YouTube ou Pornhub, quelle plateforme choisir pour percer ?

En 2005, les internautes découvraient émerveillés YouTube, la première plateforme gratuite d’hébergement de vidéos au monde. 1 an plus tard, ils pouvaient déjà jouir de sa version porno avec Xtube, premier porntube de l’histoire. Suivis de près les Youporn, XVideos ou Pornhub que le grand public s’est rapidement approprié comme supports privilégiés pour se masturber. Une naissance quasi commune, mais un destin différent. YouTube ne s’est pas contenté d’être juste un site de partage de vidéos, il a aussi ouvert la voie à un nouveau métier : celui de youtubeur. Qu’en est-il Pornhub ? Peut-on être pornhubeur en 2017 et gagner sa vie avec des vidéos gratuites ? La réponse est clairement « oui ».

Deux plateformes, deux destins

Avant d’entrer au coeur du problème, commençons par une rapide histoire de nos deux champions. A leurs débuts, les deux faces de ce même concept étaient relativement identiques en terme d’usage, de communauté et de fonctionnalité : vous partagiez des vidéos et le public les regardait en lâchant des pouces et des commentaires. Avec un business model qui se repose entièrement sur la publicité, l’enjeu principal était de fournir toujours plus de contenu pour générer un maximum de pages vues. Mais comment y arriver en contournant l’épineux problème des droits d’auteur ?

En 2007, YouTube a l’idée géniale de lancer son « Programme Partenaire« , un système de rémunération des créateurs via le partage des revenus publicitaires générés sur leur page. Pour Google (qui rachète le site en 2006), l’important est d’attirer les vidéastes à utiliser YouTube comme un outil de création. Et quoi de mieux que de leur agiter un billet pour les motiver ? Dans un premier temps, le programme reste confidentiel, mais autour des années 2010 il commence à prendre de l’ampleur, ouvrant ainsi la porte au métier de youtubeur. YouTube devient alors une source de revenus (parfois conséquente) pour ses vidéastes.

La YouTube money fait rêver les jeunes

Les tubes porno de leur côté sont longtemps restés à l’âge de pierre 2.0 : véritable far west pour les producteurs, partenariats avec les studios déséquilibrés et gestion de la communauté un brin archaïque. Mais un acteur du marché a compris mieux que les autres que la voie emprunté par YouTube à la fin de des années 00 était la bonne : Pornhub.

En 2013, le site lance le programme “Pornhub Amateur” [rebaptisé Pornhub Model depuis], système de rémunération des amateurs pleinement inspiré du Programme Partenaire de YouTube. Personne n’en parle encore vraiment, mais une nouvelle révolution approche à petit pas dans le streaming porno. Pour la première fois de l’histoire récente de la pornographie en ligne, les producteurs de contenu vont pouvoir tirer profit de l’immense consommation en ligne gratuite de vidéos porno, soit dorénavant 90-95% de la consommation mondiale.

La Pornhub money fait aussi rêver les jeunes (de plus de 18 ans)

Au tournant de l’année 2015, le programme – qui étant encore qu’une expérimentation visible uniquement des initiés – devient la nouvelle attraction dans la communauté porno. Avec quelques années de retard sur le mainstream, les amateurs commencent à leur tour à damer le pion aux pornstars vieillissantes, contournant le circuit traditionnel.

Chez Pornhub, les EnjoyPhoenix, Norman ou Cyprien s’appellent Selena22, Jenny Blighe ou Mark Rockwell, ils cumulent des centaines de millions de vues et génèrent des sommes de plus en plus importantes. Les deux plateformes se ressemblent de plus en plus, portées par les mêmes problématiques et les mêmes enjeux de communautés. Finalement, Pornhub est devenu au fil du temps un vrai « YouTube porno », rattrapant le retard accumulé ces dernières années.

Dès lors une question nous taraude : si ces plateformes se font face en terme d’usage, laquelle choisir pour percer ? Vaut-il mieux être YouTubeur ou Pornhubeur ? C’est notre grand match du jour !

Round 1 : Le contenu

Avant de vous lancer dans l’aventure, vous n’êtes pas sans savoir que les deux sites sont radicalement différents en terme de contenu. Postez votre cul sur YouTube et vous serez banni. Postez un tuto makeup sur Pornhub et vous recevrez au mieux l’indifférence, au pire la haine des utilisateurs. Cette censure n’opère pas uniquement sur le contenu explicite mais aussi sur le sujet abordé. Si vous vous lancez sur des sujets politiques, clivants ou subversifs, vous risquez rapidement de vous faire démonétiser vos vidéos.

La chanson de la démonétisation par le youtubeur Maxenss

Sur Pornhub, pas de censure a priori mais tout n’est pas non plus permis. Vous devez détenir les droits des vidéos postées et vous soumettre aux exigences de la plateforme en terme de diffusion : être majeur, pas de représentation de viol, d’incitation à la haine ou de bondage si les 4 membres sont attachés… Des conditions tout fois relativement souples par rapport aux autres plateformes. Vous avez par exemple le droit de pisser dans la bouche de votre partenaire ou de faire croire aux visiteurs que vous vous tapez votre mère. Ça pourrait vous être utile pour percer, vous verrez rapidement pourquoi.

Dans ce premier round, on tombe sur un match nul pour les deux plateformes, chacune étant dans son rang et aucune passerelle ne semblant possible entre les deux. Du coup, si vous vous situez à la frontière des deux mondes, comme le testeur de sextoys M’sieur Jeremy ou le critique Pornorama, vous êtes condamné à regarder le train de l’argent vous passer sous le nez.

Round 2 : La monétisation

Alors, comme ça on rêve de devenir riche en postant des vidéos ? De marcher sur le tapis rouge de Cannes ou des AVN Awards ? De faire pleuvoir les pubs comme des billets ? Très bien, lisez la suite attentivement.

Les deux plateformes partagent la même philanthropie : postez du contenu, générez du trafic, donc de la publicité et vous recevrez de l’argent. A quelle hauteur ? Que ce soit du côté de YouTube ou de Pornhub, vous toucherez environ 0,75$ toutes les 1000 vues (hors prime du Hall of Fame ou de partenariat avec des marques). Un chiffre qui reste une grosse moyenne et varie selon plusieurs paramètres : votre notoriété, le trafic adbloqué, le sujet abordé, la quantité de publicités vendues et à quel prix…

Internet is for porn, porn is for money

Dans ce round de l’argent, on aurait tendance à pencher du côté de Pornhub, qui propose des tarifs similaires entre  utilisateurs contrairement à son concurrent mainstream, mais il y a un énorme paramètre à prendre en compte : la nudité. Ne comptez pas percer en parlant de votre régime vegan sur Pornhub en restant habillé, il va falloir donner de votre intimité. Est-ce que vous exposer ainsi vaut la somme de 0,00075 $ le visionnage ? Ça reste à voir. Mais si on prend en compte la puissance du Pornhub Network (vous diffusez sur Pornhub mais vous pouvez aussi demander à apparaître sur Redtube, Youporn et Tube8) et de ses 150 millions de visiteurs quotidien, cette somme au premier abord ridicule peut devenir une vraie source de revenus si vous comprenez bien les attentes du public.

Round 3 : La publicité

Vous avez choisi votre plateforme, vous êtes à deux doigts de lâcher votre premier coup de gueule ou votre premier rimjob. Les dollars de la pub vont devenir réalité et vous êtes la prochaine Kawaii Girl. Avant de rincer vos amis avec vos nouveaux billets, prenez conscience de l’origine de cet argent.

Clique pas si tu tiens à ta carte bleue

La publicité dans le porno paie très très mal, pour arriver aux sommes annoncées, Pornhub et les autres tubes doivent multiplier les emplacements publicitaires. On en compte entre 5 et 7 par page (contre 1 à 3 sur YouTube) et certainement pas pour Coca-Cola ou Pampers. La publicité dans le milieu adulte est agressive, moche, misogyne, fausse. Elle vante les mérites de produits qui sont souvent de l’arnaque : faux sites de rencontre, produits louches pour allonger votre pénis ou des pilules pour bander aux origines non contrôlées.

Clearblue et ses publicités (trop) ciblées (YouTube)

Si vous percez dans le streaming porno, vous toucherez des sommes confortables, mais en grande partie sur du vent et de l’arnaque. Est-ce pire que de vous farcir un pre-roll pour la marque Clearblue à chaque fois que vous regardez une vidéo de chaton mignon ? Tout dépend de votre éthique, de votre adblock et de votre appréciation personnelle. On rêve que la publicité mainstream finance un jour le porn, mais on doit vous faire une confession : ça n’arrivera jamais. 3e round et énorme droite de YouTube sur le sujet.

Round 4 : L’algorithme

En janvier 2017, le youtubeur Masculin Singulier tirait sa révérence du “YouTube game” en lâchant avec ironie L’Algo c’est ma P*T€ !, rap dédié aux youtubeurs qui ne créent que pour faire plaisir à l’algorithme. Pourquoi tant de haine contre une intelligence artificielle ?

Avec plus de 400h de vidéos publiées par heure et plus d’un milliard de vidéos visionnées par jour, la quantité de vidéos disponibles sur le site est tout bonnement astronomique. Dès lors, comment être vu dans cette masse infinie de vidéos ? Si vous possédez une communauté déjà établie, elle ira naturellement vers vous, par contre si vous débutez et comptez toucher un plus grand nombre de personnes rapidement, il va falloir commencer à ruser.

Mettez un pouce bleu à Squeezie

Conscientes de cette problématique, YouTube et Pornhub ont chacune développé un algorithme de mise en avant des vidéos (featured ou trending) que les “meilleures” ou celles qui semblent les plus pertinentes arrivent en home page du site ou dans les vidéos tendances ou les plus chaudes. Une sorte d’éditorialisation du contenu par le public à l’aide de la machine qui permet une sélection automatique des « meilleures » vidéos. Mais pour des dizaines de milliers de vidéos postées par jour, très peu d’élues. Par contre, si vous parvenez à sortir de ce goulot d’étranglement, c’est le jackpot assuré.

Les nouvelles stars françaises de Pornhub veulent aussi des pouces bleus

Un algorithme a beau être une recette maison gardée secrète, on peut vite comprendre ce qui l’anime en analysant les vidéos qui marchent et en reproduisant les mêmes gimmicks. Le hand spinner envahit le monde ? Faites une vidéo des meilleurs figures des autres ou inserez-le vous dans le cul. Halloween approche ? Mettez en scène vos enfants ou déguisez vous en succube qui suce un dildo Bad Dragon. Vous vous êtes faites un petit bobo ? Faites en des caisses ! Vous faites votre première anal, même si c’est faux, annoncez ça comme la plus grande nouvelle du siècle ! Vous faites une blague nulle à un copain ? Appelez ça un prank (qui tourne mal). Vous couchez avec votre demi-soeur ? Appelez ça un prank (qui tourne bien). Mais quoi qu’il en soit, mettez toujours un pouce bleu.

Mettez poce blo

Au jeu des tendances, les deux plateformes marchent main dans la main. N’ayant pas de droit de regard sur la qualité du contenu postée, elles sont avant tout là pour faire plaisir au plus grand nombre d’internautes et vendre un maximum d’espaces publicitaires. Une vidéo mise en avant, c’est des centaines de milliers de vues qui tombent du ciel. Prenez votre calculette, ce sont des centaines de dollars en plus dans votre poche. Multipliez cette astuce par chaque vidéo et vous deviendrez sûrement un pornhubeur ou un youtubeur star, même si vous postez que de la merde pour faire kiffer l’algo’.

Résultat ? Les vidéos tendances sur les deux plateformes se ressemblent de plus en plus, avec les mêmes gimmicks, les mêmes sujets vus et revus. Une uniformisation du contenu pour plaire au plus grand nombre qui nous amène dans ce combat à un nouveau match nul.

Round 5 : Les clics

Vous êtes décidé à percer coûte que coûte, l’algo c’est votre pote, votre ligne éditoriale c’est avant tout de faire au moins 1 million de vues par vidéo, il va falloir passer par une étape cruciale de votre parcours : attirer les clics. Un algorithme n’a pas d’âme, il ne fait qu’analyser le comportement des autres utilisateurs pour juger de ce qui est bon ou mauvais. Et sur internet, seul le clic paie.

Tu forces Furious Jumper

Pour attirer les clics comme des mouches, la première étape est d’avoir une vignette qui claque et un titre qui attire l’oeil. Tous les coups sont permis, n’hésitez pas à en faire des tonnes : points d’exclamations, majuscules, tops, tutos, gimmicks, name dropping. Les internautes venant vers vous par l’intermédiaire de mots clés, suivez les tendances, l’actualité, les sujets brûlants du moment, peu importe si ça correspond ou pas au contenu de votre vidéo, l’algorithme, lui s’en saura jamais rien.

Tu forces aussi Cameron Canela…

Cette manie de tricher dans les titres, que ce soit dans la presse ou ailleurs, s’appelle couramment un titre “putaclic”. Si vous regardez les tendances sur ces sites, ils pullulent. Les gens forcent pour plaire à l’algorithme, générer des vues et de la monnaie. Tout est exagéré pour attirer l’oeil et jouer sur la curiosité des internautes. Sur les tubes porno par exemple, la mode de l’inceste est devenue une tendance de fond, tout le monde y va de sa demi-soeur ou de son beau-père, même si c’est complètement faux. Le fappeur est plutôt « geek » ? Baisez en jouant à Overwatch. Le public aime la baise en public ? Foncez au H&M le plus proche pour vous faire sucer dans une cabine d’essayage.

Dans ce round du buzz, l’arbitre met une pénalité à chacun, on en a marre de vos conneries.

Fin du GAME

Maintenant que vous connaissez les règles, vous pouvez mettre les pieds dans ce qu’on appelle le Game. Que ce soit sur YouTube, Pornhub ou dans la rap, la compétition fait rage. Le nombre toujours plus important de vidéos et d’utilisateurs fait monter la pression chez les créateurs de contenu. Mo Money, Mo Problems rappait Notorious Big après sa mort, les plateformes deviennent le théâtre d’une guerre latente entre ses membres. La faute pêle-mêle à l’algorithme, au public, aux pouces rouges, à celui qui a copié, à ceux qui ont grandi plus vite que leurs ainés, aux traducteurs analphabètes, au Bon Fap qui n’a pas parlé de vous… Les nerfs sont tendus !

Clash et règlements de compte, tôt ou tard dit le sage, quand une plateforme prendra de l’importance, les embrouilles arriveront. A vous d’être plus malin et travailler votre communauté sans tomber dans les travers des autres. Le « Youtube game » a commencé à se corser quand des nouveaux comptes ont dépassé les vieux briscards et que les collaborations ont commencé à fleurir entre utilisateurs, analyse le youtubeur et consultant Guilhem Malissen. Sur Pornhub, où le game est très jeune, l’ambiance est encore bonne, mais on entend déjà des « c’était mieux avant », des grosses collaborations fleurissent entres membres et vous êtes fortement sollicité pour lâcher des likes et des commentaires.

En 2017, l’ascension du Pornhub Model devient phénoménal et représente parfois un quart des vidéos visionnées par jour nous confie Corey Price, responsable des relations publiques du site. Une tendance de fond qui devrait naturellement s’accélérer et rendre la compétition sur la plateforme de plus en plus dure. A l’aube d’une nouvelle mutation du marché du porno en ligne, les tubes porno ont d’ors et déjà gagné la bataille, ils ont les consommateurs et créateurs dans leur poche.

Mais revenons à notre combat de boxe. Qui a gagné au final ? Si vous comptez attentivement les points, on finit sur un beau match nul. Il n’y a pas de plateforme modèle, c’est à vous de trouver celle qui correspond le mieux à vos attentes (et votre nudité).

En une : Squeezie VS Cameron Canela

Merci Guilhem Malissen pour sa connaissance dans le youtube game

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  • Attention toutefois, ça c’est dans le cas où la publicité en ligne se porterait bien. Les revenus de PornHub premium financent aussi les créateurs comme le fait YouTube Red ?

  • 2006 le rachat par Google, pas 2016 😉
    Tu es donc vu des millions de fois en train de baiser pour gagner 500 balles, autant faire de l’escorting.
    Après dans les deux cas, le but c’est d’avoir du trafic fidèle, une communauté bâtie depuis 2006 pour les deux.
    Seul truc pour Pornhub Game, si les états se décident à censurer tu finis à Pôle Emploi et rien qu’en France on sent monter la pression de l’interdiction en jouant sur la consultation par les enfants. Pas à l’abri que tout le cul soit censuré et accessible uniquement sur demande opérateurs d’ici quelques années.

    • Tu peux pas comparer l’exhibibtion/porn (car c’est souvent ça) avec l’escorting, ça n’a pas beaucoup de sens. Et 500€ c’est un bon cachet pour le porn actuellement (sauf si t’es une porn star). Enfin ça a un énorme avantage, c’est que tu n’es pas dans le circuit traditionnel, t’as pas à baiser avec un acteur qui te plait pas, de te soumettre aux directives d’un réa et cie. Tu maitrises mieux ton image. Et quand tu fais du traditionnel avec un cachet, tu seras aussi vu par des millions de personnes, par contre tu toucheras jamais rien sur ce visionnage.

      Pour la suite, c’était très vrai quand Laurence Rossignol était au pouvoir. Mais elle n’y est plus. Je ne connais pas la nouvelle position du gouvernement sur les travailleurs du sexe et le porn, mais on pourra difficilement faire pire que celle précédente qui était clairement abolitionniste.

      • Merci Gonzo pour l’article déjà et les précision apporté à Antonio.

        Qui plus est ce n est pas très très difficile de faire un gonzo homemade qui sera quand même bien vu, la preuve je perçois des bonus sympa en fin de mois avec juste 4 à 6 vidéos de test par mois (meme pas un film)

        Par contre pour faire le moindre court métrage en tradi … bonne chance et bon courage !
        Je parle pas d être acteur / actrice tradi c’est plus que bouché et je parle pas non plus du « suce pour tourner » qui fut ma première motivation pour passer de comédienne à camgirl (à faire la pute autant le savoir)

        Pour la partie algo que ce soit sur pornhub ou « youteube » je plussoie largement ton analyse :
        Y en a plus que marre !
        Toujours le même style, la même cadence, le même phrasé le même look …. Parfois j ai l impression de voir des clones.
        Dans un monde avec une abondance de choix je crois de plus en plus que la différence ce fait justement par l originalité, c’est risqué mais ..; à vaincre sans péril …
        Merci pour vos articles

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