Florent Gavignon : « La Renaissance dans la Destruction »
Entre photographie, érotisme et collage, Florent Gavignon nous transporte dans un univers sans limite où la beauté des corps féminins explose sur sa pellicule. Plein d’insolence et de force, les tirages de Florent nous donnent une vision renouvelée de la sensualité féminine. Corps déchirés, corps froissés mais toujours corps sublimés.
L’érotisation du corps féminin est au centre de tes créations, pourquoi ce choix ?
La femme a une grande place dans ma vie. C’est du sexe d’une femme que je suis sorti il y a 27 ans. C’est une femme qui m’a offert mon tout premier appareil photo. L’art fait partie intégrante de ma vie, c’est normal d’avoir la femme au centre de mon travail. Au tout début de ma pratique photographique, avec mon Nikon D3100, les femmes étaient habillées, je ne me sentais pas encore légitime pour du nu. Mais l’idée était déjà là, dans un coin de ma tête.
Les années passent, les appareils photo aussi, je me mets à discuter sur les réseaux sociaux avec une demoiselle du nom de Zoé. Voilà qu’elle accepte de donner sa chance au jeune photographe que je suis, pour une série de photos topless. La machine est lancée. Le nu est là, mais pas encore l’érotisme – fait de fruits et de fleurs. La femme est un homme comme les autres : elle est faite de désirs, de pulsions, de passions, et à travers ma vision de l’érotisme j’ai eu envie de lui offrir, sans prétention, de belles photos.
Tes photos sont douces par leur sujet, mais très brutes dans leur travail (collages, lacérations..). Pourquoi ce contraste ?
J’appelle cette partie de mon univers « La Renaissance dans la Destruction ». Cette idée est arrivée après le visionnage d’un documentaire sur le peintre Francis Bacon qui expliquait s’être inspiré d’une photo froissée sur le sol de son atelier. Cinq minutes plus tard, je froissai ma première photo. Petit à petit j’ai essayé la javel, l’encre de couleur, la flamme et autres collages… C’est une pratique intéressante. Chaque papier répond de façon différente à toute cette torture. J’ai un esprit créatif, toujours au travail…et assez tordu ! J’ai même placé un Polaroïd dans le micro-onde ! Le résultat n’est pas top et le micro-onde empeste (rires). J’ai aussi voulu casser mon image douce, quitte à déranger les regards les plus sages. Cette pratique plait beaucoup aux modèles.
Quel est ton processus de création ?
Mon processus créatif est précis et brouillon à la fois. Je ne sais jamais dans quoi je me lance…mais je me lance ! J’ai tout un tas de photos et autres créations dans une valise sous mon lit, on peut même trouver des « tampons vagins » que j’ai créé. Je me lance dans une série de retouches rapides sur une vieille version de Photoshop, mais comme je suis mauvais, je fais un simple travail sur la lumière et les contrastes. Le temps passe et là je visionne les photos, avant de les sortir sur papier chez un photographe.
Où trouves-tu ton inspiration ?
J’ai une passion pour le nu en peinture et pour la femme dans l’art. Du côté des photographes, j’ai un feeling depuis le début de mes nus avec Robert Mapplethorpe. Araki aussi est très intéressant comme photographe pour moi. Je pourrai parler des heures entières de mes inspirations !
Quel rapport entretiens-tu avec la pornographie ?
Il n’y a pas une seule photographie, il n’y a pas une photographie spécifique au porno, c’est la même chose selon moi. Le porno « hétérocentré » où la femme est juste un cul, une chatte ou une bouche dans le but de satisfaire l’homme, ce n’est pas trop mon truc, je préfère le porno où la femme est l’égale de l’homme, où elle prend sa sexualité en main. Niveau image, c’est souvent plus doux, plus travaillé. Je me retrouve plus en tant que photographe dans cet univers. Puis après tout, pourquoi ne pas créer ma propre imagerie porno dans le futur ? Avec des fleurs, des fruits et des belles lumières. La vie est faite de surprises, je ne me ferme donc aucune porte. J’ai également une pensée pour toutes les actrices et acteurs porno victimes de la bêtise des gens sur les réseaux sociaux, et dans la vie en générale.
Quels sont tes prochains projets ?
Je ne sais pas vraiment, je ne prévois rien mais j’aimerais faire une exposition pour me lancer. J’aimerais aussi sortir un livre avec certaines de mes photos, continuer à vendre des clichés (mes prix sont tout doux) et poursuivre la croissance du « F.F.F art » (Femme.Fleur.Fesses Art). Et en 2018…place aux tout premiers nus masculin?
Image en une : Carmina, Toulouse, 2016
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