Océane Feld : « Qu’importe ton choix, tu peux créer ta propre vision de la féminité »
Au même titre que ma passion pour les photographies de Romy Alizée, j’ai commencé à me pencher sur les artistes qui nous font nous sentir bien dans notre corps et notre sexualité. En fouinant sur les réseaux sociaux je suis tombée sur la talentueuse Océane Feld qui nous éclaire chaque jour un peu plus de son talent. Membre de l’association Femmes Focales, elle promeut les genres, les corps et les sexualités sous le regard de son objectif où intimité et lumière tamisée se confondent. Un brin sensible, un brin voyeuriste mais toujours touchant.
J’ai vu que tu faisais partie de l’association Femmes Focales, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce collectif ?
Femmes Focales est un petit collectif composé de photographes professionnelles et semi-professionnelles francophones s’identifiant comme étant de genre féminin. Les principales vocations du collectif sont de faire découvrir le travail des photographes qui en sont membres et de promouvoir les projets collaboratifs desdits membres, mais également de faire découvrir le travail des femmes photographes de manière générale et d’établir des partenariats avec des associations féminines et féministes. C’est un collectif exclusivement pour nous, Femmes, pour répondre au manque de visibilité et ainsi promouvoir notre travail.
Qu’est-ce qui t’a amené à travailler autour du corps et de l’érotisme ?
J’ai appris très jeune à aimer mon corps et à avoir confiance en moi. Malgré la pression et le rabaissement que je subissais au collège et au lycée ; que ce soit par rapport à ma taille (quand tu fais 1m47 je suppose que c’est prétexte à moquerie), mon orientation sexuelle, mon manque de féminité, etc… Pour autant j’étais un peu en mode « girl power ». J’ai commencé à laisser pousser mes poils sous les bras, sur les jambes parce que je considérais que nous, les femmes, étions aussi légitimes que les hommes à en porter et à les aimer. A douze ans, j’ai coupé mes cheveux très courts et je ne les ai plus jamais laissé repousser.
Bref j’avais envie, très jeune, de montrer que, qu’importe ton choix, tu peux créer ta propre vision de la féminité et tu resteras belle. Donc à quinze ans j’ai commencé à photographier du nu, souvent mon corps, mon ex petite copine, etc. Et à mes 17/18 ans, j’ai commencé à me pencher sur l’art érotique, ça faisait un moment que j’en avais envie. Je veux montrer ma propre vision de l’érotisme et surtout faire marcher l’imagination du spectateur, qu’il puisse se reconnaître à travers mes photos, comme si elles étaient des fragments de souvenir.
Quels messages souhaites-tu faire passer à travers tes photographies ?
Je me considère aujourd’hui comme féministe pro-sexe, c’est à dire que les femmes puissent prôner une liberté sexuelle et mener un combat contre une société patriarcale. C’est ce que je veux montrer dans mes photographies : que nous sommes tout·e·s libres de créer, d’aimer son corps quelque soit sa morphologie, ses origines en repoussant les diktats de beauté que l’on voit partout aujourd’hui, de parler du plaisir féminin et d’assumer sa sexualité.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Nobuyoshi Araki a été l’un des premiers à m’inspirer, puis il y a eut Ren Hang, Frida Kahlo ou encore Francesca Woodman.
Quel rapport entretiens-tu avec la pornographie ?
La pornographie est justement un sujet que j’essaie de traiter de plus en plus dans mon travail. Ça me permet de donner une dimension plus sincère à ce que je souhaite montrer. Je n’ai jamais eu de tabou concernant le porno, j’ai commencé à en regarder très jeune, je crois que je devais avoir 13 ans. J’aimerai d’ailleurs réaliser mes propres films pornographiques, un genre engagé et féministe, qui ferait office d’éducation sexuelle pour les jeunes. Parce qu’il y a un gouffre entre le porno industriel et la réalité. Et c’est pour ça que de plus en plus d’adolescents perdent confiance en eux et subissent une grosse pression concernant le sexe.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
J’espère qu’on me souhaitera de continuer à créer encore longtemps et de m’imposer un peu plus dans le milieu artistique ! En tout cas je remercie tous ceux qui suivent mon travail et qui m’encouragent dans ce que je fais, de recevoir tous ces messages, ça me touche énormément.
Image en une : Océane Feld dans Fruit de la passion par Mila Nijinsky
Aucun commentaire. Laisser un commentaire