Eric Chandonnet : Victime de la porn
Eric Chandonnet – dit tchendoh – est auteur, scénariste et blogueur. Depuis deux ans il s’occupe de la chronique “Victime de la porn” du magazine en ligne canadien Nightlife, où à travers le prisme de “la porn”, il décortique les relations hommes-femmes. On est allé à sa rencontre, voir si le rapport au porn des Québécois était différent du nôtre.
Peux-tu nous définir une “victime de la porn” ?
C’est le gars qui veut que sa blonde fasse du ass to mouth. C’est la fille qui veut un homme avec une schlong (teub) de 12 pouces qui bande toujours. C’est la personne qui écoute (regarder) zéro porn et qui n’arrive pas à suivre les conversations de ses amis, ou l’autre qui en écoute plein et qui n’arrive pas à être satisfait dans un couple conventionnel. On est tous VDLP.
Qu’est ce qui t’as motivé à commencer cette chronique ?
Une fille de Nightlife a lu mon blog 10putes.com qui marchait fort pour un blog perso et m’a proposé d’écrire pour eux, sans sujets précis. Pour Victime de la porn j’avais envie de parler des relations hommes-femmes mais sous un angle différent. VDLP c’est pas une chronique de porn, c’est pas des reviews de dildo ou de films, et ma vie sexuelle est pas non plus intéressante au point de pouvoir écrire une anecdote par semaine.
J’ai déjà eu des commentaires qui demandaient quel était le rapport avec la porn mais c’est seulement un angle. Je peux parler de politique sous l’angle du gars victime de la porn. Et j’aime prendre cet angle parce que ça me rend inattaquable. Si je me prétendais un expert du sexe, ça ne passerait pas du tout. Alors que si je me présente comme un dude qui s’est tapé trop de porn sur l’ordi, j’ai une bien plus grande liberté.
Elles sont comment les filles à Montréal, elles parlent facilement de porn ?
C’est difficile pour moi étant donné qu’avec la chronique, tout le monde me parle de porn (trop) ouvertement. Je pense que les filles de Montréal sont comme partout ailleurs : elles adaptent leur discours pour être quelque part entre le pas trop prude et le pas trop perv. Après pour ce qui est de l’influence du porn sur les filles, je sais pas si ça a un rapport avec la porn mais très souvent quand une fille me parle de ses problèmes de couple, c’est parce que le gars n’y va pas assez rough. Mais bon je crois que le sexe rough a toujours existé, ça reste jamais mollo, dès que ça clique entre deux personnes ça le devient.
Tu utilises beaucoup d’anglicismes, vous utilisez aussi l’expression “fapper” chez vous ?
Je ne sais pas ce que c’est…
C’est l’onomatopée “fap fap fap.” (Je mime pour expliquer)
Pour se branler ? Pantoute (pas du tout), non, zéro, jamais entendu parlé. Tu m’apprends quelque chose je ne savais même pas que ça se disait en anglais.
C’est peut être dû à la tendance qu’ont les français à récupérer des mot anglais et les réutiliser – on a beaucoup d’anglicismes nous aussi. Quel est ton tag parfait et quels sont tes tags favoris ?
Ça change tout le temps, là en ce moment je trip sur les black girls, on dirait que leurs fellations sont meilleures, alors ça serait le tag #whitedicklovingsistas.
J’ai aussi eu un trip #reversecowgirl, qui est un tag génial si tu considères qu’à l’image c’est l’fun sauf qu’en vrai si tu me plies la queue dans le mauvais sens à un moment donné je ne vais plus rien sentir. C’est cool à regarder mais en vrai ça coûte… Ah, et un autre tag parfait : #buttjob
Est-ce que toi tu te définirais comme un garçon sensible ?
Je suis très sensible, je suis toujours curieux de savoir comment différentes personnes vont me percevoir d’après mes chroniques. Certains pensent que je suis un player, mais en vrai je suis un gars très timide, je sais pas trop draguer. Sensible, on me le sort souvent quand on me décrit comme writer.
Tu pécho grâce à Victime de la porn ?
Ouais, maintenant une majorité des filles que je me pogne (chope) ont un lien avec ça. J’ai quasiment plus rien à faire, ou alors quand je prends les devants c’est parce que je sais qu’il n’y a aucun risque.
Et sur Twitter ?
Pas évident de conclure en 140 caractères… J’ai une gueule ordinaire ; un blog personnel ; Victime de la porn, ; une page FB, c’est l’ensemble qui fait son effet, pas nécessairement Twitter. Le problème de twitter c’est qu’il n’y a pas de photos, et sur internet tout le monde peut-être joli avec une seule photo… J’ai tellement été déçu… Je préfère montrer plein de photos de moi où j’ai l’air normal plutôt qu’une seule très bien photographiée. C’est tellement déplaisant quand t’arrives et que « oh shit » la fille ne ressemble pas du tout à ce que tu attendais, et là, la veillée (soirée) commence et tu es pogné (coincé) pour deux heures.
Tu penses qu’on peut draguer en faisant une playlist de vidéos pornos comme on faisait avant avec des mixtape pour les filles ?
Je l’ai souvent fait, mais c’est quand la fille est déjà à moitié conquise. C’est cool – comme avec la musique – ça permet de voir si on partage les mêmes trips, et c’est encore plus intéressant de voir que souvent, dans la même scène, on est attirés par des trucs complètement différents.
Tu traines sur GoneWild sur Reddit et cie ? Il me semble avoir lu que tu préférais une fille qui semblait réelle à du porn industriel avec des filles siliconées…
Ahahah Reddit j’essaie de ne pas y aller, c’est comme Funniest Home Videos, si tu commences tu passes ta journée dessus… Mais Gone Wild le principe me branche pas tant que ça, les photos m’excitent si la fille me les envoie directement ; c’est plus l’intention derrière qui me plaît que la photo en elle-même. Savoir que la fille fait ça pour m’exciter ça me turn on, mais pas vraiment des photos de filles que je ne connais pas sur le web, ou alors faut vraiment qu’elles soient belles en criss (juron courant, équivalent de “putain”).
Ça t’arrive de t’exciter sur des textes ?
J’aime écrire des trucs de cul pour exciter les filles mais je ne suis pas vraiment lecteur. J’écris tout croche (comme je parle) mais il y a une raison à cela, la littérature érotique emploie des expressions comme « mon chapiteau de plaisir » qui ne me parlent pas… Peut être aussi que j’en ai jamais pogné de la bonne, mais j’ai besoin d’utiliser mes mots sinon ça devient ridicule et pas du tout excitant.
Ce qui me turn on c’est de faire venir la fille, c’est ce que j’ai trouvé cool dans l’interview avec Manuel Ferrara et c’est ce qu’il fait de mieux dans Raw : sa capacité à faire vraiment jouir les actrices. C’est ce que je cherche autant dans les actrices que les filles que je fréquente : qu’elles soient orgasmiques, qu’elles aient souvent des orgasmes et que je puisse le sentir.
Quand le cameraman est derrière on peut voir que le gars a de la misère (galère) à bander et la fille à venir mais là c’est juste un lit d’hôtel et une caméra sur trépied. Dans Raw tout est vrai, elles ne fake pas, elles viennent vraiment.
Les gens qui disent que la porn est dégradante ou pas excitante, n’en ont jamais écouté de la bonne. Moi c’est celle là que je conseillerais, surtout avec les françaises parce que je comprends ce qu’elles disent.
Tu as des acteurs / trices préférés ?
J’oublie toujours leurs noms. J’aime le couple Ferrara et Katsuni parce qu’ils parlent dans ma langue et qu’ils connectent vraiment. La porn québécoise, y’a rien de bon, c’est que des douchebag bronzés qui se branlent tout le long parce qu’ils ont de la misère à bander. Dorcel je déteste ça, parce que les filles ne parlent jamais : ils essaient de s’exporter à l’international du coup elles font juste des « hum hum » et ne parlent ni dans leur langue maternelle, ni en français. Faut croire que les baby boomers aiment les filles muettes dans des grandes maisons chics.
Alors ça serait quoi ton porno parfait ?
Ce serait la série RAW, mais ce qui m’énerve avec Manuel, c’est qu’il a une trop grosse graine (bite). J’aime quand les filles tripent parce que l’acteur a une grosse queue, quand les gars ont des schlong immenses ça promet de la performance, mais d’un autre côté je m’identifie et me projette moins. Quand je regarde un film j’essaie de faire comme si le gars n’était pas là. Je suis curieux de voir ce que va donner la 3D pour les POV mais je ne sais pas si je serais capable de me crosser (branler) avec ces lunettes. Déjà quand tu te fais pogner en train de te branler c’est gênant, mais te faire pogner en train de te branler avec des lunettes 3D sur le nez c’est pire.
Tout à l’heure tu as utilisé le mot « graine » pour la bite que je ne connaissais pas, justement c’est quoi tes expressions sexuelles favorites en Québécois ?
Déjà « bite » je déteste, c’est le pire mot pour parler d’un pénis, ever. J’utilise plus schlong, graine ou queue. Mais « bite » en québécois ça sonne mal, c’est trop proche du mot « a bit » – c’est ridicule. Dans mes chroniques j’utilise des expressions d’urban dictionnary, j’aime imaginer les lecteurs googler le mot et tomber sur des expressions. Le ass to mouth je l’écris « a2m » car seuls les gens qui regardent beaucoup de porn savent ce que c’est.
J’ai une copine qui dit « j’ai envie de me faire brasser »…
Encore une qui aime ça rough… Mais elle devait le prononcer autrement. Vous êtes vraiment nuls les français pour imiter les accents, c’est terrible.
Si on débarque à Montréal, où doit-on aller ? Quels sont les hotspots ?
Les danseuses ! Tout le monde nous parle de nos danseuses ! La grosse place dont tout le monde parle tout le temps c’est Chez Parée, c’est LA place de danseuses, là où dans le temps les meilleurs joueurs de Hockey allaient, c’est aussi là où sont les plus belles filles.
Propos recueillis par 0dd – Photos par Mathilde Savard-Corbeil
Déjà quand tu te fais pogner en train de te branler c’est gênant, mais te faire pogner en train de te branler avec des lunettes 3D sur le nez c’est pire.
Juste LOL 😀
Par contre c’est dommage on sait pas trop ce qui fait sur son site(blog).