton, Marriott : l’hôtellerie de luxe bannit le porn
Breaking News : comme le démontre le choix récent des décisionnaires des hôtels Hyatt, les chaînes hôtelières de luxe poursuivent leur exclusion du porno à la demande. En août dernier, les hôtels Hilton annonçaient leur choix dès septembre de ne plus proposer en services VOD et pay-per-view de programmes pornographiques au client. Les blagues y allaient alors de bon train sur le fameux 1 Night In Paris. Plus de pay-per-view, mais toujours la possibilité de visionner des films pour adultes via le Wi-Fi, en somme une plus grande indépendance de l’usager.
Ces vidéos ne correspondraient plus à « la vision de la compagnie Hilton », argument à mettre en relation avec le bon coup de pression du bien-pensant Pat Trueman, CEO du National Center on Sexual Exploitation, qui plaçait jusqu’ici Hilton dans son classement des Dirty Dozens (sorte de blacklist concernant les grands groupes diffusant les films pour adultes)…et n’hésitait pas à oser l’analogie entre la pornographie et la prostitution. Mais plus largement, le choix des Hôtels Hilton s’inscrit dans la continuation de celui des hôtels Marriott, médiatisé courant 2011.
Au-delà de l’influence politique évidente du conservateur moraliste Mitt Romney et de la sensibilité Mormone des gérants, le choix de Marriott de ne plus proposer de programmes porn dès 2011 témoignait d’une logique économique. Les responsables de Marriott déclaraient ainsi : « Les nouvelles technologies et la façon dont les clients accèdent au divertissement a fait baisser le chiffres d’affaires des chambres. Les films à la demande rapportent de moins en moins ». A la vidéo à la demande, l’audience préfère désormais le streaming façon Hulu ou Netflix, ce que démontre aujourd’hui la décision marketing de l’industrie Hyatt. Le Los Angeles Times nous rappelle qu’en 2000, les revenus annuels apportés par la vidéo-à-la-demande XXX étaient de 339 dollars par chambre, pour 107 dollars seulement en 2014.
La situation financière est totalement dépendante des évolutions dont s’est accoutumé le public. Le net permet en apparence un plus grand anonymat (pas besoin d’aller voir le groom avec sa carte de crédit et son tube de lub’), l’accès indéniable à un flux plus vaste de vidéos aux critères plus précis – la tagification est désormais indissociable de la porn culture – et une immédiateté de visionnage plus qualitative. C’est ce rapport à la fois lointain – on en est plus au gag du client qui trahit ses goûts pornos en public – et très proximal du spectateur au sexe explicite qui signerait à n’en pas douter la mort de ce genre de pratiques.
Des pratiques au charme archaïque, plus propres certainement du boom du marché de la vidéo durant les années 90 que de notre génération de consommateurs 2.0. Laissons le mot de la fin à Bjorn Hanson, doyenne du Preston Robert Tisch Center for Hospitality de l’Université de New York : « Le chiffre d’affaires généré par le divertissement dans les chambres diminue mais celui du porno encore plus. ».
De là à mettre en relation cette situation alarmante à la dernière décision éditoriale de Playboy, il n’y a qu’un pas…
C’est pas comme si je pouvais me payer une chambre dans un Hilton.