Purge Pornhub : quelles conséquences pour les habitué·e·s du site ?

Impossible d’être passé à côté de l’information, à moins de vivre dans une grotte. Il y a quelques semaines, Pornhub s’est (enfin) décidé à faire un grand ménage dans les vidéos afin de supprimer toutes celles dont la provenance n’avait pas été vérifiée. Le résultat ? Plus de 8 millions de contenus qui ont sauté, et des milliers de fappeurs et de fappeuses qui ont perdu leurs vidéos préférées. Un mois après cette énorme purge, quelles sont les conséquences pour les habitué·e·s de Pornhub ? Plusieurs adeptes du site ont accepté de se confier à nous.

Faire le ménage sur les tubes. Ce sujet, loin d’être nouveau, est l’une des raisons pour lesquelles le porno a mauvaise réputation. Car si les sites tels que Pornhub sont remplis de vidéos uploadées par leurs auteur·rice·s, tournées dans des conditions éthiques et mettant en scène des personnes consentantes, ces dernières ont longtemps été cannibalisées par des contenus parasites : captures de shows de camgirls et camboys, vidéos intimes publiées sans consentement, films piratés et même quelques vidéos criminelles et pédocriminelles… Bref, plein de choses peu reluisantes qui n’ont rien à faire sur les tubes.

Cette purge a finalement été faite courant décembre, mais pas suite aux nombreuses demandes des travailleurs et travailleuses du sexe. La vraie raison du grand ménage de Mindgeek sur Pornhub, c’est l’article de l’abolitionniste Nick Kristof dans le New York Times, et la décision de VISA et Mastercard d’interdire l’utilisation de leurs cartes sur toutes les plateformes pour adultes du groupe Mindgeek. Un an après la décision de Paypal de faire de même, c’était trop gros pour le site, qui s’est enfin décidé à prendre des mesures.

Toutes mes vidéos préférées ont disparu !

Un fappeur désabusé

Conséquence de ce grand ménage ? Plus de 8 millions de vidéos ont été supprimées, y compris certaines qui avaient été uploadées légalement, mais par des personnes ne faisant pas partie du programme Pornhub Models. Et forcément, parmi ces 8 millions de contenus qui ont sauté, certains étaient très populaires. Résultat, on ne compte plus les fappeurs et les fappeuses du monde entier qui se retrouvent bien dépourvus face à leurs favoris qui ont tout bonnement disparu. C’est notamment le cas d’Alexis, qui confie avoir « perdu plus de 1 000 favoris » à la suite de l’affaire PornHub et dit être « bien dégoûté ». « J’étais principalement à la recherche de contenus 100% français, amateurs, filmés maladroitement. Des vidéos moins professionnelles, plus vraies : pas du contenu pour se faire du revenu, mais avec une envie de s’exhiber. » Ce fappeur reproche à la nouvelle vague des stars PornHub de faire « des vidéos de plus en plus aseptisées, qui se ressemblent niveau mise en scène. On tend vers une normalisation des contenus, et ça ne me plaît guère. »

Lorenzo faisait également partie des collectionneurs de PornHub : « J’ai perdu tout ce qui m’intéressait », regrette-t-il. « Heureusement, étant assez maniaque, j’avais pris le soin de télécharger une partie de ce qui m’intéressait bien avant cela, et je m’en félicite », explique-t-il. Mais s’il regrette d’avoir perdu bon nombre de ses vidéos favorites, le fappeur admet que la purge a eu un effet sur son processus de recherche… Ou presque. « Je ne suis pas encore allé fouiner sur d’autres sites, mais ça ne va pas tarder. Je regarderai et j’essaierai de trouver la source originale de création », affirme-t-il, tout en laissant toutefois entendre qu’il regardera la vidéo dans tous les cas : « Si je n’arrive pas à trouver la source, tant pis, je m’en accommoderai. »

Chidi, lui, avoue avoir été « assez choqué » de découvrir que ce grand ménage lui ait fait perdre bon nombre de ses vidéos favorites, mais en revanche, il s’en réjouit : « La plateforme a fait un tri et dégagé tout le contenu problématique, et c’est très bien. En revanche, c’est dommage pour les créateurs et créatrices de contenus qui ont été des victimes collatérales et qui ont perdu leurs vidéos et leurs revenus, je trouve ça navrant. » Lui regrette que les choses n’aient pas été faites avec plus de précision, même s’il a conscience que grâce à la modération, certaines vidéos pourraient faire leur retour dans les semaines à venir.

Une aubaine pour le porno éthique ?

Toujours est-il que face à la perte de ses favoris, et grâce à la prise de conscience orchestrée par la vidange des contenus problématiques de PornHub, Chidi a pris une décision : « J’avais déjà réduit ma consommation de porno sur les tubes, mais quand on sait les conditions dans lesquelles certaines ont été tournées, ça ne donne plus envie. Je n’ai pas envie d’aller sur d’autres plateformes où certaines vidéos sont certainement volées. Du coup, avec ma copine, on a décidé de soutenir autrement certaines créatrices et certains créateurs, par exemple en s’abonnant à leurs OnlyFans, pour retrouver facilement leur contenu. »

En effet, face au grand ménage organisé par PornHub, certain·e·s internautes ont eu une vraie prise de conscience : plus question de prendre le risque de fapper sur du contenu qui a potentiellement été uploadé de manière illégale. La solution ? Déserter les tubes, tout simplement. « Sans vouloir diaboliser PornHub et compagnie, car je sais qu’il y a plein de couples qui se font plaisir en se faisant du beurre dessus, j’ai décidé de privilégier de plus petits créateurs », raconte Sophie. « J’ai pris un abonnement à Lustery et à quelques OnlyFans qui sont régulièrement alimentés, et ça suffit largement à ma consommation perso. » Elle n’est pas la seule, puisque Victor a quant à lui décidé de trouver un équilibre entre les tubes et les plateformes payantes : « Sans entrer dans les détails, j’ai un kink particulier qui est encore assez rare sur OnlyFans ou MYM et compagnie. Du coup, je me suis abonné aux comptes qui remplissaient mes critères, mais il m’arrive de me tourner encore vers XNXX ou Xhamster, pour être honnête. »

Les tubes font de la résistance

Toutefois l’alternative porno éthique ne séduit pas tout le monde, et c’est notamment le cas d’Alexis. Ce dernier ne s’en cache pas : « Je suis depuis longtemps sur plusieurs plateformes. PornHub était celle que j’utilisais le plus, mais maintenant, je vais plutôt sur Xhamster, Voissa, ou d’autres. » Même discours du côté de Maxime : « L’avantage des tubes, c’est qu’on retrouve beaucoup les mêmes vidéos d’une plateforme à l’autre. Pas mal de vidéos qui ont sauté sur PH sont toujours sur YouPorn ou sur XNXX, alors j’ai reconstitué ma banque de favoris. » Interrogé sur la possibilité d’une mise en ligne illégale de ces contenus, il répond cash : « Je m’en fous que ça soit du revenge porn ou que ça ait été tourné dans de mauvaises conditions, tant que ça me fait bander. Je préfère ne pas y penser. Est-ce que je me voile la face ? Oui, probablement, mais je m’en branle, c’est le cas de le dire. »

« Le seum ! »

D’autres rechignent à se tourner vers du contenu payant, comme bon nombre de personnes lorsqu’il s’agit de consommer du porno. C’est le cas de Johanna : « Du porno gratuit, il y en a partout, alors franchement, ça ne donne pas envie de payer. Sans PornHub, mes recherches seront peut-être un peu plus longues, mais je préfère garder ma thune pour m’acheter des choses utiles. » Les travailleurs et travailleuses du sexe apprécieront…

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  • Quid de PH Premium duquel TOUT le contenu amateur a maintenant été supprimé (y compris « Verified Amateurs » et « Verified Couples ») ?

    J’ai pris un abonnement PH Premium lifetime essentiellement pour ce type de contenu, et maintenant on y trouve plus que du contenu de studios…

  • Je me demandais justement pourquoi je n’avais plus que des logos bleus dans les « vidéos associées » ou « recommandations »… d’habitude, c’était clairement les vidéos que je fuyais sur PornHub et je ne comprenais pas pourquoi on m’imposait cela… l’article est vraiment éclairant, merci 🙂
    (et du coup, plus trop d’intérêt à aller sur ph!)

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