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Pas facile d’exister quand on est un jeune pure player dans la cour de Google, pas facile non plus de pisser toute la journée de l’article pour faire plaisir à l’Analytics de son patron… Est-ce tout de même une raison pour raconter n’importe quoi sur n’importe quel sujet ?

Le business de la presse en ligne est assez simple : faire un maximum d’audience pour produire un maximum de pages vues (donc d’impressions, donc de revenus) et ce n’est pas en proposant un contenu de qualité qu’on résout cette équation. Certains optent pour la resucée de contenu “qui buzz”, (c’est à dire qu’ils traduisent vaguement les meilleurs top de la veille agrégés par Buzzfeed) ; tous postent des diaporama avec refresh entre chaque photo, d’autres travaillent le coeur du système : leur référencement.

La position de Google étant ultra dominante en France, les journalistes ou apprentis journalistes travaillent le référencement “naturel” de leur article, afin de mieux les positionner sur le moteur de recherche. Tout le monde le fait – nous y compris – avec plus ou moins d’honnêteté, on n’accuse personne, tout le monde est mouillé dans cette sombre affaire, et c’est normal.

Mais on aimerait vous parler du cas Menly, un pure player masculin qui s’invite depuis quelque temps dans notre veille porn avec des liens qui semblent au premier abord inoffensifs mais dont le contenu révèle parfois de TERRIBLES lectures (c’est bientôt Halloween, effet dramatique).

Ce magazine en ligne est un fourre-tout de rubriques diverses : actualité, buzz, trucs pour mecs, marques, sexo… avec pour unique but de faire péter son audience par une rafale d’articles tous certifiés SEO friendly (entre 5 et 10 par heure), avec leurs belles urls et leurs phrases chocs en gras (ne croyez pas qu’ils font ça pour que le texte soit lisible). L’histoire pourrait en rester là – la presse en ligne n’étant finalement pas plus sale que le porno qui abuse de ces #protip SEO -, sauf que derrière certains articles se cachent de bien curieuses analyses.

Menly pourrait se contenter de chier de l’article à la tonne comme leurs confrères avec leurs 500 signes réglementaires (suffisant pour le référencement), mais il semblerait qu’ils aient d’autres ambitions, comme devenir un pont entre GQ et Melty (bon courage). D’ailleurs Menly / Melty, ahah vous l’avez ? Bon…

On ne va pas non plus passer ce site au peigne fin – même si un confrère de So Foot pète actuellement un câble rond sur le fb chat – on va juste se contenter de sortir deux articles sur le sujet qui nous intéresse ici : LE PORN.

Emmanuel Bocquet est le spécialiste es-porno et PSG de Menly, un homme (certainement sous pseudo) à l’écriture fluide et professionnelle mais à la malhonnêteté journalistique étonnante, du genre à piger pour Atlantico. Quelques extraits de deux articles traitant d’un sujet en vogue : le porno « violent », le gonzo et les ados, pour vous donner une idée de son petit style, avec quelques tags pour vous mettre en lumière la méthode du loulou.

[…] depuis le début des années 2000, on assiste en effet à l’émergence d’un nouveau style de porno : le gonzo. Pas de scénario, pas ou peu de dialogues, rien que du sexe brut. Quoique « brut » n’est peut-être pas le mot qui convient. « Brutal » ou « bestial » seraient déjà plus adéquats. Entre gorges profondes forcées, gifles sur le visage – ou ailleurs – et positions humiliantes, on est plus proche de la bête sauvage que de l’être humain.

Tags : bestial, humiliation, bête sauvage, déshumanisation.

Mais les ados ? Lors des récents procès de mineurs impliqués pour viols en réunion ces dernières années, les « auteurs » ont souvent avoué qu’outre le phénomène de groupe, la représentation du sexe dans le porno avaient influencé leur perception de la sexualité. Pour eux qui n’ont connu que cette façon de faire, le sexe s’apparente à un jeu de soumission dans lequel la fille fait office de victime expiatoire. Et le pire, c’est qu’ils trouvent ça normal.

Tags : viols, influence, accusation, soumission, victime, normalité, fait divers.

Le porno serait donc devenu, depuis le début des années 2000, le mètre-étalon de l’éducation sexuelle, le ticket d’entrée et le mode d’emploi du sexe pour certains jeunes. Et pas seulement dans les halls de cité. La pornographie serait l’antichambre de la violence, où d’innocents adolescents se vautreraient sans vergogne pour en ressortir transformés à jamais en bêtes lubriques affamées de vice et de dépravation. Aucune étude ne démontre aujourd’hui une quelconque corrélation entre la banalisation de la pornographie et l’augmentation des crimes sexuels (d’ailleurs, est-ce l’augmentation des crimes sexuels ou l’augmentation de leur médiatisation ?). Mais l’idée est très répandue.

Tags : mode d’emploi, halls de cité (wtf dude ?), antichambre de la violence, bêtes lubriques, vice, dépravation, sous-entendu.

Emmanuel pratique une embrouille journaliste angoissante, il sort systématiquement un bon gros poncif moraliste, puis s’en décharge aussitôt en citant quelqu’un d’autre (il n’y a que très rarement de source, pour éviter de filer un backlink à un concurrent). Usant à foison du conditionnel, emmenant le lecteur dans une impasse, puis le sortant par un autre trou avec une malice éditoriale surprenante, qui ressemble sensiblement à quelqu’un qui vous montrerait une scène de crime horrible avec son suspect numéro un, tout en vous expliquant qu’ils n’ont aucun lien. L’allégorie de l’expression “j’dis ça, j’dis rien”.

Un drôle de jeu où Manu enchaine les raccourcis dangereux mais aussi les remarques pertinentes, tout en mettant sur un même plan : brutalité, porno, bestialité, adolescence, et en se gardant bien de conclure quoi que ce soit, puisque tout finit invariablement par le fait qu’aucune étude ne montre de corrélation entre porno “brutal” et passage à l’acte chez les ados. Le lien entre porno et crime se fait par contre mentalement, grâce au manque de concentration de l’internaute, et à son champ lexical orienté.

Mais, ce jeu d’équilibriste un peu bancal ne s’arrête pas là, quelques extraits de son dernier effort :

Deepthroat, DP, bukkake, squirt, dirty talk, ass to mouth… Aujourd’hui, n’importe quel gamin de 12 ans connaît la définition de tous ces termes barbares.

Tags :  barbare.

Du coup, la jeune génération s’est appropriée ses codes et ses pratiques et ont transposées dans leur propre sexualité ce qu’ils voient sur Youporn, Porntube ou XHamster. Un mimétisme qui mène parfois à de tragiques dérives, même si aucun lien direct n’a jamais été établi entre la consommation de porno et les viols ou meurtres à caractère sexuel. Mais les clichés ont la vie dure et le théorème pornographie = déviance = crime resurgit cycliquement.

Tags : tragiques dérives, déviance, crime.

Si certaines pratiques comme le SM sont ancestrales, d’autres ont été « inventées » ces dernières années. Et pas des plus délicates : gifles sur les fesses, les seins ou le visage, crachats, étranglements etc

Tags : la fessée aurait été inventée par le porn (c’est pas un tag mais ça nous fait marrer)

Evidemment, plus on en consomme et plus il en faut. Le porno est une drogue dure. Et comme pour toute drogue, arrive un moment où il faut augmenter la dose car cela fait moins d’effet.

Tags : drogue dure, augmenter la dose.

Poussées par le désir de percer dans un milieu où les candidates sont de plus en plus nombreuses et de moins en moins farouches, les actrices vont donc toujours plus loin dans le gore, donnant ainsi l’image de filles toujours plus soumises. Certains y verront la dépravation galopante d’une civilisation en perte de repères. Et la porte ouverte à toutes les dérives : pédophilie, zoophilie, viols etc. D’autres un défouloir et une façon de vivre une sexualité sans tabou et jusqu’au-boutiste. Le porno touchera-t-il un jour ses limites? Pas certain tant l’imagination et les fantasmes de certains sont de plus en plus élaborés…

Tags : gore, soumises, dérives, pédophilie, zoophilie, viols, défouloir.

Magie ou génie ? Notre pote (oui c’est notre copain maintenant, il a son petit cadre au bureau à côté de celui de Maïa Mazaurette) utilise en permanence le champ lexical de la dépravation, de l’humiliation et de la violence, puis se reprend et pointe “des gens”, cette forme abstraite et anonyme. Pauvre homme tiraillé entre ce qu’il pense vraiment (porno = danger !) et le besoin de pondre un article rapidement avec trois-quatre vagues sources mis bout-à-bout. Ce qui nous donne au final un exercice schizophrénique au café du Commerce, entre réalité et fantasme, entre déontologie et fainéantise.

Tout ça n’est pas bien grave et n’en ferait même pas un article sur Le Plus, sauf qu’en lisant ses articles, il en ressort un constat assez consternant : le porno est dangereux, il est devenu ultra violent, les ados sont en danger, internet, la peur.

Le porno n’est pas plus violent qu’avant, il est juste plus accessible, sa diversité est accessible, et la façon dont il est consommé a changé, il est devenu mainstream. Très peu de gens ont les chiffres sur sa consommation réelle, à part les tubes et les plateformes d’achats. C’est une autre réalité que celle d’un journaliste qui balance des généralités sans citer la moindre source ou étude, se basant sur ses dernières branlettes non assumées.

L’auteur de ces articles fait juste son taff de forçat du web, un sale taff où des mots doivent être accumulés et dont les articles se seront jamais vraiment lus. Le type peut alors se mettre en roue libre, car aucun connard (comme nous) viendra le tanner sur ce qu’il écrit. L’unique but de ces articles étant de placer du mot clé dans Google, peu importe le fond de l’article. Ici, Manu le Malinou cherche à se positionner sur la requête “Youporn”, en témoigne ces quelques belles url glanées sur Menly :

Voilà à quoi sert le porno dans la presse en ligne : à gratter du trafic, les réflexions derrière ne sont souvent qu’un ramassis brouillon de vagues réflexions histoire de remplir son quota de signes. Internet est cruel et ne garde en tête que deux choses : le titre et l’url, vous pouvez y balancer après tous les raccourcis, les poncifs, la morale que vous voulez, personne ne viendra vous emmerder. Joli métier.

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