Financial Domination
Les dominateurs ne sont pas nécessairement de féroces tortionnaires tout de cuir vêtus qui soumettent leurs esclaves à coups de fouet ou d’insultes. Il existe bien d’autres formes de domination qui s’exercent sans violence physique ni verbale, sans humiliation ni hématomes. La remarquable Financial Domination – ou Findom – en fait partie. La Financial Domination consiste, pour les dominés, à donner tout l’argent dont ils disposent à leur dominatrice. Sur son site, sobrement intitulé Iownyourwallet.com, une certaine Blissful Torment explique : « Les véritables moneyslaves donnent […] tout l’argent dont ils disposent – et ce selon leur propre chef et sans la moindre attente. Le fait de savoir qu’ils rendent la vie de leur dominatrice plus facile et plus heureuse donne un sens et un objectif à la leur. » La Financial Domination a même son lieu de rencontre, Findoms.com. Les subs et les doms se retrouvent sur cet énorme réseau, à mi-chemin entre Facebook et Voissa.
Dans la pratique, les moneyslaves, aussi appelés pay pigs, donnent ce qu’ils veulent à leur maîtresse. Les petites sommes hebdomadaires sont monnaie courante, les gros chèques mensuels le sont moins – mais ils existent bel et bien. Dans un témoignage pour Vice, l’un de ces esclaves confesse : « Je garde juste assez d’argent pour manger de la nourriture basique et pour payer mes factures, je donne tout le reste à ma dominatrice. […] Je suis le directeur d’une grosse boîte, ce qui veut dire que je dépense beaucoup. » Selon Cleo Tantra, dominatrice financière et fétichiste des pieds, il existe deux types de moneyslaves : ceux qui aiment se sentir utilisés et ceux qui ont besoin d’être guidés avec sévérité. Souvent, ces derniers sont des donneurs d’ordres dans un milieu professionnel, des machos en apparence dominateurs au quotidien. Au jour le jour, Cleo Tantra surveille leurs finances, coupe leur budget, donne des objectifs divers et variés à ses esclaves : maigrir, par exemple. En cas d’échec, la sanction est financière. Certains esclaves font parvenir des photos honteuses à leur maîtresse, qui va ensuite se livrer à un jeu de chantage. Et ainsi de suite, un peu d’imagination suffit.
Malgré les réactions outrées de certains membres de la communauté BDSM, la Financial Domination existe bel et bien ; il ne s’agit pas d’une arnaque déguisée en fétichisme, même si elle tourne parfois très mal. D’ailleurs, elle tend à disparaître. Bon nombre de wannabe dominatrices s’imaginent que la domination financière est une manière confortable de se faire entretenir sans le moindre effort et sans Sugar Daddy. Résultat : à l’heure actuelle, dans la communauté Findom, le nombre de doms surpasse très largement le nombre de subs, qui ont du mal à trouver celle qu’ils désirent honorer de leur argent, celle qui ne se contentera pas de pomper leur portefeuille tous les premiers du mois pour s’acheter du Gucci.
Car c’est bien ça, le nœud de la Financial Domination : un esclave qui paye pour obtenir le droit d’adorer une maîtresse, qui le lui rend bien en prenant le temps de s’occuper de lui. L’argent n’est qu’un prétexte, un média par lequel s’exprime une domination sourde et ininterrompue. C’est la raison pour laquelle la Financial Domination est intéressante. Elle n’est pas ce BDSM ponctuel, ces séances d’humiliation ou de châtiment intenses mais brèves. Ceux qui sont un peu justes à la fin du mois savent ce que c’est.
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