L’homme qui aimait les tags
Que ce soit pour ses rayons de soleil, pour l’ouverture de la truite ou tout simplement pour son temps clément. Nous ne sommes pas indifférent à l’arrivé du printemps. Si je devais citer une personne particulièrement attachée à cette saison, ce serait bien Charles Denner. Dans l’Homme qui aimait les femmes, réalisé par François Truffaut, il incarne Bertrand Morane. Séducteur invétéré et amoureux des femmes avec un grand « F », son histoire relate ses expériences éphémères et audacieuses auxquelles il éprouve une certaine addiction. Film sorti en 1977, on y retrouve les prémices des tags dans une approche seventies qu’on saura apprécier aujourd’hui comme avant. Je n’avance pas là le fait que notre homme en soit l’inventeur, mais il illustre bien le principe de catégoriser les femmes. Certains diront que c’est naturel, d’autres verront une pratique sauvage digne de grosses buses. Mais notre pensée n’est-elle pas faite ainsi ? Naturelle et sauvage ?
Bon nombre de féministes ont gueulé – et gueulent sûrement encore – en voyant dans ce long-métrage, l’éloge d’un énorme queutard misogyne. D’ailleurs, en réponse à l’autobiographie que Morane désire publier, les éditeurs refusent catégoriquement son récit, selon eux, proche de l’overdose de fornications. Mais contre toute attente, son livre est finalement édité par une femme. Elle a su déceler en lui non pas un freak obsédé sexuel mais quelqu’un de sensible ne pouvant se passer de présence(s) féminine(s). Je mets les parenthèses parce qu’à un moment du film ça tourne au threesome.
Quand il n’est pas au plumard, Bertrand Morane part en reconnaissance à l’air frais, dans un monologue à la fois sublime et mythique. Dans ce passage du film, on peut voir notre personnage principal arpenter les rues, observant minutieusement toutes les femmes croisées sur son chemin. Il démarre alors une réflexion à base de structuralisme – terme cher à Lévi-Strauss – en distinguant deux types de femme : Les « grandes tiges » aux jambes interminables et les « petites pommes » aux formes et au charme généreux. Même en se risquant à vouloir décrire les tags de Béber, les images de l’extrait parlent d’elles-mêmes.
Aux premiers rayons de soleil du mois de mars. Comme si elles s’étaient donné le mot ou comme si elles avaient reçu un ordre de mobilisation. Elles surgissent par dizaines dans les rues. En robe légère et talons hauts. Alors, la vie recommence. Enfin ! On peut redécouvrir leur corps et différencier deux catégories : les grandes tiges et les petites pommes.
Bertrand poursuit ses observations anthropologiques, en partageant ses préférences pour les gros seins en hiver et les poitrines plus modestes en été. Il révèle ensuite un certain fantasme joliment décrit des jambes et plus précisément des chevilles :
Une belle jambe c’est très beau, mais je ne suis pas ennemi des chevilles épaisses. Je peux même dire qu’elles m’attirent, car elles sont la promesse d’un évasement plus harmonieux en remontant le long de la jambe.
#grandetige ; #petitepomme ; #bigtits (hiver) ; #titless (été); #thickankle… Bertrand Morane n’a pas attendu les youporn et compagnie pour nous dévoiler ses tags parfaits, in real life, en pleine rue. Il met ses mots sur le corps, sa pensée, ses désirs seventies et ses questionnements. Il nourrit sa prose au rythme de ses rencontres. Nous on écoute, on contemple tout en profitant du printemps. Le porn printanier c’est peut-être ça aussi, des tags soft et de l’outdoor…
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