Ciné Porn #4 – Demonlover

Parfois les scènes qui imprègnent notre rétine sont découvertes au hasard. J’ai probablement vu Demonlover, film d’espionnage industriel dans le milieu du porno réalisé par Olivier Assayas et sélectionné en compétition au festival de Cannes 2002, à la télévision, sur le câble. Je l’ai vu d’un œil, sans comprendre les tenants et les aboutissants de cette intrigue complexe mais hypnotisée par l’image. Par la beauté froide de Connie Nielsen et la sensualité dévastatrice de Charles Berling.

demonlover

Une scène, en particulier, a fait monter chez moi la température. C’est une scène où il ne se passe rien. Les personnages interprétés par Connie Nielsen et Charles Berling sont à Tokyo, au Japon, pour finaliser un contrat. La réunion s’éternise dans une boîte de nuit. Plus tard, à l’hôtel, Connie Nielsen se fait faire un massage pour oublier La pression des deals qui valent
des millions qui pèse sur les épaules. Elle commence à regarder un porno à la télé et continue de boire seule. Elle rejoint la chambre de son collègue pour discuter affaires.

Quand elle entre dans sa chambre, il est allongé sur le lit et regarde le même porno qui avait retenu son attention. Elle s’assied puis s’allonge sur le lit. Leur discussion s’arrête. Il lui caresse l’épaule et puis la nuque et le visage. Elle retient sa main. Il lui effleure les seins à travers sa robe fluide. Et puis la porte s’ouvre, une autre personne entre en jeu et la magie
est finie. Il ne se sont pas parlé. Ils n’en parleront pas. C’était une parenthèse. Ensuite reprend l’intrigue violente. Mais la tension est grande et reste dans l’air. Demonlover est un film froid, un film dans les tons bleu glacial.

Du cuir noir, des buildings en verre, des taxis, des réunions à n’en plus finir où chacun reste sur la défensive, la loi de l’offre de la demande et puis internet et la torture en quelques clics. Cette scène pourtant, les mains de Charles Berling dont on imagine la chaude et pénétrante caresse, est à l’inverse de tout l’univers qui est planté. Il n’en faudra pas plus. Le plus, sans l’implication, il est partout. Mais ce geste d’une intimité désarmante, ces caresses sensuelles, elles dépassent tout ce que l’entreprise Demonlover propose. Ce peau contre peau et le tissu fin qui glisse, cette promesse lourde qui n’a jamais été tenue… tout cela reste longtemps comme une obsession.

Des dizaines de fois j’ai écrit dans ma tête la suite de cette scène. J’ai senti sur ma peau les mains de Charles Berling, le parfum du scotch dans son haleine et le corps fourbu par le décalage horaire. J’ai imaginé la fuite au petit matin et la douche qui aurait suivi. J’ai imaginé ces caresses durer et la sensation fantôme qu’elles auraient laissées sur mon corps. Il n’a fallu que quelques secondes à Olivier Assayas pour créer ce sentiment, cette frustration, cette envie qui fait pulser le sexe et dépasse largement le cadre du cinéma. Le film est un bijou mais cette scène… elle vit bien au-delà de l’écran.

Les tags de DemonLover d’Olivier Assayas : #charlesberlingshands #japaneseporn #foreplay #bondage #teaseanddenial

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