Laure Rosenoire : « Porn’n’roll ! »

Depuis mes débuts au Tag il y a 4 ans, je me suis toujours évertué à mettre en lumière les rapports existant entre porno et musiques extrêmes. Les tentatives concrètes visant à lier les deux univers n’ont jamais vraiment été concluantes. C’est dans ce contexte qu’est intervenue en août dernier Laure Rosenoire, actrice X métalleuse de son état, assumant pleinement son amour pour les vestes à patch, les guitares qui saignent et les hurlements d’outre-tombe. Je l’ai découverte au détour d’une pochette des nippons obsédés d’Abigail, ça m’a forcément mis la puce à l’oreille. Rencontre à Bruxelles avec Laure, en cuir et t-shirt Bathory.

Tu es arrivée très récemment dans l’univers du porn, peux-tu te présenter?
Je suis Laure Rosenoire, actrice porno belge et modèle pour des groupes de metal. Je suis arrivée dans le porno via le libertinage. J’ai voulu aller un peu plus loin alors je me suis intéressée au porno. J’ai contacté des gens du milieu, puis j’ai fait mon premier tournage pour Union avec Rico Simmons, un genre de casting couch, j’ai beaucoup apprécié. Depuis, je continue sur ma lancée, j’en suis déjà à 14 scènes. Plus je tourne et plus ça me plaît. Je n’envisage pas spécialement une grosse carrière, les choses suivent leur cours et je verrai bien où cela me mène. Je ne veux pas trop me projeter pour ne pas être déçue par la suite. Tout ce dont j’ai envie, c’est de m’éclater et pour le moment je n’ai vraiment pas à me plaindre.

Quel lien fais-tu entre le libertinage auquel tu t’adonnes et le passage au X ?
J’ai un très gros appétit sexuel et ça ne me suffisait pas. Je voulais me faire filmer et que les mecs se branlent en voyant le résultat. J’allais en club avec mon compagnon, maintenant on reçoit en privé, principalement des hommes. Mon compagnon, candauliste, est présent sur les tournages. J’ai très envie d’expérimenter avec les femmes et je préfère faire ça sur un tournage pour commencer. Ça aurait dû se faire avec la torride MariskaX, une sublime brésilienne qui est aussi la reine du gang bang belge, mais il y a eu un empêchement. J’attends avec impatience la prochaine occasion qui se présentera.

Tu présentes une image assez forte, ton but est de te créer un personnage à part entière dans le milieu X ?
Le porno me permet de créer une image, de la bâtir au fur et à mesure. Pour le moment, je me fonds dans le moule, en amenant petit à petit une vraie image, un personnage. Je ne pense pas que porno et metal fassent si bon ménage que ça. « Phallusifer » en est l’exemple le plus pathétique  (ndlr : « Phallusifer » est une vidéo réalisée par Sabathan, ex-chanteur du  groupe belge Enthroned, mêlant scènes porno et ambiance « black metal », devenue une grosse private joke dans le milieu black metal de par l’aspect totalement cheaposs de l’entreprise). Pour que cette association fonctionne, il faut vraiment que le contexte et les décors s’y prêtent, sans parler du budget et du potentiel commercial du projet.

Laure s'exhibe

Laure s’exhibe

Tu penses qu’il y a la place dans le porno actuel, saturé par le gonzo, pour ce type d’entreprises plutôt ambitieuses ?
Le gros problème c’est que ce genre de défi n’est pas forcément vendeur dans le porno. L’humain se lasse vite et veut toujours en voir plus, d’où la réussite de boîtes comme French Bukkake, malgré les grosses critiques qui leur sont faites. J’aime la comédie, les films scénarisés mais le gonzo propose quelque chose de crade, du sexe à l’état brut, plus adapté à la demande. Personnellement je n’ai rien contre le gonzo. J’ai récemment tourné avec Martyr, métalleux lui aussi, c’était hardcore. Gifles, des crachats, des insultes, j’ai adoré. Ce que je n’aime pas, c’est la boucherie, les actrices maltraitées… On peut faker, donner une image extrême sans blesser l’actrice mais ça implique de bosser avec des professionnels. Quand tu as des gang bangs avec 10-15 mecs, totalement amateurs, qui payent 10€ pour participer à certains tournages, c’est franchement gore. Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils font. Ils peuvent blesser la nana et c’est déjà arrivé. Et je ne parle même pas des problèmes d’hygiène. Martyr, pour ne citer que lui, n’a pas beaucoup de moyens (matériels et humains) mais il respecte les actrices, on se met bien d’accord en amont, tout reste très visuel, jamais réel. Dans ces conditions, on peut pousser très loin dans l’extrême.

Et donc, tu es modèle pour des groupes de metal ?
Bien avant que je ne commence à tourner, Victor de Whipstriker me tannait pour que je fasse des photos pour lui. Une fois que je me suis lancée dans le porno, Abigail m’a proposé de faire des photos pour eux, j’ai commencé à poser pour eux, ils ont d’abord sorti une tape avec une des photos. J’aime beaucoup leur côté rock’n’roll, « rien à foutre » ! Je bosse également avec Mortuary Drape, Sektentum, Hail of Bullets et Sektarism. Yasuyuki d’Abigail me couvre de cadeaux, il me gâte. Il m’a envoyé pleins de merchandising, des tubes de rouge à lèvres, des petites culottes et même un tablier à fleurs estampillé Abigail. C’est à la fois kitsch et adorable. Whipstriker voulait carrément me dédicacer un morceau. Au départ, c’est moi qui suis censée être fan de metal, et là ce sont les groupes qui deviennent fans de moi ! (rires) Il n’y a presque pas d’actrices vraiment rock’n’roll, là je peux en profiter, faire valoir cette image auprès du public.

Oui, il y a toujours un marché pour les cassettes audio.

Oui, il y a toujours un marché pour les cassettes audio.

Tu n’as pas peur de t’enfermer dans une niche ?
Non car finalement je n’abuse pas de ce côté de ma personnalité. Je n’ai pratiquement pas tourné pour des prods « metal ». J’ai joué les secrétaires, les experts comptables, les maîtresses… On fait appel à moi en tant qu’actrice X, pas « l’actrice de cul métalleuse ». D’ailleurs mon public n’est pas nécessairement composé de métalleux.

Tu es active dans la scène metal ?
Avant, oui mais beaucoup moins depuis que je me suis lancée dans le porno. Concernant mon parcours musical, j’ai fondé en 2002 avec mon compagnon de l’époque un groupe qui s’appelait Extremist. On répétait beaucoup, ça n’a pas été très concluant. J’ai ensuite rejoint Domine Hate en 2004, groupe influencé par les vieux Slayer et Sepultura avec une touche death metal. Le chanteur/guitariste venait de Massacra Noise, un des pionniers du death belge. On a fait une démo et pas mal de lives en Belgique et en France. Très  bonne expérience. Parallèlement à ça, je faisais partie d’Oidhehe Baaltinne qui jouait du black/death assez orienté « pagan ». Pour l’anecdote, on avait réussi à gagner un tremplin alors qu’on était les seuls métalleux face à des groupes et un public de coreux. On était des OVNIS et on leur a mis une belle claque ! J’ai malheureusement du arrêter la guitare suite à des problèmes de santé. La musique et plus spécifiquement le black metal font partie de moi alors, pourquoi pas démarrer un projet associant mon image porno et mon amour du black metal dans futur. Imagine, une femme nue avec une tête de bouc sur scène, une sorte de Rockbitch satanique sans le coté purement commercial bien sûr… Affaire à suivre.

Quel est ton souvenir le plus orgasmique en concert de metal ?
J’ai vraiment adoré Inquisition, vu en 2010 à l’Igelrock de Valenciennes. Ils sont seulement deux sur scène, mais il y avait une atmosphère très prenante, très excitante. J’ai beaucoup aimé Nargaroth, également en 2010, quelle hargne, quelle folie, Kanwulf est un vrai showman… Ces deux concerts m’ont vraiment mis dans tous mes états.

Baise et metal font-ils bon ménage ?
Quand je baise de manière assez hard, déchaînée, j’adore le death metal. Je privilégie le black metal quand c’est plus sensuel ou subtil. S’il y a un rapport de domination/soumission par exemple, je vais privilégier le black metal. Burzum est parfait pour ça, avec des atmosphères assez calmes comme sur les « albums prison » Dauði Baldrs et Hliðskjálf.

Quid du black metal belge ?
Tu as des groupes très connus comme Ancient Rites ou Enthroned, qui sont des piliers de la scène black belge mais le premier est en sommeil et le second se contente de surfer sur son nom. La scène se concentre surtout au nord du pays car il y a plus d’infrastructures pour les concerts metal là-bas. A Bruxelles, ça commence à bouger depuis quelques années.

"First saw you at the graveyard, nice rack 'n' all"

« First saw you at the graveyard, nice rack ‘n’ all »

On va être obligé d’évoquer « Phallusifer » vu que tu l’as mentionné précédemment et qu’on parle d’Enthroned !
Oh non ! (rires) J’ai bien connu le gugusse qui est derrière cette vidéo. A vrai dire, c’est quasiment mon voisin à Namur. Il faut savoir qu’il n’en est vraiment pas fier. Tout son entourage se moque de lui à cause de ça.  Si on veut faire un tournage black metal, il faut au moins que le décor s’y prête, que ce soit dans un endroit glauque, évocateur, pas dans un appartement lambda… Avec seulement un pentagramme et 5 bougies, tu es limité d’un point de vue mise en scène ! D’emblée ça courrait à la catastrophe, le mec essaye de se donner une image de dominant alors qu’il ne l’est pas du tout. Si je devais faire un film porno avec lui, je le verrais plus en tant que soumis. « Phallusifer » n’est pas le premier essai en matière de porno black metal. Blessed In Sin avait essayé de faire un truc un peu érotique il me semble. Sans budget, ça tourne tout de suite au caricatural et au ridicule et cela même si les gens ont les meilleures intentions du monde.

Quel serait le film « porno metal » idéal ?
C’est vraiment compliqué à imaginer car beaucoup de facteurs doivent être réunis. Quand je vois le dernier clip de Behemoth, je me dis qu’il y a du potentiel en allant dans cette direction. C’est visuellement magnifique. Ce n’est pas totalement metal, mais par exemple ce que fait Burning Angel aux Etats-Unis ça pourrait déjà donner une idée. En  Europe, on est à la traîne. J’ai tourné pour Sweet Prod, qui voulait se concentrer sur les punkettes mais ça ne vendait pas alors il s’est fondu dans le moule.

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Béatrice Bourges does not approve

Tu as un bon rapport avec tes fans ? Tu interagis beaucoup ?
Ils me soutiennent et j’essaye d’être à leur écoute. C’est pour ça que j’ai lancé les défis de Laure où ils me proposent régulièrement un challenge à relever. Récemment c’était une session photos « shibari ». J’ai foncé car je suis assez fétichiste, c’était une super expérience en même temps qu’un clin d’œil aux fans. C’est une manière de les faire participer sans forcément être dans la promotion agressive. Je ne veux surtout pas donner l’impression de mendier comme certains groupes de musique qui vont publier en permanence sur Facebook des statuts du type « Achetez notre album, achetez notre album ! ». J’ai d’ailleurs remarqué qu’il y avait beaucoup d’actrices qui faisaient des pots communs que ce soit pour se faire faire des implants mammaires ou financer leur vie post-porno. C’est déplorable…

Pas de prothèse pour Laure Rosenoire ?
Les autres actrices font ce qu’elles veulent de leur corps. Je n’aime pas les artifices en ce qui me concerne,  je suis naturelle. Mes seins ne sont pas énormes, mais ils sont beaux et ils plaisent, je me fie à ce feeling. Quand je tourne j’essaie de penser au maximum aux mecs qui se branlent et à mon propre plaisir. C’est l’essence du porno. Si on y va juste pour le fric alors autant être une pute.

When my guitar gently squirts

Y’a-t’il d’autres actrices/acteurs metal ?
De base, il faut être rock’n’roll au moins dans sa tête pour faire du porno ! C’est plus une question d’état d’esprit que de look. En France, Carla Cat et Nikita Bellucci ont clairement l’esprit metal, déjantées et décadentes à souhait. Aux Etats-Unis, tu as Liz Vicous et les autres actrices de Burning Angel évidemment.

Il y a des acteurs/actrices avec lesquels tu aimerais particulièrement tourner ?
Mis à part la scène belge et française, je connais peu les autres. J’ai rencontré Ian Scott et son énorme matraque sur le tournage de Coppula. Ça donne franchement envie. En filles, il y a Miss Loly, une petite blonde très sympathique qui a un petit air d’Annette Schwarz. S’il y a possibilité de faire une scène lesbienne avec elle, c’est sans problème. Et sinon MariskaX et Charlie Lee.

Est-ce que tu as des limites en terme de performances, est-ce qu’il y a des choses que tu ne feras jamais ?
Ne jamais dire jamais. Par exemple, la double anale c’est quelque chose que je n’ai jamais expérimenté, mais peut-être qu’avec l’expérience, je pourrais arriver à le faire. Tout est une question de rodage et d’entraînement. Le choix de l’acteur est également fondamental. Rico Simmons, par exemple, me faisait un peu peur pour la scène anale mais je n’ai pas eu mal une seule seconde. C’est un vrai pro. Ce que je ne ferai jamais c’est les bukkake à la Pascal OP. Le porno doit exciter, pas dégoûter.

Coming soon

Coming soon

Quel type de porno regardes-tu ?
J’aime le porno assez hard, assez crade. Ça m’inspire. J’essaie de m’intéresser à peu près à tout. J’adore le fetish, la domination/soumission, des choses que j’aimerais développer à l’avenir.

Qu’est- ce que tu écoutes en ce moment ?
Des classiques : Bathory, Dissection, Venom, Marduk…. Le black metal c’est mon dada même si j’écoute aussi du heavy, du death et du thrash. Le must reste quand même Judas Priest. En groupe « récent », je trouve que Peste Noire apporte quelque chose de très intéressant. C’est avant-gardiste et les gens qui chient dessus seront les mêmes que ceux qui trouveront ça génial dans dix ans. J’aimerais beaucoup rencontrer Famine, c’est un provocateur qui a bien compris l’essence du black metal. J’aime l’idée de choquer les mentalités puritaines à travers quelque chose d’extrême, c’est aussi pour ça que je fais du porno. Porn’n’roll ! (rires)

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