GirlsDoPorn condamné à verser près de 13 millions de dollars aux plaignantes
Au terme d’un procès fleuve, la Cour Suprême de San Diego (Californie) vient de condamner GirlsDoPorn à verser 12.7 millions de dollars à 22 plaignantes. Le site pour adultes est reconnu coupable, entre autres, de mensonges, de violation du droit à l’image et de trafic sexuel en bande-organisée. Michael Pratt, l’un des accusés et propriétaire du studio, reste introuvable.
Quatre mois de procès, vingt-deux plaignantes, 187 pages de jugement final et 12.7 millions de dollars de dommages et intérêts. Sans oublier une image de l’industrie pornographique sérieusement écornée auprès du grand public américain. Résumé à gros traits, le dossier GirlsDoPorn, c’est ça. « Elles [les victimes] sont satisfaites du verdict car cela montre qu’elles ont été crues, que leur histoire a été entendue », déclare Ed Chapin, avocat des plaignantes, dans les colonnes du New-York Times.
Petit retour en arrière. GirlsDoPorn, c’est une histoire de tromperie et de manipulation, avec pour acteurs principaux Michael Pratt, propriétaire du label, son associé le vidéaste Matthew Wolfe et le performer Andre Garcia. Les trois hommes ont produit, puis diffusé, des vidéos pornos mettant en scène des jeunes femmes présentées comme « amatrices », des « girl next door ». Le hic ? Les séquences, dont les actrices sont convaincues par la production qu’elles ne seront achetées que par des collectionneurs privés résidant en Nouvelle-Zélande et en Australie, sont diffusées à leur insu sur la Toile. Dont la chaîne Pornhub de la production, aujourd’hui désactivée.
C’est que la combine GirlsDoPorn est pensée dès le départ comme un traquenard. Les victimes étaient recrutées via des fausses annonces de mannequinat, publiées sur Craigslist, puis redirigées sur des sites écrans. A aucun moment le caractère pornographique du shooting n’est évoqué. La production pousse même le vice jusqu’à payer des femmes se présentant comme des « références », d’anciens modèles, garantissant aux futures victimes une expérience sans risque. Une fois arrivées sur place, à San Diego, les malheureuses se retrouvent dans une chambre d’hôtel. 5 000 $ leur sont proposés pour une scène de sexe censée n’être vue que par un public restreint. Tout est mis en œuvre pour gagner leur confiance et leur faire signer le contrat, quitte à les faire boire, fumer de la marijuana voir user de moyens coercitifs. A la barre, Theodore Gyi, un des cameramen de la production, affirme avoir menti aux jeunes femmes quant au mode de diffusion des vidéos. Comble du sordide, les filles sont souvent moins payées que prévu, et affirment avoir été agressées sexuellement par l’acteur Andre Garcia.
Les conséquences après diffusion sont évidemment dévastatrices pour les victimes. Stress, réputations détruites, envies suicidaires, perte d’emploi humiliation voir rejet de leur famille. Celles qui ont le courage de s’opposer à GirlsDoPorn voient leurs coordonnées personnelles balancées sur le tristement célèbre mais aujourd’hui disparu PornWikileaks. Des mails contenant un lien vers leur vidéo sont envoyés à leurs proches ou sur leur lieu de travail. Le slut-shaming fait son œuvre et réduit au silence. A la barre, une des victimes surnommée « Jane-Doe 1 » raconte qu’elle était étudiante en droit au moment des faits. « J’ai voulu me suicider quand ma vidéo a été rendue publique. J’ai essayé de déménager, d’aller dans des endroits où personne ne me connaissait, mais ça me suit partout. » Si 22 plaignantes se sont présentées devant la Cour Suprême de San Diego, le nombre réel de victimes dépasserait la centaine. Pire : Pratt est aussi accusé de pédopornographie et d’exploitation sexuelle d’enfants après avoir engagé une mineure de 16 ans pour l’une des vidéos.
Si aujourd’hui le juge Kevin Enright a reconnu que le caractère délictuel des pratiques de GirlsDoPorn (infraction du droit à l’image, contrats illégaux, etc.), reste que Michael Pratt demeure introuvable. Il est activement recherché par le FBI. Outre la condamnation financière, le site a désormais obligation de préciser le caractère pornographique de ses castings, et de faire retirer les vidéos hébergées sur les sites qu’il ne contrôle pas. Les prévenus ont jusqu’au 17 janvier pour faire appel de ce jugement.
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