C’est quoi ton porn Masha Sexplique ?
Sur les Internets, elle s’est fait connaître en parlant d’éducation sexuelle, de sexualité et de sextoys. Sans tabous et déculpabilisante, Masha Sexplique est suivie par plusieurs milliers de personnes qui écoutent avec attention ses bons conseils pour remuscler son périnée ou arrêter de complexer sur sa poitrine, via Twitter, Instagram ou encore sa chaîne YouTube. Mais au fait, c’est quoi ton porn, Masha ?
Le premier porn qui t’a marquée, c’était quoi ?
C’était un hentaï. C’était la première fois que je me masturbais. Je n’avais jamais compris comment on était censée faire et grâce à ce hentaï dont j’ai oublié le nom, la sainte lumière du Cul est apparue. J’ai compris ce que c’était l’excitation sexuelle et la masturbation quand on a une vulve. Renversant.
Et la dernière scène que tu as vue ?
Détartrage avec Carmina et Nyx [ndlr : Carmina est l’actuelle rédactrice en chef de notre publication]. Un bijou. Ce film est sensuel et chaleureux. On voit la vulnérabilité humaine. Le moelleux du ventre, l’élasticité du gant, la langue qui s’ouvre en deux sont quasi palpables. C’est ce que j’aime dans la sexualité et le porno. Tout est érotisable, même les dentistes, même un détartrage. C’est aussi incroyablement empouvoirant de voir une femme prendre son plaisir, qui ne se gêne pas pour changer de position, affirmer son droit à la jouissance. Voir une femme libre dans sa sexualité, ça me donne de la force. J’en ai vraiment marre des scénarios où on sexualise la souffrance (je parle uniquement pour moi. Chacun·e son imaginaire !).
Est-ce que tu as déjà tapé le nom de stars qui n’ont rien à voir avec le porn dans la barre de recherche Pornhub ?
Alors, non, jamais. Je ne fantasme pas sur les stars. Pour fantasmer, j’ai besoin de proximité, d’intimité, d’un souffle chaud.
As-tu des acteurs ou des actrices préféré·e·s ?
Je vous ai déjà parlé de Carmina ?
Et niveau tag, c’est quoi ton go-to quand tu as envie de fapper ?
Les threesome avec deux hommes, mais quand ils sont bisexuels. J’aime le partage.
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Est-ce que tu es déjà tombée sur une vidéo qui t’as plue sur le coup, pour que tu te dises après « non, c’était gênant » ?
Je pense que c’est une situation courante quand on consomme du porno gratuit. Ça m’est arrivé lorsque j’en consommais encore. J’ai totalement arrêté depuis que je me suis un peu plus documentée sur l’industrie pornographique. Je préfère soutenir un porno qui rémunère correctement ses travailleur·se·s et qui leur offre des conditions de travail safe.
Tu as des tags interdits, inavouables ?
Je pense que rien n’est inavouable sauf si c’est illégal. Bon moyen de détourner la question, non ?
Sexo, sextoys, sur tes comptes et ton blog, tu n’as aucun tabou : peux-tu nous parler un peu de ton cheminement ?
Depuis deux ans, je suis blogueuse sexo. Je me forme à la sexualité positive et je vulgarise tout ça sur mes différents réseaux. L’essentiel de mon travail, c’est de déplacer la question de la normalité vers celle du bien-être. On a pas besoin de se demander si l’on est normal·e, par contre, s’interroger sur son bien-être sexuel, c’est fondamental. J’entends par bien-être sexuel : les pratiques, les relations, les stimulations, mais aussi parfois l’absence de sexualité. Tout est ok. Je reçois en consultation sexo sur la plateforme Inside You et en 2021, je sors deux livres. J’ai un agenda bien rempli.
Si tu devais tourner ton porno idéal, il ressemblerait à quoi ?
À du tissu qui se frotte. À des fluides qu’on étale. À des jambes poilues et des lèvres humides. À du lubrifiant sur la table, à des capotes sans latex et des « non » qu’on écoute. Mon porno idéal est un porno maladroit. Il est timide et fougueux. La pénétration n’est pas un but ultime. On y voit des hommes prendre des toys sans complexe pour faire jouir leurs partenaires, des femmes orgasmer sans culpabilité et un peu égoïstes (on en a besoin). Dans mon porn idéal, on jouit ou on ne jouit pas, au final, peu importe, on s’explore, surtout.
Si tu te lançais dans le porno, tu prendrais quel pseudo ?
Je ne suis pas originale : Masha. Par contre, toute personne faisant un jeu de mot avec mon pseudo serait sévèrement punie par mes soins.
En tant que jeune maman, es-tu régulièrement victime de critiques par rapport aux sujets que tu abordes ?
Pas vraiment, fort heureusement. Je reçois beaucoup de retours positifs. Ce n’est pas parce qu’on est une mère qu’on est que ça. Je reste une femme avec une sexualité, ça me parait super important de ne pas les diviser. Je suis un seul individu : ma casquette de daronne n’exclut pas ma casquette de coach en sexualité. Pas de tabou. Faire de la vulgarisation autour de la sexo avec ma fille dans les bras, c’est mon credo. Elle va grandir et elle choisira de prendre le recul qu’elle souhaite là-dessus. Je respecterai totalement, mais je ne vais pas commencer à me censurer, à cacher mon travail à mon enfant et à éviter de parler de ces sujets devant elle alors que je dis à ma communauté : n’ayez pas honte.
En tant que mère, penses-tu qu’il soit important de parler de pornographie aux enfants, pour qu’ils comprennent de quoi il s’agit ?
Les enfants visionnent leurs premières images pornographiques à 8 ans, donc oui. Il faut les préparer. Avec la multiplicité des écrans, c’est super facile de tomber sur du porn en voulant savoir comment on fait un bébé sur google. On leur explique ce que c’est. On leur explique que c’est pour les adultes, qu’ils et elles auront tout leur temps pour explorer tout ça en grandissant. On leur explique que s’ils ou elles voient de telles images, on peut en parler ensemble. C’est important de laisser la porte ouverte au dialogue. Les enfants peuvent rester seul·e·s, honteux·ses, parfois traumatisé·e·s après avoir vu des images qu’ils ou elles n’ont pas encore la capacité de comprendre.
Penses-tu que le porno peut avoir une vocation éducative ?
Of course. On regarde bien des documentaires sur la cuisine pour s’inspirer. Le cul, c’est pareil. Après, il faut faire les choses à sa sauce, choisir un modèle de qualité où les acteur·ice·s sont rémunéré·e·s et considéré·e·s dans leur métier. Plusieurs séries éducatives avec des vidéos porno voient le jour en ce moment. C’est encore trop hétéro et cis centré, mais la tendance se développe. J’ai hâte d’y voir plus de représentativités.
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