Ciné Porn #3 – Beauté Volée
« I will show you what this bastard like »*. Quand j’entends cette phrase, je dois avoir 15 ans. Je suis hypnotisée. Dans Beauté volée de Bernardo Bertolucci, Lucy (interprétée par une jeune Liv Tyler) passe l’été dans une résidence d’artistes en Toscane, chez des amis de sa mère décédée. Elle revient sur les traces de ses origines et sur celles de son premier amour. Elle a 19 ans et la perte de sa virginité devient un enjeu pour les habitants. Elle s’en offusque mais s’entend répondre avec beaucoup de délicatesse « Sur cette colline, on ne peut parler que de nous-mêmes » alors elle accepte. Le temps dilué de l’été est consacré à cette étape fragile. Elle doit décider de devenir une femme.
Elle pose pour un sculpteur et sous l’ombre d’un grand arbre dévoile un sein diaphane. À cette apparition, celui qui est amoureux d’elle en secret répond « Une fille qui n’a honte de rien n’est pas séduisante ». Mais il ne la connait pas. Elle-même ne se connait pas encore tout à fait. C’est les crépitements avant les lumières pendant le feu d’artifice. La vie, elle, viendra après.
Plus tard dans le film, Lucy enfile la robe qui appartenait à sa mère et relève ses cheveux en chignon. Elle se rend à une fête dans un château « Il y a toujours une surprise à cette fête, chaque année ». C’est un château en Italie et ça porte déjà son lot de fantasmes. Il y a une fanfare dans le jardin et on boit du champagne. Le soleil se couche. Dans le château, dans un espace où chaque mur est ceint de peintures anciennes, Lucy se met à danser avec un homme sur My baby just cares for me de Nina Simone. Une femme avance un verre de vin à la main et c’est là qu’elle lance « I will show you what this bastard like ». Elle est rieuse, avinée, et se baisse alors en pissant. Quand elle manque de tomber sur le sol, Lucy la retient. On ne la reverra plus.
Je ne sais pas ce que j’ai aimé le plus dans ce film parfait. La beauté de Liv Tyler, la douce langueur de l’Italie en été, le château et la musique, ces scènes qui me mettent toujours dans un été d’ébriété heureuse. J’ai aussi et surtout aimé la sensualité. Le jus qui coule quand on croque dans un fruit mûr, le rire quand on a un geste de rébellion. Et le sexe aussi. Partout, tout le temps. La nuit ou le jour, le film est comme une invitation à la jouissance.
J’étais plus jeune que Lucy quand j’ai vu le film et ça m’a marquée. J’ai eu envie d’être elle. J’ai eu envie d’être toutes les femmes du film. J’ai eu envie d’être le jeune homme amoureux. J’ai eu envie d’être cette femme qui se déshabille dans les fourrés et invite un homme à l’y rejoindre. J’ai eu envie de ces grandes fenêtres toujours ouvertes, de ces tablées animées, de ces siestes l’après-midi et des corps nus au soleil. C’est un film de prémisses et c’est aussi un film de vacances. Quand j’avais 15 ans je voulais être une femme libre. Comme cette femme qui pisse dans le couloir en riant, pendant une fête, dans un palais italien dans le film de Bertolucci.
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*L’erreur de conjugaison est volontaire.
La scène du miroir…