C’est quoi ton porn Florent Oiseau ?
Si on lui avait dit à 18 ans qu’il serait écrivain, il en aurait sûrement encore moins fait pour avoir son bac littéraire. Si on avait dit à Florent Oiseau qu’il serait interviewé par Le Tag Parfait pour en savoir plus sur ses tags préférés, il aurait sûrement pris un peu plus au sérieux les conversations alcoolisées de ses potes sous le auvent de l’école Saint-Ex, qui voyaient l’avenir du porn entre leurs mains. Florent Oiseau, 26 ans, débute sa carrière dans la littérature avec l’histoire d’un mec ou plutôt le récit d’un branleur.
Tout au long de son premier roman Je vais m’y mettre, nous suivons les pérégrinations de Fred, un quarantenaire et 20 ans de moins dans la tête. Plus intéressé par les émissions de Sophie Davant, une main sur la télécommande et l’autre sur le manche que par sa recherche de boulot, il enchaîne les déconvenues sexuelles et amoureuses – et c’est aussi drôle qu’émouvant.
Alors qu’il décapsule une bière avec son briquet, nous en profitons pour fouiller dans son historique et lui poser la question fatale : C’est quoi ton porn Florent Oiseau ?
On pense énormément à Bukowski en te lisant, plus récemment à Samuel Benchetrit… Quelles sont tes influences littéraires ?
La beat génération. C’est marrant ça d’ailleurs, Bite génération… Kerouac, Bukowski. J’ai beaucoup aimé Récit d’un branleur de Benchetrit que m’avait offert mon grand-frère mais j’ai découvert une autre littérature avec Bukowski, celle où l’on n’est pas obligé de parler au plus-que-parfait, mettre des négations pour que ce soit forcément littéraire. Sur 200 pages, un mec gerbe dans son évier, il fourre un con, il gerbe dans son évier, il fourre un con, il boit une bouteille de vin, le vin est mauvais, il baise une pute… Ça m’a intéressé.
Dans les Chroniques de l’asphalte tome 2, Benchetrit rend visite à la deuxième femme la plus vieille du monde et ça part vite en couilles. Ton personnage boit des coups avec une voisine nonagénaire et hésite à se la faire. Toi aussi, t’es dans le délire #granny ?
(Rire). On serait plus sur un #grandpa avec une petite jeune. Une nana qui accepte de se faire baiser par des nonagénaires, ça a un coté bien dégueulasse et sans doute du coup un peu excitant.
Le bar PMU où traîne Fred, c’est vraiment un bon endroit pour pécho ?
Au début, je traînais dans les bars pour prendre le sens du contre-pied. Je trouvais ça stylé de s’enfermer dans des PMU à 16 ans quand tout le monde essayait de rentrer au Milliardaire sur les Champs. Après j’ai essayé de rentrer au Milliardaire sur les Champs, on m’a dit non alors je suis retourné au PMU. À titre personnel, j’ai toujours mieux réussi à pécho dans un bar que dans une boite où je suis obligé de montrer à tout le monde que je danse comme une merde et où l’on ne s’entend pas parler. Un bar c’est forcément vecteur de rencontres. Il y a une culture du bistrot à Paris, avec ta clope et ton demi.
Fred a l’habitude de se faire plaisir en matant l’émission de Sophie Davant. Pourquoi cette animatrice plutôt qu’une autre ?
J’ai pas mal hésité avec Evelyne Thomas mais Sophie Davant incarne pour moi le fantasme d’une génération. Elle est hyper joueuse, elle est taquine, ultra sensuelle… Dans Télé-matin, quand je me disais qu’elle n’avait pas dormi de la nuit, je l’imaginais s’enquiller du vin avec n’importe quel mec.
T’as déjà cherché sa sextape sur les tubes ?
Non mais je pense qu’il doit y avoir pas mal de Tribute to où des mecs se tapent de vilaines queues sur des photos d’elle. Promis je ne m’y suis pas aventuré. C’est avant tout le fantasme de Fred, le personnage principal du roman.
T’as pécho depuis que t’es écrivain ?
Que dalle ! Je crois que j’étais meilleur quand j’étais crêpier. Je ne me vends plus du tout maintenant. Je me dis : je suis écrivain donc forcément on se bouscule pour moi alors que lorsque j’étais crêpier, je mettais les bouchées doubles. Je crois qu’on vit dans une époque où être écrivain ne véhicule plus tellement de fantasmes… En même temps, je ne le place pas trop non plus parce que je trouve que ça fait vite prétentieux. Je demande à mes potes de le placer pour moi sauf qu’ils le placent mal, du coup…
Quel est ton premier souvenir de porn ?
J’étais très jeune, trop pour apprécier et je ne me souviens que d’une scène. Des mecs en costards dérouillaient une meuf et ce qui m’a marqué c’est qu’ils avaient des « têtes de crayons ». C’est, sans doute, de là qu’a commencé ma passion pour l’écriture (rire).
Quelles sont tes actrices préférées ?
Mélanie Coste pour sa scène lesbienne avec Clara Morgane et parce que… elle a grave pas une tête a faire du porno, j’adore ça ! [Dans Journal de Pauline, 2002 — ndlr]
Elle apparaît souvent dans les films de charme tard le soir sur NT1. Restriction budgétaire oblige, quand j’étais jeune on n’avait pas le câble chez moi, ni internet et donc… merci NT1. Mélanie Coste est une très bonne actrice en dehors du porn par ailleurs. Je l’aurai bien vu dans une petite série policière sur TF1.
Côté américain, Janice Griffith. Je l’a trouve ultra insolente, une petite pimbêche à qui j’ai envie de confier des trucs puis qu’elle les répète à tout le monde.
Si je fouille dans ton historique, quels tags je trouve ?
Forcément que de l’#amateur. Il faut que j’aie l’impression que ceux que je vois baiser pourraient être mes voisins de palier. Et #beurette !
Pourquoi #beurette ?
J’aime beaucoup l’Aziza de Daniel Balavoine.
Ton porn préféré ?
Sans aucun doute, la sextape de la chanteuse de variété croate Severina Vučković. Il y a tout dedans. Le champagne, c’te baise dingue. On entend l’eau de la mer claquer contre les hublots de la chambre…
On ne sait pas vraiment d’ailleurs s’ils sont dans un bateau ou…
Si c’est juste un matelas à eau dans une pauvre chambre tout pourrie à Denver… (rire) Je préfère imaginer que c’est sur la mer Baltique dans un espèce de yacht. Le type lui verse du champagne dans la gueule… Absolument parfaite cette vidéo.
Après une soirée arrosée, tu rentres bourré, te mets au lit, qu’est ce que tu mates sur les tubes pour que ça fappe tout de suite ?
Rien. Je suis tellement bourré que les pubs gifs sur le côté des vidéos me suffisent amplement.
Qu’est-ce qui te dégoute dans le porn ?
Je suis pas fan du porn américain avec des meufs surfaites, des mecs ultra baraques et des grandes piscines. Je zappe vite. Il n’y a que Manuel Ferrara qui me fasse basculer dans ces grosses prods.
Manuel Ferrara, qui vient de Gagny et qui a été dans le même lycée que toi, Georges Clémenceau à Villemomble.
Ainsi que Julia Channel. Je me demande d’ailleurs s’ils n’y étaient pas ensemble… En tout cas, elle a dansé le slow du bal de fin d’année avec Aurélien Oiseau, mon grand frère. Il était en seconde…AVC. (Rire)
Il ne l’a évidemment pas pécho.
Ma dernière question : Plutôt Pornhub ou Xhamster ?
Xhamster qu’on appelle entre potes, pour ne pas se faire griller : Zragondin ou Wgerbille.
Je vais m’y mettre de Florent Oiseau est en librairie depuis le 25 août 2016 aux éditions Allary.
Couverture : Florent Oiseau par Olivier Marty
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