Un livre nous dit tout sur les pires parodies X
X et humour forment un couple aussi éternel qu’infernal. La preuve avec l’encyclopédique Les pires parodies X sont souvent les meilleures. L’opus des éditions Huginn & Muginn explore avec amour et érudition la galaxie des pastiches pornos. Pour cinéphiles avertis.
« Piquant la curiosité des spectateurs tout en offrant le plus parfait des alibis, l’adaptation érotique et pornographique a résisté à toutes les vagues, s’est fondue dans toutes les modes ». C’est de ce postulat rétrospectif que sont partis Jade Aurle et Jacques Fasse pour saisir le caractère aussi « tendance » qu’atemporel des détournements polissons.
Dans cet ouvrage aux deux cent cinquante pages abondamment illustrés, les sexplorateurs effeuillent des décennies de parodies pornos. Reflet ouvertement opportuniste du cinéma traditionnel, le pastiche X fascine par sa dérision, doux mix de cynisme et de surréalisme, sa capacité à transgresser les films font il s’inspire (souvent de grosses machines) pour mieux illustrer à force fesses et seins les codes culturels de son temps – récits d’extraterrestres, blockbusters bodybuildés, flics à moustaches, chroniques pour ados libidineux, surhommes en caleçons rouges.
Imbibé d’une philosophie nanarlandaise façon « qui aime bien châtie bien », Les pires parodies X sont souvent les meilleures est un hommage aussi passionné que détaillé à la culture de la génération vidéoclubs, à la fois alternative et totalement commerciale, mais surtout à une certaine pornographie. Celle du boulard vintage à la Tracie Lords, ce panorama que les Nicolas et Bruno de l’Ultra-Sex adulent pour ses costumes en latex, ses scénarios quasiment dadaïstes, ses monstres qui se font pomper (dans tous les sens du terme), sa vulgarité assumée (suggérant la réelle perversité de l’Hollywood pudibond), sa grivoiserie presque gauloise et ses pin-ups aux longues crinières tout droit sorties des pages glacées de Playboy. Du cul joyeux et bis, qui pille sans vergogne les images de l’usine à rêves pour mieux en inventer d’autres, aussi imparfaites et hystériques que « what the fappesques ».
Au « box orifice » (jolie trouvaille des auteurs) l’on trouve aussi bien un Rocco grimé en Tarzan qu’une Catwoman nymphomane, un Qui veut la bite de Roger Rappeau ? qu’un Sexorciste. D’une année à l’autre, la parodie porno réécrit les classiques en inversant les rôles (la Zorro au féminin de Zorrita), exacerbe la dimension sexuelle des œuvres originelles (Kinky Business, Dracula Sucks, Fleshdance), suspend l’incrédulité et entarte avec hérésie les icônes les plus sacrées de la pop culture – de The Xterminator à BatPussy, d’Indiana Joan à RamboX. Rien de tel que cet ouvrage pour redécouvrir cette quatrième dimension. Une antithèse du bon goût que les prods Woodrocket s’exercent aujourd’hui à perpétuer.
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