C’est quoi ton porn FloBer ?
FloBer est un grand enfant de 25 ans, tendance surdoué. Gamin de l’école du rire Monsieur Poulpe (il a fait ses armes au Golden Show) et co-créateur du collectif Suricate, entre temps passé par Le visiteur du futur (en tant que monteur), il n’a cessé d’affiner un style bien à lui, grand mix de potacherie et de sensiblerie. Qu’il glisse sa plume d’auteur de la shortcom Bloqués aux créations originales Golden Moustache, FloBer digresse à l’envi sur la lose sexuelle, les sex friends, les fantasmes post-ados et l’amour en solitaire, captant le mood d’une génération à la fois décomplexée et désœuvrée de ses chagrins de cœur à ses mauvaises branlettes. Autant de bonnes raisons de causer faps et flops en compagnie de l’artiste. Alors, FloBer, c’est quoi ton porn ?
Le premier porn qui t’a marqué, c’était quoi ?
Mon plus vieux souvenir d’une vidéo un peu de charme, ça doit être un dvd offert avec un Max. C’était Helena Karel en couv’ et le dvd proposait le shooting en vidéo.
Et la dernière scène que tu as vu ?
Un truc assez basique, deux hétéros dans un salon trop grand. Comme souvent.
Ce qui envoûte dans tes créations pour Golden Moustache (comme Le Bureau des rêves ou On s’était mis d’accord), c’est la part d’imaginaire que tu infuses dans la réalité d’une situation. Mais crois-tu que le porn soit nocif à notre imagination, qu’il la flingue ?
Pour moi le porno c’est comme un survival au cinéma ou un shoot’em up de jeux vidéo. Il y a vraiment un côté exutoire thérapeutique. Jamais quand je regarde un porno je me dis “ah tiens faudrait que je le tente ça”. J’utilise mon imagination assez régulièrement, mais j’en ai pas besoin quand je me masturbe.
Justement, tu as des tags interdits ?
J’ai une consommation assez basique, voir gentillette. J’aime bien quand c’est mignon, et quand ça s’embrasse. Genre The Notebook (N’oublie jamais, le mélo avec Ryan Gosling, ndlr) mais avec de la pénétration non simulée…et sans Alzheimer.
Dans Bloqués, tous les épisodes qui parlent de cul (Ca fait longtemps que j’ai pas baisé, Sex-tape, Baise de ta conception) dépeignent une forme de misère sexuelle, une sexualité ni joyeuse ni fantasmagorique (“un enfant, c’est du fromage de sperme”). Pourrait-on parler de lose générationnelle ?
Je pense surtout qu’aujourd’hui on a l’impression que le sexe est super facile d’accès. Ça va de Tinder à LiveJasmin, au fait d’envoyer des snaps à sex-chatter. Chaque année on découvre un nouveau type de relation de couple, que ce soit les plans culs, les sexfriends, le polyamour etc. Tout parait plus simple qu’avant. Sauf qu’en vérité, séduire et plaire, c’est toujours aussi compliqué. Alors forcément quand t’es en galère, ça flingue d’autant plus ton estime de soi.
Afin de décrire La vie sexuelle des jeux vidéo, sur ton blog, tu écrivais d’ailleurs “Du sexe et des jeux-vidéo : les deux parents de mon adolescence”. Crois-tu encore entretenir un rapport plutôt adolescent et potache à la sexualité, aux fantasmes et à la porn culture ?
Oui, alors là complètement. Je continue à ricaner bêtement devant une bonne blague de cul. Faut quand-même savoir que La vie sexuelle des jeux vidéo a été pensé à travers une forme de réflexe contestataire très adolescent. On était avec Raphaël Descraques, Julfou et Vincent Tirel dans un café. Notre directeur artistique, Vladimir Rodionoff, nous dit que ce serait bien d’avoir un sujet qui parle aux jeunes, un truc pop. A l’époque on aimait pas trop cette façon d’imaginer un sketch, et je crois que c’est Raph qui a dit, “nan mais tu veux qu’on fasse quoi, genre les jeux vidéo qui font du sexe ?”. Et chacun y’est allé de sa petite phrase ironique “bah ouais genre Mario il fait ça ?”, “et pis Solid Snake il fait ça ?”. Puis finalement on s’est regardé en disant : “bon en fait ça nous fait marrer”.
Ta vidéo L’École de la Pornographie est un festival de tags (POV, fap, bukkake, golden shower)… La décrirais-tu comme l’oeuvre d’un érudit ?
L’Ecole du Porno n’a pas d’autres vocations d’être autre chose qu’un sketch marrant sur un sujet assez peu traité… mais qu’en vérité, tout le monde connaît.
Tu as déclaré qu’il y avait dans ce sketch un décalage entre “l’absurde [du] sujet et le sérieux avec lequel on l’a traité”. Pour toi, c’est important de parler de pornographie, avec sérieux mais tout en conservant un ton léger ? On retrouve ce mix dans l’épisode de Bloqués dédié au porno…
Pour moi, justement, le porno n’est pas du tout un sujet sérieux. Quand on le prend trop au sérieux, ça me fait toujours un peu rire. C’est pas un sujet sérieux et surtout, ça n’a rien d’un sujet tabou. Je trouve ça chouette si ces blagues permettent à un public assez jeune de pas se foutre la pression avec ça. On se branle, on mate du porno. Tout va bien.
D’ailleurs, quelle est la situation porno la plus drôle que tu aies déjà vue ?
Un threesome qui a dérapé en scène gay avec deux mecs et la meuf qui regarde. La situation n’est pas drôle mais je m’attendais pas à ce que ça parte là dedans.
As-tu des actrices, acteurs préférés dans le porn ?
J’ai longtemps été très adepte de Nikita Bellucci ou Jessie Volt, j’aimais bien leur côté vénère. Sinon en ce moment, je regarde surtout Anissa Kate. Y’a un côté tranquille que j’apprécie (je suis vraiment un pantouflard du porno, haha).
Au delà de tes vidéos comme L’Handicapé (un homme à deux bites) ou Barbecue (un récit de branlette hérité de Kevin Smith), tu parles régulièrement de tes plus gros fiascos sexuels au fil de tes Floodcasts. C’est important pour toi de parler sincèrement des choses crues ?
C’est surtout que pour moi, le sexe en général n’est pas un sujet plus tabou qu’un autre. A mes yeux, c’est comme parler de ciné ou de météo. Et comme pour le porno, si ça permet à des jeunes de désacraliser un peu la sexualité, c’est cool. Y’a 15/20 ans, y’avait beaucoup de libre antenne en radio que ce soit avec Bart, Maurad ou Difool, sur les ondes de Fun Radio, NRJ et Skyrock. Je me dis qu’avec le Floodcast, mes vidéos ou Bloqués, l’effet est similaire. J’espère que c’est un truc que tu mates dans ton coin sans avoir le regard de tes parents à côté, et ça permet de te faire rire, de te dire “ouais, c’est pas si important”.
Au sujet de cette crudité décomplexée, est-ce qu’il t’arrive parfois d’être dégoûté par le porn ?
C’est marrant parce qu’autant je suis quelqu’un de très grossier dans mes dialogues ou dans la vie, autant dès que c’est un peu graphique je suis vite dégoûté par le porno. Je suis pas très sodo ou délire avec des poings et des poutres en bois. Ce délire du porno a faire des gros plans d’allers-retours, ça m’a jamais excité.
Question qui tue : quel est ton tag parfait ?
french (n’y vois pas un chauvinisme particulier, mais c’est vrai que je préfère ça à l’anglais) ou les noms des pornstars du moment que j’aime bien. J’aimerais bien des “anti-tag” d’ailleurs, pour enlever tous les trucs amateurs où tu sens que les conditions de tournage ont été horribles, voir pas légales.
Toi qui fait glisser ta plume de la comédie pure à des tonalités plus sensibles, si tu devais scénariser un porn, comment serait il ? Hardcore ? Romantique ?
Je trouve bizarrement le porno romantique encore plus gênant que du porno basique. Je sais ce qu’il y’a derrière, je suis pas dupe. C’est comme si une meuf voyait un gars, qui bave et qui bande à travers un jogging, lui tendre des fleurs ! Si je devais imaginer un porno, je pense que ça donnerait un truc très méta, qui parle beaucoup du genre en soi tout en l’incarnant. Je mettrais des faux spams de sites pornos, des références diverses, des vannes. Un truc devant lequel il est impossible de se branler, du coup. Ou alors, une parodie porno d’un truc que j’ai fait. Genre Bloqués (dans un cul) ou Fleshlight Museum.
Dans Bloqués, Orel’ balance que toutes les pornstars connues ont “des noms de pizzas”. Mais toi, quel aurait été ton blaze si tu avais fait du porno ?
Antony QuatroFromaggi.
La dernière réponse m’a tuée ! Tu as du fromage sur le sboob FloBer ?