Quand l’experte du libertinage Chantal Thomas raconte l’érotisme de la natation

Une fois n’est pas coutume, l’érotisme se décline en sons avec le dernier épisode introspectif et suave du podcast Désirs. La philosophe et historienne du libertinage Chantal Thomas y explique de sa voix apaisée les vertus sensuelles de la natation. On pique une tête.

Chantal Thomas, ce sont d’abord des essais érudits qui explorent en profondeur les vicissitudes de la pensée libertine (Sade, l’œil de la lettre, Casanova, un voyage libertin, Un air de liberté : variations sur l’esprit du XVIIIe siècle) mais aussi des fictions historiques reconnues (dont le troublant Les adieux à la reine). Au micro du Figaro, la penseuse des sens revient pour le podcast Désirs sur les convictions intimes qui ponctuent son existence, animent son esprit et son corps. Cette ancienne élève du grand Roland Barthes a fait sien « le plaisir du texte » théorisé par l’universitaire. Sans détour elle embrasse sa fameuse phrase, philosophique, presque ésotérique : « le dernier état érotique, c’est de nager« .

Albert Bierstadt, La Baie de San Francisco, 1871-1873. Illustration Wikipédia, Smithsonian American Art Museum

Au gré de l’écoute, Thomas évoque son enfance estivale à Arcachon (ces étés où « il y a une urgence à jouir« ), son initiation au port du bikini et l’impression de libération sexuelle qui a émergé  de ce panorama sableux, fait de fins tissus qui flânent, de canicule qui étouffe et de jambes bronzées. Un paysage synonyme de désirs à la dérive, mais aussi de femmes libres, s’appropriant la nage comme forme d’émancipation par l’effort physique et le plaisir. Sur la plage, la dramaturge goûte aux baisers des garçons, à la chaleur de la brise sur sa nuque, aux dragues insouciantes d’un soir, mais aussi à « cette peur de se noyer dans l’amour« .

Thomas voit en la mer une manière pour les femmes de se délier des diktats que les hommes leur imposent depuis des siècles, la natation permettant la découverte d’une nudité « pour soi, et non pour le regard de l’autre« . A l’instar de l’auteur de Souvenirs de la marée basse, l’on se dit qu’il n’y a pas plus érotique que la nage : le contact de la peau sèche avec l’écume des vagues qui caressent et violentent, les immersions charnelles au sein de la mer, la sensation d’apaisement post-orgasme qui nous saisit face à l’horizon infini de l’océan.

Pierre-August Renoir, La Vague, 1879. Illustration Wikipédia.

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