Mpeg, mensonges et VHS

Toi, VHS de Basic Instinct trouvée dans un tiroir où était écrit un énigmatique «- 16 ans » je t’aime. Je te dédie cet article et je rends hommage à cet ami qui l’œil fou distillait des plans culs accessibles dans la cour de récré. La musique de Jerry Goldsmith passée et repassée, le frisson d’être grillé, les après-midi à chercher du poil, le paluchage frénétique, la gorge serrée et la détermination des grands curieux ont forgé un caractère à rude épreuve quand il s’agissait de trouver du support à écume. Et toi, VHS, tu étais la première, tu fus le dépucelage visuel de mes douze ans, je te dois tout. Tu étais mon ami à bande, la petite brique de plastique au pouvoir incandescent qui m’envoyait mes premiers shoots d’endorphine les après-midis (bien) trop tranquilles. Et quant à toi Michael Douglas, ne feint pas l’innocence, on était bien deux sur le coup et j’ai vu ta bite aussi, image par image, ouais tu lui mettais bien à Sharon, y’avait pas de doute. Enfoiré, j’aurais voulu qu’on échange les rôles.

Basic Instinct Sharon Stone

Modem 56k, je t’ai aussi aimé. J’ai tellement ri quand cette petite vidéo de 3 mo trouvée sur un serveur hotline, là où les vrais explosaient leur facture de téléphone, m’est apparue. Tu es étais tout sale et mal encodée, je te dresserai un jour un temple où j’irais déposer les offrandes de mes pollutions. Tu devais t’appeler anal quelque chose, peu importe, tu étais généreuse dans tes 2min45. La bonne affaire que ce threesome en compagnie de grosses putes, excusez moi le terme, deux grosses belles salopes comme on aimait à appeler les actrices du porn crade de l’époque. Ouais, l’homme-pieu t’enfonçait sa création dans des profondeurs interdites. Oh tu aimais tant ça, tu étais dingue de coke et ton regard fou rencontrait avec fureur ta copine. Tu lui disais avec le questionnement naïf des situations les plus ridicules « Is he fucking my ass » ? Tu devais être sacrement camée ma belle pour te poser une telle question, l’homme-pieu carburait trop sec dans ton fondement pour que tu ne t’en rendes pas compte. Ton amie, la superbe, répondît ces mots qui résonnent encore dans ma tête et resteront gravés à jamais : « Yes he’s fucking your ass ! ». Merci. Merci encore et toujours d’avoir aidé ton amie, de lui avoir confirmé cette rumeur persistante de la présence d’un membre prenant difficilement place là où Dieu sait qu’il n’est pas aisé d’y entrer. Tu avais la défonce naïve, j’avais la curiosité des grands jours, tu étais empalée, tu m’avais emballé.

Et vous deux, petites frenchy débarquées par je ne sais quelle astuce dans une superproduction, vous dansiez le french can-can comme deux grosses nouilles ridicules. Ta copine était trop timide pour parler. La gêne face à cet acteur fort connu dont le nom m’échappe et qui avait l’air aussi interloqué que moi en entendant cette phrase sortie de ta bouche alors que tu lui introduisais un dildo rose prêté par notre pote et que tu constatais avec étonnement l’humidité présente. Tu as dit « I can feel itssss ». Je suis de suite tombé amoureux de ton erreur, petite farceuse débile à l’accent au couteau, tu étais encore plus mauvaise que moi et ca m’a plu. Et que dire de l’énormité de ta phrase. Quelle farce. Le déclin de la civilisation. La provocation gratuite. J’avais baissé le rideau, dans le noir en plein après-midi et la gueule collé à l’écran je voyais bien qu’avec ton gant french-cancan tu ne pouvais rien sentir. Ok il t’avait demandé si c’était mouillé, t’aurais pu répondre simplement « Ouais, pas mal », non il a fallu que tu fasses ta maline et te planter en beauté avec ton anglais foireux. Qu’est ce que j’ai aimé cette vidéo, je t’aurais épousé pour si peu. Je me rappelle aussi que ta copine muette aux cheveux à la garçonne ne disait rien mais faisait beaucoup, je l’ai noté, bien m’a pris.

Et qu’êtes-vous devenues, vous autres vidéos sagement planquées dans un répertoire appelé « dfjhkdh », trainez-vous encore sur des sites de streaming ? Comment pourrais-je retrouver cette scène dingue de FFM, filmée en amateur par je ne sais quelle quatrième larron bien informé. La vidéo sautait de partout, le mec assurait comme un salaud avec deux belles cochonnes sur fond de high energy poussée à bloc. Le drapeau américain devait flotter fièrement sur le toit de la maison en cette chaude fin d’après-midi de la banlieue de Phoenix. L’Amérique pays de la liberté qui dressait avec puissance un threesome dingue à la gueule d’un petit puceau parisien qui découvrait avec joie et émotion son premier asslick entre deux images vertes fluos ultra pixélisées. C’était sale, c’était bon, j’aimais cette vidéo et je passais mon temps à l’oublier pour la regarder comme au premier jour. C’était comme cacher un souvenir un peu honteux mais obsessionnel. La vidéo interdite, les premiers fantasmes, le rock ‘n roll mes amis.

Et vous autres, où êtes-vous passés ? Dormez-vous dans un DVD archivé perdu à jamais ? Nous Retrouvons nous un jour sur un site de partage ? Est ce qu’on se rappellera le bon vieux temps où on prenait le temps de s’apprendre ? Vidéos mal encodées, VHS bousillée, support de mes fantasmes, vous étiez mes amies, mes copines, vous avez vu grandir mes désirs et s’éloigner mes illusions. Je vous dédie ce billet doux à la nostalgie du pixel, camarade.

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  • Nom de Dieu… cet article est magistral.

  • Vraiment excellent cet article! Toute une génération s’y retrouve! Je me souviens d’avoir eu par hasard sur une vieille VHS d’un film d’action à deux balles enregistré sur canal ,la bande annonce de Showgirl…Vous vous souvenez qu’on programmait le magneto toujours 5min avant et 5min après le film pour être sur de rien rater! Et là, j’avais eu le droit à la bande annonce de ce film! Toute mon adolescence en est resté marquée! Le lap dance d’elizabeth berkley est une pure tuerie, dont les seules deux ou trois images dont je disposais à l’époque suffisaient à me filer une trique d’enfer! Le mieux, c’est que j’ai retrouvé cette video sur un tube dernièrement, genre 15ans après la première expérience: et d’un coup tout m’est revenu! Ma madeleine à moi c’est Elizabeth Berkley, et cette putain de bande annonce chopé par hasard!

  • et les CD trouvables dans les magasines qui contenaient des jeux, et qqpart des photos, des applications se trouvant dans une section « charme »… les disquettes échangées à la cour de récré, on se refilait les meilleures prises qu’on trouvait sur le net, les connexions étant chères …
    et ces 1ères années de sexualité, où rien qu’à l’imagination on bandait et on se finissait… l’enfance quittée, on se rend compte qu’on ne rêve plus, et qu’un porno sur le net d’aujourd’hui, c’est une routine qui aide à fermer les yeux la nuit,avant que le jour n’arrive.

  • C’était super.

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