Adieu Gérard de Villiers

Mon cher Gérard, mourir à la Toussaint, voilà une fin que tu aurais pu donner à ton héros, le prince Malko Linge. Tu avais cet humour des réactionnaires de droite, cette galéjade qui n’appartient qu’à ceux qui ont connu le temps des colonies et que peu de monde regrette. Tu mettais tout ça dans tes SAS, romans de gare par excellence, dont tu choisissais toi-même les modèles pour la couverture.

Ces femmes guerrières, armées, au regard féroce, elles ont été les premières images érotiques pour beaucoup d’entre nous. Cette esthétique kitsch s’est répandue, même Helmut Newton a voulu réaliser un de tes couvertures. Avec les scènes de sexe dans les bouquins que tu écrivais toi-même, tu faisais bander nos darons depuis 50 ans. Et tu continuais mon salaud. Tu as eu la trique jusqu’au bout puisque ton 200e SAS est sorti en octobre dernier.

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Les aventures de Malko étaient souvent inspirées de vraies infos que tu obtenais auprès de tes relations dans les milieux de l’espionnage ou sur le terrain comme en Libye, en Afghanistan, où tu t’es déplacée. Je n’ai jamais lu un seul SAS, bien trop mauvaise réputation, comme toi. Mais le portrait paru dans M le magazine du Monde m’avait donné envie d’en acheter un, ainsi que ta reconnaissance par le New York Times. Je souhaitais vérifier par moi-même si les millions d’exemplaires vendus valaient vraiment leur succès. Et puis, je voulais savoir si les amazones en couverture ressemblaient aux personnages féminins que Malko honorait entre deux missions. J’en doute, vu le réac que tu étais et les propos de ton ex-femme, Christine, qui te déteste : « Gérard n’aime pas les femmes. Quand je me suis installée chez lui, j’ai eu l’impression d’arriver chez Barbe Bleue » confiait-elle au Monde.

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Avec toi, Gérard, c’est une France qui s’efface, la France à la papa, celle des paroles limites, sexistes et homophobes, et racistes aussi. Si tu lisais le Tag parfait, tu n’aurais sans doute pas aimé toutes ces shemales et ces transmen, ces homos qui s’enfilent gaiement et ces lesbiennes qui n’ont pas besoin d’hommes. Tu aurais tourné de l’œil en apprenant ce qu’était le pegging, j’en suis sûr.

Adieu Gérard, c’est décidé, je vais lire un de tes SAS. Je veux savoir si j’ai raison de ne pas regretter ce que tu représentes.

Photo de une, modèle : Mia Frye

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