Quid du Casting Couch à l’heure de #MeToo ?
C’est certainement l’un des gimmicks les plus pastichés de la culture porn : le Casting Couch. Une fille, un canapé, une caméra, des questions insistantes, une conversation qui vrille vite à la galipette. Ce type de séquences a beau fonctionner un max, elle illustre mine de rien l’étroite frontière entre le « oui » et le « non » qui s’insinue encore au sein du monde porno, ses productions, ses images. Motherboard nous raconte ce qu’il en est à l’époque à l’ère #MeToo.
Depuis bien des faps déjà, des studios comme Netvideogirls ou Backroom Casting Couch se jouent d’une forme de mise en scène au ludisme pervers : jouer la carte de l’authenticité documentaire et du semi-amat’ pour nous faire croire que, ouais, ces admirables girls next door soi disant en plein entretien d’embauche sont OK pour se désaper. Un imaginaire façon « promotion canapé » où le mec (le boss) cause, convainc, domine. Ce concept fait forcément grincer des dents dans une époque où la notion de consentement est plus que jamais étudiée.
A travers un captivant article, Vice rappelle l’ancienneté d’un topos vieux comme Hollywood, celui du producteur libidineux abusant d’aspirantes actrices. Une image détournée en gags alors qu’au fond, elle s’appuie sur une réalité tangible. De son apparition en 1937 aux vidéos hardcore de Pierre Woodman soixante ans plus tard, le casting couch inspire un constat des plus crus : « il est le reflet d’une réalité professionnelle à laquelle sont confrontées un grand nombre de femmes, quand les hommes profitent de leur pouvoir ». Au centre de la réflexion, Joanna Angel fustige ce tag aux contours craspecs : « Je me suis rendue compte que moins le casting couch était glamour, plus la vidéo avait de succès […] Ce fantasme s’oppose au glamour que peut exprimer le X, donne avant tout aux fans l’impression d’être dans la même pièce, leur laisse s’identifier au pénis de celui qui filme« . Une identification qui embrasse l’ambiguïté à tout va : confusion entre le faux et le vrai, mais surtout entre l’excitation transgressive et le shooting de ce qui est, par définition, une situation d’abus sexuel.
Tout en questionnant la perduration de ce tag indélicat, Vice constate qu’aujourd’hui, alors que les situations d’harcèlement sont de plus en plus épinglées médiatiquement, le monde du X lui-même subit une révolution. Si à bien y réfléchir le casting couch a toujours fait figure de « behind the scenes » fantasmé de l’industrie pornographique, dévoilant les dessous poisseux du genre (mis en scène, évidemment), la démocratisation de la cam‘, du porno indépendant / éthique ou du (vrai) porno amateur émancipent désormais celles qui, dès lors, n’ont plus à passer par la case « casting » pour espérer investir l’industrie. Le casting couch est dès lors la déformation X d’un vieux monde qui se doit de crever. A l’heure où Backroom Casting Couch fête ses dix ans d’existence, remuer un brin les pieds de ce canapé ne peut pas faire de mal.
Texte d’actualité qui mériterait d’être lié à cette histoire toute fraîche, 11 octobre, d’un gars qui faisait de faux castings d’Evil Angel au Texas. Comme quoi le casting couch est encore un fantasme bien vivant et pas toujours éthique.
https://www.xbiz.com/news/239370/evil-angel-uncovers-casting-scam-fake-scout-allegedly-charged