Le Dire et le Jouir, ce qu’on se dit au lit : comment s’exprime le plaisir
Toute activité sexuelle vient accompagnée de son paysage sonore. Il y a le bruit de la chair, bien sûr, mais aussi celui des souffles, des gémissements, des cris et des mots qui nous accompagnent au bout du plaisir. François Perea, maître de conférences en sciences du langage à l’université de Montpellier, a décidé d’étudier ces sons si lourds de sens en analysant une centaine de vidéos pornographiques, d’enregistrements et d’écrits littéraires. Il en a tiré un livre, Le Dire et le Jouir, Ce qu’on se dit au lit, à paraître le 9 février aux éditions de La Musardine.
Alors, qu’entend-on quand on écoute les gens faire l’amour ? Du silence avant tout, dit François Perea : dans ces moments-là, le plaisir et la concentration laissent peu de place à l’expression. De temps à autre, il est rompu par des “formes difficilement transcriptibles à l’écrit : signes audibles d’accélération respiratoire ; souffles vocaux (l’expiration est vocalisée, c’est-à-dire réalisée avec vibration des cordes vocales) ; gémissements faibles et petits cris aigus ; cris et hurlements”. Dans les document choisis par le chercheur, ces sons représentent 70 à 100% des expressions observées.
Il arrive tout de même que quelques mots se glissent entre les hahannements. Le Dire et le Jouir classe ces “formes vocales” dans quatre catégories : les interjections (“oh oui” et autres “ah”), les incitations (“Viens”) et commentaires (“C’est bon”), les jurons (“Putain”) et les insultes (“Salope”). Lorsqu’ils sont de la partie de jambes en l’air, les mots vulgaires comptent pour 2 à 18% des vocalisations.
Au fil de ses recherches, François Perea a découvert que les amants n’étaient pas égaux face aux vocalisations, verbales ou non. Dans les couples hétérosexuels et homosexuels, l’individu qui donne le plaisir s’exprime nettement moins que celui qui le reçoit. Après tout, jouir convenablement demande un certain effort. A cet écart entre rôles peut s’ajouter une différence entre sexes : d’après le chercheur, les femmes s’expriment deux à huit fois plus que les hommes pendant le sexe. Est-ce parce qu’elles manifestent poliment leur plaisir, comme l’écrit Agnès Giard ? Ou est-ce parce que leur partenaire a été dressé à se faire discret ? On vient de commander le livre, on vous en dit plus prochainement.
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