Ciné Porn #1 – L’histoire de Richard O
J’ai vu mon lot de films pornographiques. Et si certains ont marqué à jamais mon imaginaire sexuel, c’est dans le cinéma traditionnel que je compte mes plus grands émois de spectatrice. Les films ne restent pas toujours dans leur intégralité, mais une scène parfois, une image est venue marquer par sa grâce et son caractère hautement érotique la jeune femme que j’ai été.
L’histoire de Richard O de Damien Odoul je l’ai découvert dans la salle Marbeuf, un espace de projection privé situé juste en bas des Champs Elysées. Une salle d’une trentaine de places qui donne aux spectateurs et spectatrices le sentiment d’être un peu en train de découvrir le film chez eux. Été 2007, je m’installe donc dans la salle sans savoir ce qui m’attend.
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C’est l’histoire de 13 rencontres, lors d’un mois d’août brûlant à Paris. Richard O ne veut pas faire d’enfant à la femme qu’il aime, elle lui rend donc sa liberté. Sur les conseils d’une taromancienne, Richard entreprend alors de se consacrer à toutes les femmes. Accompagné de son ami, « Le Grand », il les filme en train de raconter leurs désirs avant de les rencontrer chez lui ou dans des chambres d’hôtels. Richard devient alors Don Quichotte, dans une quête effrénée de sexe. Avec la complicité de son propre Sancho Panza, il veut comprendre « la femme » et se donne donc à toutes les femmes qui le désirent.
Dans la scène tatouée dans ma mémoire, Richard O rencontre une jeune femme dans un café-restaurant typiquement parisien. Au départ, probablement par jeu, il imite Rocco Siffredi. Très vite, elle est agacée et le conduit dans l’arrière-salle. On entend distinctement « deux plats du jour ! » quand elle lui dit « prends-moi comme une chienne. Dis-moi que je suis une salope. » À côté, les assiettes débarrassées s’entrechoquent. Le duo frénétique se reflète dans le miroir au-dessus des banquettes en skaï. C’est très rapide. Il la baise et puis se branle devant elle. Il ne jouit pas et elle s’en va.
Dans la rue, alors qu’il la suit, elle lève sa jupe et dévoile ses fesses sans culotte. Un ouvrier du bâtiment regarde leur manège. Elle recommence à l’arrêt de bus. Elle porte un marcel blanc sans soutien-gorge, une jupe en jean et des bas en résilles. Elle a une marque de bronzage de maillot de bain. Plus tôt, elle avait dit face caméra : « J’ai envie d’être submergée de sexe » et ce geste qu’elle a eu, cette rencontre furtive avec un inconnu, elle l’a conduite comme elle la voulait dans ses fantasmes. Face à l’écran, devant ces confessions, Richard avait eu l’air impressionné comme si cette liberté de ton, ce désir exprimé, était la plus grande des transgressions. Il l’a pris comme un cadeau. Et en retour, il a donné corps à son fantasme. Les femmes que Richard O rencontre ont cette force-là. En quelques scènes lapidaires, avec quelques mots, quelques gestes, des seins lourds ou un regard triste, elles racontent toute une histoire. Leur désir est complexe. Leurs fantasmes sont réfléchis et nourris par l’expérience. Richard n’est qu’un objet. L’histoire de Richard O c’est qu’il a un jour arrêté d’écrire la sienne pour s’offrir à celles des femmes.
Il ne s’est pas passé un mois d’août à Paris sans que j’aie eu une pensée pour cette liberté. Pour le sexe l’après-midi alors qu’on ne se connait pas assez pour faire autrement que se vouvoyer. Pour les yeux noirs de Mathieu Amalric et sa folle quête. Pour le courage que ces femmes ont et qui les rend toutes belles.
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