« T’as joui ? », le compte Instagram qui fait plaisir
C’est une question à l’emporte-pièce, convenue, presque comique : T’as joui ? Seules réactions possibles, un sourire timide ou un soupir un peu las. Fort de ses 92 000 followers, le très chouette compte Instagram éponyme traite avec humour et sans complexes de la jouissance féminine. Pour « en finir avec les monologues du clito« .
Depuis la mi-août, T’as Joui ? est devenu notre rendez-vous quotidien. Instigatrice de ce compte Instagram, Dora Moutot (journaliste et rédactrice en chef adjoint du site Konbini) se charge de défricher pour nous le meilleur du web social proto-féministe, entre strips caustiques, tweets percutants, témoignages sans filtre et mémes métarigolos. Loin du bric à broc, tout converge ici vers une même finalité : passer au crible les insuffisances virilistes et autres beauferies ordinaires, les prises de clito et injonctions sociales casse-ovaires, sous couvert de ce grand mystère qu’est la jouissance féminine. Paradoxalement, si l’impossibilité de l’orgasme est le nerf du projet, on jubile constamment face à ces témoignages et traits d’esprit crus aux vertus quasi thérapeutiques.
Des exemples ? « Une meuf qui jouit c’est aussi évident qu’un sapin de Noel illuminé dans l’obscurité« , « Alors t’as joui ? – Oui, avant de venir« , « J’aimerais avoir plus de facilité pour communiquer que pour simuler« , « Il faut 237 muscles pour simuler un orgasme mais seulement 15 pour dire « ça s’appelle un clitoris et c’est juste ici« . Mais l’expression du plaisir frustré a beau faire rire (jaune), elle permet surtout une véritable libération de la parole. Sous les confessions spontanées de celles qui avouent n’avoir jamais grimpé aux rideaux s’alignent les sujets qui fâchent, de l’épilation aux fantasmes désuets de la presse féminine, du cunnilingus foireux (et foiré) au sexe pendant les règles. A la recherche d’une libido perdue, les voix s’enlacent pour réclamer un « droit à la jouissance« . Le respect du clitoris est un acte politique.
Au fil des publications s’esquisse une cartographie de l’intime dont le point G serait la destination finale, sorte d’oasis inatteignable autant que mystifié. Manque d’éducation anatomique, mépris du partenaire, confusion des sentiments, les hypothèses s’alignent au gré des subjectivités. Mais trêve de préliminaires, on vous laisse désormais découvrir la tonalité douce-amère de cette exploration polyphonique de « l’orgasm gap« .
Super drôle 😀