Net Video Girls, je recherche des sensations

Il y a ces kilomètres de porn que tu oublies aussitôt la séance de fap finie, puis il y a les autres. Ces rares moments qui te poursuivront chemin faisant sur les routes étroites de la vie par procuration. De ceux-là, si je devais n’en garder qu’un, si je devais en faire mon porno totem, si je devais lui ériger un autel et y déposer mille vierges en offrande, ça serait sans nul doute pour NetVideoGirls. Voilà plus de dix ans que ce type fascine et incarne notre sous-culture, loin des poncifs du genre.

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Sur le web, dans le net, je ressens des sensations

Tout commença là où le porn avait émergé, au détour d’un virage technologique où le RJ-45 ne trainait plus dans un tiroir. Dans sa deuxième mutation en haut débit, celle qui m’ouvrit les portes vers un trésor infini et des heures de recherche sans compteur, là où je me baladais à la recherche de mes premiers tags parfaits. Passant vite d’un niais “sex” à des demandes plus précises, j’aspirais ce qui me tombait sous la main pour extraire avec le tamis de mon mojo, l’essence même de ce qui me faisait bander.

Puceau évidemment, mais avide d’aventures, je cherchais autour de moi tout ce qui pouvait me rapprocher d’une hypothétique première fois. J’avais déjà compris que les fantasmes sortis de l’imagination de gars qui avaient trop roulé leur bosse dans le jeu étaient finalement chiants et irréalisables. Quand t’es adolescent, l’esthétique pure tu te la carres derrière l’oreille, ce dont tu as réellement besoin s’exprime en sensations. Je délaissais alors les scénarios foireux et le porno pratique, pour me concentrer sur mes désirs qui devaient se réaliser sur écran. Car si la vie avait décidé de gentiment me foutre des bâtons dans les roues pour accomplir ce schéma pourtant assez simple : bisous-complicité-mon sexe dans le tien ; pourquoi ne pas le vivre à travers quelqu’un ?

J’ai perdu le fil du comment, mais j’aimerais bien retrouver le début du pourquoi. Disons qu’une entité supérieure a déposé dans un dossier caché mon premier netvideogirls, une sorte de cyber-cigogne qui voulait apaiser ma frustration, à moins qu’Internet soit juste grand et que nous lui devions tout. J’ouvrai alors le machin et j’appuyai sur play, l’air déjà blasé.

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Normal, innocent girls transformed right in front of your eyes.

Ce n’était pas un porno comme les autres, c’était une histoire, le meilleur des scénarios car il était la matrice de tous les autres qui s’agitaient dans ma tête. Une audition bidon, prétexte à baiser, des filles de tous les jours et un plan POV où l’on joue sur l’ambiguïté d’une relation peut-être forcée. Le plan classique en somme, comme pouvait déjà nous fournir la corne d’abondance qu’était devenu internet au début des années 00s. À la petite différence qu’au lieu d’être un casting pénible organisé par cette crapule de Woodman, c’était un gars dont on ne voyait jamais le visage qui s’y collait avec sa voix obsédante. Et de ces débuts où l’attente était interminable, à maintenant où je me demande bien que faire, l’excitation est restée intacte.

Invariablement la même intrigue, une fille passe un coup de fil à notre pote pour faire des photos pour un calendrier dont on ne verra jamais la couleur. Au plan suivant notre héros se confie à voix basse et nous décrit la fille qui va débarquer, puis magie du montage on sonne à la porte. L’ellipse est fulgurante et la victime pimpante et heureuse quand elle met les pieds dans la tanière du loup. Mais à la vue de la DV, elle recule. Toute la crédibilité de Net Video Girls réside dans ce jeu de méfiance chez l’actrice, souvent amatrice, ou semi-amat, mais certainement pas dupée.

Les questions s’enchaînent et la fille n’est pas à l’aise. Il la rassure et use de son autorité pour lui rappeler qu’elle n’est pas la seule à postuler et qu’elle ferait mieux de suivre ses instructions si elle ne veut pas se retrouver dehors à chasser les moustiques. Notre ami s’approche, de plus en plus près, sa voix est envoûtante, teintée de perversion sans jamais être vulgaire. Il est ce petit bonhomme dans ta tête, celui qui te pousse à agir même quand l’anguille te glisse entre les doigts – la face cachée de Jimmy Cricket. Face à sa proie son leitmotiv est invariable, sa punchline c’est ce “Oh my God, look at you” qui inverse les rôles, pousse la victime à déculpabiliser en se représentant un miroir et à oublier que la caméra tourne.

J’aime assez tes miaou miaou. Griffes dehors moi dents dedans. Ta nuque voir de ton joli cou…

Enfin, il lui touche le visage et c’est le signal, le point de bascule de ces auditions, celui où la fille va changer d’attitude et passer de la résistance à l’ouverture. Cette main portée au cou, symbole d’une tendre domination qui transforme la bête effarouchée en animal docile. L’excitation est totale.

Elle passe de l’innocente fille de la rue venue pour faire quelques photos sans trop savoir pourquoi, à celle déterminée à s’envoyer en l’air et passer du bon temps. La réalité éclate sur l’écran : derrière la fille lambda que tu n’osais pas aborder parce que tu pensais qu’il y avait mieux ailleurs se cachait en fait une petite coquine prête à tout calmer. Le but de NVG est de tomber amoureux, c’est le regard qui importe et la confession que livre la fille en dégrafant le pantalon de cet anonyme.

Car ce mec est plus que commun, il a un sexe de taille moyenne et il ne flirte pas avec la performance. L’humanité dans sa petite entreprise fait un doigt d’honneur à ces rangs d’acteurs sans âme. La fille est tout aussi banale, sa sexualité est un peu gauche, de l’à peu près qui ressemble à s’y m’éprendre à une première fois un peu gênée qui se fixe au réel. Elle jure ne pas jouer, d’être une vraie naughty girl, que tout cette scène n’aurait pas du arriver. Quand le porn s’approche de nous, on s’immerge et on y croit.

Le résultat est gentiment sale comme une baise d’après-midi qui te tomberait sous le pif. On s’écarte de l’image que donne la porn valley, on est ici dans le concret de la vie : de partir plus loin enfiler une capote, de l’attente et des défauts qui donnent le vrai goût aux choses. A l’opposée des vidéos kleenex dont on ne retrouve jamais la trace, Net Video Girls relie chaque vidéo au prénom de la fille qui devient un souvenir. Ce sont des vidéos fétiches qu’on collectionne, qu’on se repasse et qu’on suspend au dessus de nos têtes comme une relique du Porn avec le grand P de la Possession.

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Les nuits d’ivresse

Je suis tombé amoureux de chaque fille. Une par une car j’étais lui, j’ai vécu ces mille aventures. J’ai plongé ma tête dans ces pixels comme on se jette dans la mer les soirs d’ivresse. J’ai nagé dans cet océan de frustration à en boire la tasse et recracher des litres de larmes en criant à cette vie qui ne voulait pas m’offrir ces délices tant espérées.

Chaque scène est une histoire que l’on s’approprie, chaque détail nous appartient. On pourrait longtemps parler de ce site et de ses trésors. Des rares threesomes et des dizaines de minutes de négociation. Des filles qui cèdent vite, des autres, de celles qui reviennent, de celles qui sont mauvaises, des celles qui t’explosent le crâne ou de celles qui incarnent le porn définitif. De cette scène dont j’ai perdu la trace où l’on aperçevait furtivement sa tête, de ses chaussures bizarres, de sa voix, de sa bite, de ses complices… On pourrait tellement en dire qu’on en ferait un recueil qui serait notre Bible.

Alors toi, l’anonyme au petit sexe qui disait ce fameux look at you à ses victimes consentantes, je te dédie mes après-midi de glande, mes soirs de défonce et ces instants d’espérance. J’ai longtemps marché à tes côtés pensant trouver la vérité et apprendre à passer derrière cette poisse qui me collait aux basques, je continue encore à te suivre de loin car j’ai la nostalgie camarade.

Le rapport que j’entretiens avec le porn est simple, si le sexe est un moment de partage, la masturbation l’est tout autant. Même si elle parait à sens unique, une interaction se forme sous nos crânes fumants. Elle est là l’imagination, elle n’avait finalement pas disparu, elle s’était juste cachée car nous pensions être aveuglés par toutes ces images. Le porn ultime, le tag parfait, c’est celui qui vit et s’agite en nous, celui qui nous fait sortir de la masturbation pratique pour arriver à la véritable relation sexuelle avec soi-même.

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Au prochain fap

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