SpankChain veut devenir la blockchain des camgirls
Pour redonner aux modèles de webcam la main sur leurs revenus, SpankChain mise sur la blockchain. Cette technologie a cela de pratique qu’elle permet de mettre en relation des individus en ligne et d’autoriser les transactions entre eux en se passant d’intermédiaires. SpankChain entend l’utiliser pour créer un réseau de cam adulte décentralisé, et permettre aux cameuses d’être directement connectées à leurs viewers, sans frais de service exorbitants. « Sur les sites de live, les performeuses comme moi ne touchent que 25 à 60% de l’argent qu’elles auraient dû gagner », rappelle Janice Griffith dans un post Medium. La porn star connue pour ses prises de position régulières a rejoint l’équipe de SpankChain en tant que chargée des relations avec l’industrie.
L’initiative vise à résoudre un autre problème auquel se confronte systématiquement le secteur adulte. Les sites de webcam classés X trouvent bien souvent porte close auprès des acteurs mainstream lorsqu’il s’agit de se financer. Les banques et investisseurs se gardent bien de miser sur de tels projets, pour ne pas écorner leur image. Les sites de financement participatif semblent eux aussi rechigner à soutenir le porno. Depuis le 17 octobre, de nouvelles mesures restrictives visent le financement du contenu pour adultes – sessions webcam incluses – sur la plate-forme Patreon. De quoi laisser certains producteurs indépendants sur le bord de la route.
Une ICO – à savoir une levée de fonds en cryptomonnaies – sera lancée le 31 octobre, avec une semaine de retard. Le projet s’attire les faveurs de grands noms du milieu comme Kayden Kross, actrice porno et entrepreneuse, qui en vante les mérites en roulant sur une table. SpankChain se donne deux semaines pour récolter des fonds rapidement des fonds auprès d’une communauté d’investisseurs avisés.
SPANK & BOOTY
« Notre objectif dans l’immédiat est de disrupter l’industrie de la cam adulte en ne prélevant que 5% de frais, contre 50% en moyenne, et de devenir ainsi la plus importante plate-forme de paiement en cryptomonnaies de l’industrie adulte», notent dans leur document technique, ou « whitepaper », les créateurs de SpankChain, sous le nom Spanktoshi Nakabooty. « Nous parions sur le fait que de nombreuses modèles lanceraient leur propre site de cam si elles disposaient d’une solution simple de paiement et de streaming vidéo. »
A partir du 31 octobre, 600 millions de « SPANK » seront disponibles à la vente. Il s’agit là de tokens qui , une fois stockés en ligne, donneront droit à des « BOOTY » – un autre token pour payer les transactions sur la plate-forme. « La technologie de paiement déployée par SpankChain est maîtrisée par une poignée d’ingénieurs blockchain dans le monde », note le cofondateur d’une start-up française spécialisée dans les cryptomonnaies. « Elle permet de faire un dépôt de valeur initial bloqué dans des smart contracts, les contrats intelligents que contient la blockchain. Une fois bloquée, cette valeur pourra être échangée très rapidement et à moindre coût, grâce à des transactions opérées en dehors de la chaîne. C’est très similaire aux « tabs » [ardoises, ndlr] dans un bar, finalement. Tu laisses ta carte bleue au bar et au lieu d’être débité à chaque bière, c’est a la fin de la session que tout est débité d’un coup. » De quoi permettre le paiement par seconde de visionnage, et de s’épargner les frais associés à chaque microtip.
Anonymat assuré
SpankChain mise également sur la sécurité et l’anonymat pour attirer des investisseurs. L’argument semble faiblard. Brazzers propose le paiement en cryptomonnaies, propice au respect de la vie privée des viewers, depuis bien longtemps. Sur le subreddit r/bitcoin r/GirlsGoneBitcoin, des cameuses proposent déjà des sessions cam en échange de bitcoins. SpankChain n’est pas non plus le premier projet à s’aventurer sur le terrain crypto. En 2014, Titcoin se présentait déjà comme le « bitcoin du porno ». Depuis, Livestars et Kencoin ont tour à tour promis de révolutionner le secteur adulte grâce à la blockchain. Sans réel succès jusqu’à présent. Livestars n’a a ce jour collecté que 26% du montant escompté. Plus récemment, l’ICO Kencoin, dénoncée à plusieurs reprises comme un « scam », n’est parvenue à récolter « que » 59 000 dollars. Une seconde ICO, de rattrapage, est déjà prévue et plusieurs investisseurs déclarent en ligne vouloir être remboursés.
« Le but premier de cette ICO semble être de lever de l’argent rapidement, pas de révolutionner le secteur en profondeur », tranche un membre du réseau CryptoFR, une communauté spécialisée dans les cryptomonnaies, en rappelant que les ICO sont une opération risquée, dépourvue de garantie pour les investisseurs. « Je m’interroge quant à l’utilité des SPANK », poursuit-il. « Je n’en vois pas réellement l’intérêt dans l’absolu car ces projets pourraient parfaitement fonctionner avec de l’ether. Ces tokens seraient tout aussi volatils que l’ether, voire plus. Or les revenus des cameuses en dépendent. »
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