« Porn-Block » : le gouvernement anglais risque 3 millions de dommages et intérêts
Interminable, à l’image des gambettes d’Ava Koxxx, mais beaucoup moins bandant, j’ai nommé le feuilleton Porn-Block. Troisième acte de cette tragédie à l’anglaise : quatre sociétés de software intentent une action en justice contre le gouvernement anglais, au motif que ce dernier a abandonné le projet de contrôle d’accès au porno en ligne fin 2019. Elles auraient perdu des millions dans le développement de systèmes de vérification d’âge. Shocking!
Quelles drama queens, ces Anglais ! À peine ont-ils terminé de nous casser les roustons avec le Brexit qu’ils décident de remettre le couvert avec le Porn-Block, que l’on pensait définitivement disparu dans les limbes juridiques depuis octobre 2019. C’est que l’histoire est sérieuse, et vaut son potentiel pesant de cacahuètes : 3 millions de livres sterling en dommages et intérêts, soit environ 3 538 524 euros et des brouettes (1£ = 1,18 euros, investissez les gars), que le gouvernement anglais pourrait se voir condamné à verser à différentes entreprises informatiques.
Petit retour en arrière pour les fappeurs du fond qui n’auraient rien suivi du dossier. Avril 2017, la Couronne approuve le Digital Economy Act (chronologie des événements antérieurs ici). Le cauchemar commence alors : les sites hébergeant du contenu pornographique doivent se doter d’un système de vérification d’âge. T’as pas 18 ans ? Pas d’branlette, retourne jouer aux Lego. Les plateformes réfractaires s’exposent à voir leur site bloqué, voire à être privées de système de paiement par les organismes bancaires. Le hic, c’est que personne ne sait encore précisément quelle forme va prendre ce contrôle obligatoire.
Plusieurs sociétés proposent alors des solutions concrètes au gouvernement, mais c’est finalement le québécois Mindgeek et son AgeID qui rafle la mise. Oui, oui : un des plus gros diffuseur de porno au monde, celui derrière Pornhub, devait s’occuper de protéger les enfants des vilaines cochonneries du Net. Mais la fête est de courte durée : le gouvernement abandonne finalement son projet en octobre 2019. Ouf de soulagement chez les fappeurs. Chez l’Open Rights Group, aussi, pour qui le projet du gouvernement anglais représentait un réel danger pour la vie privée, vu la quantité d’informations personnelles potentiellement stockées par l’entité chargée de contrôler l’âge des visiteurs – comme les copies de cartes d’identité associées aux préférences en matière de porno de leur propriétaire – et leur vulnérabilité face aux attaques des hackers.
Problème : développer un logiciel de contrôle d’âge, ça coûte une couille. Et investir autant d’argent, pour que finalement le pouvoir en place laisse tomber son projet initial, y’a de quoi vous filer des envies de régime présidentiel au pays de sa Gracieuse Majesté. C’est donc pour cela, qu’en ce beau début d’année 2020, quatre compagnies (AgeChecked Ltd., VeriMe, AVYourself et AVSecure) décidèrent d’attaquer le gouvernement devant la Haute Cour de Justice de Londres en réclamant 3 millions de livres sterling de dommages et intérêts.
Dans les médias anglais, c’est le bal des pleurs. Stuart Lawley, Directeur Général de AVSecure, s’exprimait dans les colonnes du Telegraph : « À cause de ce changement de situation, des personnes ont perdu leur emploi. Cela a coûté des millions à la boîte. » Alastair Graham, fondateur de AgeChecked, a assuré à la BBC que sa solution garantissait à 100% l’anonymat des consommateurs, et que sa société ne stockait aucune donnée personnelle. Bref, chacun y va de son petit couplet pour défendre son honneur. Et récupérer quelques brouzoufs. Ne reste plus qu’à prendre le pop-corn, et à observer l’évolution de la situation dont nous ne manquerons pas de vous informer. Je vous fais cadeau de la conclusion « Wait & see », tellement surfaite.
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