Owen Gray : « Le marché de la VOD est très fermé et limité »
Si Owen Gray est connu pour son travail dans l’industrie mainstream, notamment avec le studio Kink, tout le monde n’est pas peut-être pas familier de son travail produit en tant qu’indépendant. Pourtant, ManyVids ne s’y est pas trompé et l’a élu meilleur studio cette année. Il suffit de jeter un œil à toutes les vidéos disponibles pour voir qu’Owen est un producteur performer prolifique et bien entouré. Il a accepté de répondre à quelques questions sur cet aspect plus méconnu de sa carrière mais néanmoins nécessaire à sa survie en tant que performer.
Owen, depuis quand réalises-tu tes propres vidéos ? Pourquoi avoir décidé de produire ton contenu ?
J’ai commencé il y a à peu près cinq ans maintenant, environ six mois après avoir commencé à travailler en tant que performer porno. Le fait d’avoir un look alternatif a beaucoup limité mes possibilités d’être engagé dans l’industrie, surtout au début. Faire mes propres vidéos était un moyen d’avoir un autre apport financier mais aussi de montrer des aspects différents de ma sexualité en plus du côté kinky et BDSM des scènes pour lesquelles j’étais engagé. Quand j’ai commencé je ne vendais mes vidéos que sur Clips4sale car les options étaient (et sont toujours) très limitées. Depuis, j’ai essayé de nombreux autres sites. Je vends toujours sur C4S mais je me concentre sur ManyVids car leur positionnement correspond plus aux vidéos que je produis. Je vends également sur le site Findrow qui a commencé comme une galerie d’images et a fini par incorporer la vidéo.
La plupart des sites de VOD ne sont pas mal mais accordent peu d’importance à l’éthique. Le marché est très fermé et limité. Les producteurs n’ont souvent pas d’autre choix que de verser un pourcentage important de ce qu’ils gagnent car ils n’ont pas d’autre option. Les sites de vente de biens numériques ou physiques classiques n’autorisent pas le contenu adulte, donc passer par PayPal, Stripe, Squarecash, Venmo, etc est exclu.
Est-ce que grâce à ça tu gagnes assez maintenant ? Et comment partages-tu les bénéfices avec tes partenaires ?
Il m’a fallu beaucoup d’années en tant que producteur avant de réussir à gagner assez pour rentabiliser le temps que je passais dessus. Je connaissais beaucoup de personnes qui y arrivaient, donc je savais que c’était faisable. Je voulais apprendre le plus possible donc j’ai continué à produire du contenu aussi souvent que je pouvais. Maintenant, cela vaut le temps que j’y passe et ça participe à mes revenus donc j’y consacre beaucoup de temps et d’énergie.
Tout le contenu que je produis est un échange, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’argent transféré entre moi et les autres performers des vidéos. Nous possédons tous le contenu et le vendons chacun de notre côté. Beaucoup utilisent le même contenu sur leur site internet, leur site de vidéos ou sur un site comme OnlyFans. Étant donné que j’ai plus d’expérience en tant que producteur, je fais toutes les photos, je tourne la vidéo, je fournis l’endroit (que je loue souvent), j’édite tout le contenu et je le donne à ma partenaire pour qu’elle puisse le vendre comme elle le souhaite. Elle a juste à venir et performer.
Que penses-tu de l’évolution de l’industrie ces dernière années ? Crois-tu que l’avenir du porn est dans ces vidéos ?
Depuis que j’ai commencé à produire mon propre contenu il y a cinq ans, je vois de plus en plus de performers commencer à faire de même. L’argent qui diminue dans l’industrie mainstream pousse beaucoup de performers à produire leur propre contenu pour s’assurer un revenu décent. Je pense que cela permet beaucoup de liberté à des performers qui pourraient se lasser de travailler dans le mainstream, ou faire même un burn-out. Ou bien peut-être veulent-ils juste tourner avec leur partenaire principal pour ne pas avoir à entrer dans le business du tout. Ce sont des options que l’on n’avait pas par le passé.
Peux-tu nous décrire le processus de création d’une de tes vidéos ?
Quand une performeuse décide qu’elle aimerait travailler avec moi, je lui pose des questions pour avoir une idée plus précise de qui elle est. Ensuite, nous choisissons une date ensemble. Je commence typiquement par la prendre en photo seule, puis par passer du temps avec elle puisqu’il arrive que je ne connaisse pas la personne avant notre premier shoot. Je leur parle de leur limites et de leurs inquiétudes et je leur explique comment je filme pour qu’elle comprennent le déroulement. J’aime que le choses soient le plus naturelles possible, pas trop compliquées et je garde en tête qu’il s’agit surtout de faire du sexe fun ensemble
Une fois que j’ai terminé de la prendre en photo, je shoote des images de sexe en POV qui vont me servir pour la promotion de la vidéo puis nous tournons vraiment la vidéo. Tout mon contenu récent a été tourné avec un trépied que je déplace souvent durant les prises de vues pour avoir tous les plans que j’aimerais obtenir. J’ai tourné dans assez de porno pour connaître les angles et la lumière sans réalisateur. Cela a mis du temps avant que je réussisse certaines choses mais maintenant je peux produire des vidéos amateurs moi-même avec une lumière et une composition sympas.
Quel est le moment que tu préfères ?
Tout dépend de ma partenaire. Parfois, je sais que je vais travailler avec une personne avec qui j’ai une bonne alchimie et donc je suis excité par tout ce qu’il se passe ! Parfois, c’est quelqu’un de nouveau et j’apprécie de la prendre en photo et je profite de l’excitation au maximum avant de la toucher pour la première fois. L’alchimie est difficile à prévoir donc j’essaie de mettre de la bonne volonté à produire quelque chose de joli, que le sexe ait été naturel ou plus mécanique.
As-tu des anecdotes ou des choses un peu étranges à raconter ?
Il arrive tout le temps des trucs bêtes ou bizarres. La plupart ne sont pas spécialement remarquables. Les gens demandent toujours que je leur raconte les moments gênants, mais quand on tourne du porno depuis si longtemps tout est normalisé. Les corps et les gens peuvent faire des choses peu flatteuses et on peut en rire sans forcément que ce soit grave ou blessant car on reste potes et qu’on a juste envie de passer un bon moment ensemble.
Comment tu sélectionnes ou contactes les filles avec qui tu vas tourner ?
Parfois les gens me contactent sur internet et parfois je demande à des personnes avec qui j’ai travaillé sous contrat pour d’autres productions. Je ne tourne pas avec des personnes qui n’ont pas d’expérience dans le porn ou la webcam ou la nudité sur Internet car j’aimerais qu’elles explorent ce que c’est d’abord. De plus en plus de personnes se lancent dans le porn sans réfléchir à leur impact sur leur vie et j’aimerais que toutes les personnes avec qui je tourne soient tout à fait prêtes et conscientes de ce qu’elles s’engagent à mettre en ligne.
Est-ce que tu vas prochainement venir en Europe ou en France pour travailler ?
Je reviendrai en Europe prochainement et j’espère que je pourrai tourner avec des personnes avec qui j’ai déjà échangé. J’ai tourné avec des personnes à Barcelone déjà, mais espérons que mes voyages m’emmèneront bientôt vers de nouveaux horizons.
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