Sybian Mobile Disco : L’Amour à la machine

Inventé au début des années 80, destiné principalement à des stimulations clitoridiennes, le Sybian se veut plus que tout Rocco Siffredi en herbe, une machine à orgasmes. C’est au début du 21ème siècle que l’ado que j’étais rencontra l’engin pour la première fois, alors que je commençais à peine à tracer mon sillon sur le chemin de la virilité. Récit d’une rencontre ou le Tome 1 de la construction d’un garçon sensible.

J’étais jeune et la relation naissante que j’entretenais avec Internet était déjà intense ; plus âgé que moi il était déjà bien avancé sur les choses du sexe. Il n’était pas tout à fait devenu ce qu’il est aujourd’hui en terme de streaming, mais il avait déjà mis pas mal de ses exploits en ligne sur sa vieille mule. Moi, j’étais encore un Junior, un ou deux perfs suffisantes pour me ranger dans la catégorie de “ceux qui l’ont fait” dans la cour du lycée, mais rien de bien glorieux en y repensant. C’était l’époque où regarder une vidéo avec des teens était juste le moyen de retrouver des filles de mon âge. C’était bien avant que ça devienne une passion qu’il faudra peut-être un jour expliquer devant un juge.

Encore faut-il savoir s’en servir.

Me voilà donc un soir d’été à traîner sur le terrain vague des sites de vidéos en ligne. L’aperçu de cette petite blonde aux cheveux frisés me tentait bien et un clic plus tard la voilà qui se déshabille devant moi. Une étrange machine est posée devant elle. Une sorte de cheval d’arçon auquel on aurait ajouté deux petits bouts de latex. Ma copine pour les minutes à venir s’assoit sur l’engin, le premier bout de latex posé sur son clitoris. L’homme derrière la caméra démarre la machine, emplissant la pièce d’un bruit de moteur étouffé. Vingt minutes plus tard, la vidéo est terminée, mes mains sont toujours posées sur mon clavier, mon pantalon encore sur les genoux. Tellement surpris par ce que je viens de voir que j’en ai délaissé ma quine. La fille criait sans crier, pleurait sans pleurer, l’adolescent que j’étais venait d’apprendre ce qu’était un orgasme, à mille lieux des habituels gémissements monotones des pornstars que j’avais l’habitude de côtoyer. Internet faisait déjà son travail et m’apprenait tout plus vite que la vie. Quelle était donc cette machine qui avait réussi là où tous avaient échoué ? J’étais détruit. Mon adolescence, qui arrivait à son terme, m’avait pourtant permis de me construire des bases solides : l’homme, la femme, l’orgasme. Je m’apprêtais alors à affronter la vie sexuelle serein et confiant ; ces heures perdues à écouter Difool allaient enfin payer. Mais non, deux bouts de plastiques venaient de tout remettre en question.

La mini-jupe ecossaise, mieux que le carbone 14 pour dater les 90’s.

Le lendemain ne fut que doute et attente. J’ai attendu que la nuit tombe (et que mes parents, endormis, ne soient plus un obstacle) pour poursuivre mes recherches. Me revoilà devant l’ordinateur, pantalon sur la taille cette fois-ci. Je trouve plus d’infos sur l’objet qui se fait appeler Sybian, un nom de femme. Qui d’autre aurait pu détruire les restes de ma virilité en si peu de temps ? Je tape ce nom dans un moteur de recherche et d’un coup, une multitude de vidéos s’offrent à moi ; dont une grande partie filmée sur le show d’Howard Stern. L’animateur radio qui n’a jamais vraiment cessé de parler de porn sur les ondes ricaines fait tester l’engin à de nombreuses élues. Les All Star Porn des 90’s sont là, Tera Patrick, Gyna LinnCarmen Electra. Elles étaient alors mes amies d’enfance, remplacées par les Sasha, Jenna ou Lucy de notre époque. J’étais sûr de moi, elles allaient m’aider à remontrer la pente, à reprendre confiance. Elles qui n’étaient pas là pour chasser le moustique ne pouvaient pas se faire avoir pas les vibrations trop machinales du Sybian. Carmen Electra, la plus control freak de toutes, sera ce soir-là ma beta-testeuse. Devant la machine elle s’avance, fait la maligne, doute et jauge, puis craque. Elle recouvre les bouts de latex de sa mini-jupe écossaise et attend que ça passe. La puissance des vibrations augmente et le malaise commence déjà à perler. Elle n’en peut déjà plus alors qu’on atteint à peine 30% des capacités de la machine. On monte la pente, 50%, 60%. Carmen est en montée, sauf que ce soir-là, la MD est en plastique et s’active à l’aide d’une télécommande. Elle s’oublie et se perd devant mes yeux ébahis. Elle rigole l’air gêné, la pudeur prenant la fuite. L’orgasme est là, à portée de lèvres et elle craint de l’atteindre face caméra. Quand il lui tend les bras, Carmen se lève et s’extirpe du Sybian dans un mouvement de recul. Refusant le combat ; elle abandonne avant le KO. Mes derniers espoirs résident alors en Tera et Gyna, allaient-elles tenir, seraient-elles là pour démontrer que tout ça n’était qu’une immense supercherie, deviendraient-elles les ultimes arbitres de la bataille finale entre l’homme et la machine ? À leur tour, elles craquent. Les kilomètres de verges qu’elles avaient vus passer n’avaient pas l’air de suffire, la machine avait gagné et Henry Ford se touchait dans sa tombe.

Toujours pas …

“Mais alors quoi ?” me disais-je nu sur mon tabouret, le visage éclairé par la lumière blafarde de mon écran. Pourquoi donc me jeter dans l’arène du sexgame, s’il était déjà perdu d’avance ? Je regardai autour de moi, il n’y avait personne. Personne pour voir ce que j’avais vu, je me senti alors presque sauvé. Si jamais la nouvelle se répandait, j’étais perdu, la gent féminine ferait une OPA sur ces machines et nous serions tous tués. Pour moi, la suite ne fut qu’humilité face au culte de la performance et réflexion devant cette concurrence que je jugeais déloyale. Les câlins et la douceur des garçons sensibles ou la violence maîtrisée des hommes virils me semblaient être les seuls atouts en ma faveur pour défier la bête en plastique sur un terrain plus favorable.

J’ai tout de même tracé ma route, la quine entre les jambes, acceptant dans un coin de ma tête ce nouveau défi. Car comme me dit un jour un moine bouddhiste : une machine sera toujours là pour me remplacer.

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