Microsoft Office, XBox, Skype : quand Microsoft déclare la guerre à la nudité
Bannir la nudité ? Voilà l’idée de Microsoft qui compte bien chasser tout contenu jugé « offensant » du logiciel Microsoft Office, du service Xbox Live et de Skype.
Microsoft répond à FOSTA
FOSTA, pour Fight Online Sex Trafficking Act, c’est le nom de la loi états-unienne anti « trafic sexuel« votée la semaine dernière par le Sénat – elle vise à réprimander les sites « responsables » d’alimenter ledit « trafic » – notion floue s’il en est. La démarche polémique aujourd’hui entreprise par Microsoft – annoncée deux jours après la validation du FOSTA – prolonge cette idée : bannir tout « langage offensant » de ses principaux produits, ce qui inclue, sans grande surprise… la nudité et le porno. C’est tout du moins ce qu’indiquent les lignes ajoutées début mars au règlement général du service informatique. Concrètement, cela signifie que Microsoft a légalement le droit de « réviser », bloquer ou carrément supprimer tout compte d’utilisateur, contenu ou email au contenu potentiellement offensant.
Bémol parmi d’autres, Microsoft ne précise pas les limites de l' »offensant« , ni les proportions qu’une telle modification réglementaire peut impliquer. « Donc, je ne pourrais plus utiliser le logiciel OneDrive pour enregistrer un document où serait répété le mot « fuck » ? Si j’apostrophe quelqu’un d’un vilain nom sur le service Xbox Live, supprimeront-ils mon compte et tout ce que j’y ai déposé ? » se demande l’avocat des libertés civiles Jonathan Corbett. On s’en doute, cette mise à jour sonnerait également le glas des sessions privées et sexy entre adultes consentants. Un souci qui, au-delà des innombrables anonymes, toucherait directement les modèles webcam, qui volontiers s’effeuillent sur Skype pour contourner la commission des plateformes dédiées (Chaturbate, MyFreeCams…).
Haro sur la liberté d’expression
Comme nous l’indique AVN, les premières victimes de cet endurcissement des règles furent – sans surprise – les pornstars. La semaine dernière, certains acteurs de l’industrie employant Microsoft Office comme moyen de distribution et de partage de leur contenu explicite auraient vu leurs fichiers au mieux bloqués, au pire supprimés. Avec ces mesures restrictives que l’on pourrait sans chichis qualifier de « censure » normative, Microsoft risque de causer du tort à toute une partie de la profession, et plus globalement à une certaine idée de la liberté d’expression. « La notion de « langage offensant » est plutôt vague. Offensant envers qui ? Il y a une grande différence entre ce que ma grand-mère trouve offensant et ce que moi je trouve offensant. Surtout, comment Microsoft pourrait-il savoir si j’ai réellement été offensant ? » commente à juste titre le site de tech CSO Online.
Reste aujourd’hui à deviner jusqu’où Microsoft étendra ses aiguisés ciseaux. Du côté du site Fortune.com, on tire la sonnette d’alarme : cette mise à jour foisonne de termes si vagues que tout pourrait être un prétexte « pour réviser vos contenus sans exiger votre consentement« , quitte à violer l’intimité des utilisateurs en s’attaquant à leurs données personnelles. Ces mesures devraient se concrétiser dès le 1er mai prochain.
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