My Porn Productions, opportunisme énigmatique

Vous avez dû voir passer cette info un peu partout depuis quelques jours, de Libé à 20Minutes en passant par L’Express – et tous les sites d’actualité qui reprennent des infos sans rien vérifier, dont on évitera de citer les noms pour ne pas leur faire de pub. BREAKING NEWS : La parodie porno de DSK est dans les tuyaux, elle s’appelle DXK, c’est Roberto Malone  qui devient la doublure de DSK, et Katia de Lys celle de Nafissatou Diallo. On ne va pas s’étendre sur le film en lui-même, mais sur les doutes que nous (et une partie de la profession) avons sur la société MyPornProductions, à l’origine de ce projet. C’est notre côté Bernard de la Villardière, protecteur de la veuve et de l’internaute.

Pour financer le film, ainsi que deux autres, My Porn Productions fait appel aux internautes, du crowdfunding à la manière de MyDorcel.com qui avait ainsi produit Mademoiselle de Paris l’année dernière.

Jusqu’ici, rien de très anormal. Mais les budgets annoncés pour produire ces trois films nous ont interpellés. En effet, 200 000 euros pourDXK réalisé par Christophe Clark, c’est beaucoup… D’après nos infos, une production de Clark oscillerait autour de 20-40 000 euros, les photos du tournage montrent d’ailleurs une production plus proche de ce budget que d’une super-production. Encore plus incroyable, les 140 000 euros demandés pour le film de Fabien Lafait, habitué aux productions à quelques milliers d’euros. Enfin, 100 000 euros pour un film de Ian Scott qui ressemble plus à un casting amat qu’à un véritable film, il y a de quoi rester perplexe. Il est vrai que Mademoiselle de Paris a coûté 175 000 euros, mais la société Dorcel possède également les plus gros budgets européens, très au-dessus de la moyenne hexagonale.

Un joli camembert nous explique comment l’argent va être réparti… et tout de suite, on comprend mieux la manip’. Dans le cas de DXK, ce sont 40 000 euros qui partiraient dans la com’ et le marketing. C’est… très ambitieux.

Que des producteurs profitent de l’actualité pour se prendre une copieuse marge au passage ne nous dérange pas, sauf si c’est sur le dos d’internautes coproducteurs. Une phrase sur leur site a attiré notre attention et elle est pour le moins énigmatique :

Les Bénéfices Redistribués de chaque production correspondent aux Revenus Nets générés par l’exploitation du film moins l’ensemble des charges de production et de communication, ainsi que les taxes, au prorata du nombre de parts souscrites.

You need explanation ? Si on en croit donc leur système de redistribution, l’internaute qui a investi une part (50 euros) dans le film, ne pourra prétendre récupérer son premier centime que lorsque cette part (correspondant aux charges de production et de communication) sera remboursée par les revenus nets générés par l’exploitation du film. Étrange système où le coproducteur-internaute devient mécène à ses dépens. Sauf erreur, et en attendant plus d’informations via les conditions générales encore indisponibles sur le site, l’internaute ne récupérera donc pas sa mise de départ sauf si le film devient rentable. Dans le cas de MyDorcel, l’argent était redistribué dès le premier centime touché par l’exploitation du film. Sauf erreur de notre part ou coquille dans le texte, ça sent la filouterie. Mais ce n’est pas tout…

“MyPornProductions est un conglomérat international établi à Honk Kong et à Londres, regroupant professionnels de l’Industrie du Charme et professionnels de la Finance d’Investissement.(…) Afin d’assurer une totale discrétion tant pour ses concepteurs que pour ses investisseurs, MyPornProductions a choisi de conserver l’anonymat de son actionnariat et de tous ses producteurs Internautes, préconisant la mise en avant des projets cinématographiques, leurs réalisateurs et leurs acteurs.”

Des professionnels de l’Industrie du Charme qui souhaitent être les plus discrets possible, tellement discrets que la licence d’exploitation est basée à Londres et fondée seulement depuis le 30/08/2011. La société qui coproduit les films est elle basée à Hong Kong et existe depuis le 06/09/2011. Et pour donner encore plus de transparence aux internautes prêts à investir dans le projet, le nom de domaine est enregistré aux Bahamas, paradis de la création d’entreprise offshore. Beaucoup de précautions mais surtout beaucoup d’anonymat comme si le porno était devenu illégal… Enfin, un petit tour sur le compte Twitter de MyPornProductions nous indique qu’ils sont prêts à tout pour qu’on parle d’eux… jusqu’à retwitter des aberrations :

Sachez que DXK a été tourné, que les acteurs ont bien rigolé et ont donc été payés, ce qui sous-entend que le film a déjà été acheté. Vous allez dès lors avoir du mal à accéder à ces…

“Privilèges exceptionnels (assister au tournage, écrire votre scène, jouer dans une scène…” ou “Observer l’évolution de votre production aux travers de multiples informations vidéos.”

Étonnant, non ?

[EDIT] Le site a été mis à jour avec les Conditions Générales de Coproduction (lisez particulièrement les index 6 et 7) et un FAQ bien utile. Comme supposé plus haut, ne comptez pas récupérer un jour votre mise, vous investissez pour accéder à certains privilèges exclusifs (images du tournage, suivi de la prod…) et si le film marche et fait des bénéfices, à des dividendes. Le terme de coproducteur est donc ici mensonger car vous ne pourrez pas récupérer votre part de coproducteur liée au chiffre d’affaire du film au prorata de votre investissement, comme cela se fait lors d’une coproduction classique ; considérez-vous comme un mécène. Nous sommes face à une vraie-fausse escroquerie. En effet, tout est écrit noir sur blanc, et vous devez valider ces conditions avant d’envoyer l’argent. Vous ne pouvez pas vous retirer après coup et si l’idée vous venait de porter plainte contre My Porn Productions, sachez que vous êtes assujettis au droit en vigeur à Hong Kong. Bonne chance.

Nous vous conseillons en aucun cas d’investir dans cette boite si vous comptez un jour faire du profit, car les sommes demandées sont beaucoup trop importantes et ne correspondent pas à la réalité du marché, vous ne ferez qu’enrichir des gens peu scrupuleux qui contrairement à ce qui est écrit sur le site, n’appartiennent pas au milieu porno. Les différentes personnes contactées du milieu du X français nous ont – sous couvert d’anonymat – confirmé ces infos.

[EDIT 2] Les CGU et CPC viennent encore de changer, ça ressemble moins à une filouterie mais ça reste toujours assez obscur. Comme on va pas s’amuser à trainer sur le site tous les jours, ça sera le dernier edit. Sachez tout de même qu’on s’est fait menacer suite à cet article, et qu’on leur a proposé un droit de réponse, resté lui sans réponse. [EDIT 3] Les CGU et CPC ont encore changé, on est revenu au point de départ avec quelques modifs. SERIOUS BUSINESS !

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