Les Big Book de Taschen ou comment parler porn en société
Ici nous aimons le porn, lecteurs comme rédacteurs. Nous aimons en lire, écrire dessus, en regarder, en écouter et même y jouer. Malheureusement c’est une activité plutôt solitaire et comme toutes les passions, nous aimerions bien la partager avec nos proches. Mais c’est parfois un peu plus compliqué.
Introduire le sujet de la culture porn lors d’un dîner en famille ou entre amis nécessite quelques préliminaires. Comme c’est un sujet qui me tient à cœur depuis longtemps, j’ai testé pour vous plusieurs méthodes qui se sont révélées totalement inefficaces, vous évitant ainsi de perdre le peu d’amis qu’il vous reste. Se lever et taper des mains en criant : « Bon et si on parlait cul maintenant ? » ne marche pas du tout, n’essayez même pas. La technique subtile qui consiste à chuchoter des paroles salaces à l’oreille des convives donne des résultats mitigés, pouvant aller de la gifle jusqu’à la découverte intéressante des pratiques borderline de votre belle-sœur. Idem pour le coup du DVD de cul oublié par « mégarde » dans le lecteur alors que vous disiez vouloir mettre votre film de vacances. Même avec du porn féministe, c’est un échec cuisant.
Mais alors tout est perdu ? Non, heureusement. Pour rendre le porn acceptable comme sujet de conversation, il faut qu’il soit bien présenté, sous une forme plutôt classe, respectueux des acteurs et de leur public mais aussi fun et pratique à montrer. Effectivement cela fait beaucoup de contraintes à remplir mais personne n’a dit que ce serait facile de faire passer dans le mainstream ce que la société cherche à cacher depuis longtemps. Bon, comme je suis un gars sympa et que l’on commence à bien se connaître, je vais vous éviter de chercher pendant trop longtemps. Après des années d’études et d’expériences, j’ai finalement trouvé ce qui correspondait le mieux à tous ces critères : la série des « The Big Book Of » de Taschen.
Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, cette série propose plusieurs ouvrages axés chacun sur une zone du corps. Elle fait évidemment la part belle au corps de ces dames car vous êtes tout simplement plus agréables à regarder que nous. Rien à voir avec le public potentiel. Nous n’avons donc droit qu’à un seul volume qui nous est consacré : The Big Book of Penis. Les autres sont consacrés aux jambes (The Big Book of Legs), aux seins (The Big Book of Breasts), aux fesses (The Big Butt Book) et bien sûr au sexe féminin (The Big Book of Pussy). Bizarrement, rien sur le regard ou les yeux alors que c’est super important lors d’une rencontre, non ? Mmmmmh, en fait vous avez raison, on s’en fout.
Le premier qualificatif qui vient à l’esprit à propos cette série, c’est qu’elle en impose. D’abord en terme de volume avec un format de 30x30x4cm pour une pagination moyenne de 380 pages, un gabarit imposant, idéal pour de l’auto-défense. Ainsi qu’en contenu car chaque ouvrage explore le thème choisi avec un long travail rédactionnel presque encyclopédique qui mêle approche culturelle et historique. Cela permet de replacer les nombreuses superbes photos dans leur contexte et donner une vraie consistance aux modèles. Autant d’anecdotes à ressortir qui montreront que vous n’avez pas fait que baver dessus. Et avec les traductions en anglais, allemand et français, voila enfin la motivation qui vous manquait pour bosser vos langues étrangères.
Déjà particulièrement intéressante dans sa version classique, cette série est déclinée dans une version 3D stéréoscopique par anaglyphe. Oui, le vieux truc avec les lunettes bleues et rouges. Vous pouvez toutefois mettre à la poubelle vos vieux a-priori qui datent d’avant Internet. La technique a bien évolué et le résultat est tout simplement bluffant, même par dessus des lunettes de vue. Les photos, à la base en 2D, ont été retravaillées pour offrir un rendu très réaliste. C’est l’atout fun indispensable à la réussite de cette opération. L’absence de rédactionnel dans cette version ne pose d’ailleurs pas de souci et permet de se concentrer sur les images. On notera aussi l’existence de deux autres versions plus compactes et moins chères : les « Little Book of » qui sont en fait un Best-of des photos sans les textes, une version sans réel intérêt pour les connaisseurs que nous sommes, et les « Little Big Book of » qui reprennent la version classique avec un format réduit et plus de pages, intéressant mais moins pratique à regarder en groupe. La collection n’étant pour l’instant pas rééditée, il va falloir vous dépêcher pour trouver les versions grand format là où il en reste, sous peine de devoir vous rabattre sur ces alternatives.
Maintenant que vous avez les bons outils pour introduire le porn comme sujet de conversation respectable, il va falloir bosser la stratégie. Dans ce genre de mission, il n’y a pas de seconde chance et sans plan vous allez juste passer pour un-e gros-sse pervers-e. Pas question d’arriver comme une fleur et poser la pile de livres sur la table. Perso, j’ai une technique un poil fourbe mais très efficace : alors que la discussion enfants/travail/Game of Thrones bat son plein, je repère un convive silencieux qui s’ennuie et je lui apporte de façon détendue le Big Book of Breasts 3D en lui faisant un clin d’œil. Rien que le fait de se lever et d’aller chercher quelque chose dans la bibliothèque attise la curiosité des autres. Si vous rajoutez le clin d’œil ostensible et le fait que mon involontaire complice chausse ces lunettes venues du passé, le centre de l’attention change d’endroit. A la vue du contenu du livre, les critiques sexistes et les remarques fusent rapidement, c’est la suite logique. Je retourne alors chercher le reste de la collection et offre le Big Book of Penis à la femelle alpha du groupe. Cela a pour effet de l’occuper aussitôt et le reste de la meute se jette naturellement sur les autres volumes. Le climat est maintenant propice pour aiguiller les débats vers le thème de votre choix : pour ou contre l’épilation, les prothèses mammaires, la girl next door est-elle l’avenir de la femme ? À vous de jouer.
La série des « The Big Book of » est donc un excellent point d’entrée à la culture porn, que ce soit entre amis ou pour votre éducation personnelle. Le travail de recherche sur les modèles et l’histoire nous permet de mieux appréhender cette culture et les tendances actuelles qui en découlent. Si toutefois le coté intello barbe vos amis, vous pouvez toujours utiliser les livres pour jouer au jeu du copier-coller avec eux. Il consiste à deviner à quel cliché correspond leurs attributs, pour ensuite plaquer les livres sur les zones en question et envoyer les photos sur Facebook. Poilade garantie avec la version 3D. Et comme dit le vieil adage : amis qui rient sont à moitié dans votre lit. D’ailleurs, vous faites quoi samedi prochain ?
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